Le cancer de l’anus, ou cancer du canal anal, touche chaque année environ 2 000 personnes en France. C’est donc un cancer peu fréquent, mais le nombre de nouveaux cas est en constante augmentation, en lien avec plusieurs facteurs de risque identifiés par les médecins. Les patients mettent parfois du temps avant de consulter car les symptômes peuvent s’apparenter à ceux des hémorroïdes. Par ailleurs, parler de ses problèmes d’anus n’est pas toujours évident. Aller au-delà des tabous et des idées reçues est essentiel pour bénéficier d’un diagnostic précoce et d’une prise en charge adaptée.
Définition
Sur le plan anatomique, l’anus ou canal anal est la partie terminale du tube digestif. Il prend la forme d’un orifice et permet l’évacuation des selles. L’anus mesure entre 3 et 4 cm, il est situé entre le rectum et la peau de la marge anale.
Qu’est-ce que le cancer de l’anus ?
Il est aussi appelé cancer du canal anal. C’est une tumeur maligne qui prend naissance au niveau de l’anus.
Le cancer de l’anus fait partie des cancers digestifs, dont le plus connu et le plus fréquent est le cancer colorectal.
Le plus souvent, les cancers de l’anus sont des carcinomes, autrement dit, ils se développent dans les tissus épithéliaux. Plus précisément, 95% des cancers de l’anus sont des carcinomes épidermoïdes.
À savoir ! Le cancer de l’anus est un cancer essentiellement localisé, même si une extension vers des ganglions ou d’autres organes sous forme de métastases (notamment le foie, le poumon et l’os) est également possible.
Qui est concerné ?
Le cancer de l’anus touche environ 2 000 personnes chaque année en France. Il est rare et représente 2,5% des cancers digestifs.
Le cancer de l’anus touche davantage les femmes que les hommes.
À savoir ! L’âge moyen de survenue est de 65 ans.
Quels sont les symptômes ?
Les signes cliniques liés au cancer de l’anus sont essentiellement localisés au niveau de l’anus :
- Saignements ;
- Douleurs ;
- Démangeaisons ;
- Sensations de gêne ou de pesanteur ;
- Présence d’une lésion anale ;
- Modification du transit ;
- Incontinence anale ;
Les signes cliniques liés au cancer de l’anus ne sont pas spécifiques. Autrement dit, ce sont des symptômes que l’on peut également retrouver dans d’autres maladies de l’anus, et en particulier dans des maladies courantes et bénignes comme les hémorroïdes. C’est pourquoi il est important d’aller consulter un médecin lorsque les symptômes surviennent pour la première fois, mais aussi lorsqu’ils reviennent souvent ou sont présents de façon prolongée.
Facteurs de risque du cancer de l’anus
Divers facteurs comportementaux ou médicaux favorisent le développement du cancer de l’anus et permettent d’identifier des populations à risque voire à très haut risque de ce cancer. Un dépistage adapté et régulièrement répété peut être proposé aux personnes les plus à risque afin de rapidement détecter et prendre en charge un cancer de l’anus.
Les infections par les papillomavirus humains
Comme pour le cancer du col de l’utérus, le cancer de l’anus est fortement lié à des infections par des papillomavirus humains (HPV). En effet, les HPV de type 16 et 18 sont présents dans 90% des tumeurs de l’anus. D’ailleurs, les HPV de type 16 et 18 sont les principaux HPV qualifiés d’oncogènes par les scientifiques.
Les personnes ayant des antécédents de condylomes ou de lésions dysplasiques (précancéreuses) anales ou génitales dues à des HPV, ainsi que les personnes ayant des antécédents de cancer génital ou ORL dû à des HPV, sont à risque de cancer de l’anus.
Le virus VIH
Les personnes vivant avec le VIH (virus de l’immunodéficience humaine) sont plus à risque de développer un cancer de l’anus. En effet, le virus VIH contribue d’une part à l’immunodépression et d’autre part à la persistance des virus HPV.
À savoir ! Le fait d’avoir une ou plusieurs infections sexuellement transmissibles (IST), qu’il s’agisse ou non du VIH, est généralement considéré comme un facteur de risque.
Les pratiques sexuelles
Les personnes ayant des relations sexuelles anales, ainsi que les personnes ayant des partenaires sexuels nombreux et multiples sont à risque de cancer de l’anus.
Les autres facteurs de risque
Les autres facteurs de risque sont :
- L’âge ;
- Le tabagisme ;
- La transplantation d’organe solide ;
- L’immunodépression acquise ou induite ;
- Les maladies auto-immunes comme le lupus ;
- La maladie de Crohn notamment les formes présentant des lésions anales associées.
Diagnostic et traitements
La prise en charge du patient atteint d’un cancer de l’anus est pluridisciplinaire. Le médecin spécialiste de l’anus s’appelle un proctologue, mais d’autres médecins interviennent également : gastro-entérologue, oncologue, radiothérapeute, chirurgien, anatomo-pathologiste, etc.
Comment se fait le diagnostic du cancer de l’anus ?
Devant un ou plusieurs signes cliniques présents au niveau de l’anus, le médecin effectue un examen clinique et proctologique, qui comprend un toucher rectal et une anuscopie à l’aide d’un petit spéculum.
Ensuite, est pratiquée une biopsie qui est l’examen indispensable pour poser avec certitude le diagnostic.
À savoir ! D’autres examens sont effectués au cas par cas dans le cadre du bilan d’extension locorégional et général. En effet, les médecins prenant en charge le cancer du l’anus doivent connaître le degré d’extension du cancer pour adapter la stratégie thérapeutique.
Comment traiter le cancer de l’anus ?
Contrairement à d’autres, le traitement du cancer de l’anus repose essentiellement sur la radiothérapie.
Une chimiothérapie concomitante est très couramment associée à la radiothérapie.
Une chirurgie peut être réalisée dans certains cas.
À savoir ! Le but du traitement du cancer de l’anus est non seulement de guérir mais également de conserver l’anus. Dans certains cas, cela n’est pas possible et la personne doit apprendre à vivre avec une stomie digestive.
La prévention du cancer de l’anus
Etant fortement associé aux virus HPV, la prévention de ce cancer passe par la vaccination anti-HPV. D’après les recommandations des autorités sanitaires françaises récemment actualisées, celle-ci concerne aussi bien les filles que les garçons, à partir de 11 ans. En parallèle, les femmes entre 25 et 65 ans sont invitées à réaliser régulièrement des frottis, qu’elles soient vaccinées ou non.
Le port du préservatif est indispensable pour limiter la transmission des IST. Cependant, il ne permet pas d’empêcher la transmission des virus HPV car ceux-ci peuvent se donner par simple contact cutané, avec ou sans pénétration.
Parmi les autres facteurs de risque du cancer de l’anus sur lesquels il est possible d’agir, il y a bien entendu le tabagisme. Arrêter de fumer participe à la bonne santé générale et à la prévention des cancers.
Rédigé par Florence D.-L., Docteur en pharmacie
– Société Nationale Française de Gastro-Entérologie. www.snfge.org. Consulté le 8 mai 2023