Un vaccin contre la maladie de Lyme, ciblant le microbiote de la tique

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Rédigé par Estelle B. et publié le 29 août 2023

Ces dernières années, entre 41 et 104 cas de maladie de Lyme pour 100 000 habitants ont été recensés annuellement en France, avec d’importantes disparités annuelles et régionales. L’INRAE, l’ANSES et l’école nationale vétérinaire ont récemment développé un vaccin innovant, capable de diminuer l’infection par les bactéries Borrelia en cas de piqûre de tique.

Vaccin maladie de lyme

Tique, Borrelia et maladie de Lyme

Chaque année, les piqûres de tiques se multiplient du printemps à l’automne notamment dans les campagnes et les zones montagneuses, fréquentées par les randonneurs et les campeurs. Au-delà de la gêne provoquée et des symptômes souvent mineurs provoqués par la piqûre de tique, le principal risque est la transmission de bactéries du genre Borrelia, responsables notamment de la maladie de Lyme. Si la maladie de Lyme n’est pas la seule maladie transmise par les tiques, elle est sans aucun doute la plus connue. Huit Français sur 10 en ont déjà entendu parler.

La maladie de Lyme peut se manifester de plusieurs manières :

  • Une forme localisée précoce, l’érythème migrant: une plaque rouge inflammatoire apparaît autour du point de la piqûre puis s’étend progressivement, sans démangeaisons, ni fièvre. L’apparition de cet érythème nécessite de consulter un médecin pour mettre en place un traitement antibiotique de l’infection.
  • Les formes précoces disséminées: des érythèmes migrants apparaissent au niveau de la zone de piqûre mais aussi à d’autres endroits du corps. D’autres symptômes peuvent être présents, comme la fièvre, des maux de tête, une fatigue, des douleurs musculaires ou articulaires. A nouveau, un avis médical et un traitement antibiotique sont nécessaires.
  • Des formes précoces variables au cours des 6 mois suivant la piqûre: des arthrites, des lésions cutanées, une atteinte neurologique, une atteinte cardiaque, une atteinte ophtalmologique. Souvent plus difficiles à relier avec la piqûre de tique, le diagnostic peut être plus complexe.
  • Des formes tardives si aucun antibiotique n’a été administré pendant les phases précoces de l’infection. Ces formes apparaissent au moins 6 mois après la piqûre et évoluent dans le temps, avec des troubles cutanés, neurologiques, articulaires, cardiaques, ophtalmologiques ou cognitifs. Le diagnostic est souvent difficile à poser, mais un traitement antibiotique reste nécessaire.

Un vaccin ciblant le microbiote de la tique

Face à cette borréliose, et même si les traitements antibiotiques adaptés permettent généralement la guérison, les chercheurs tentent de développer un vaccin pour protéger de l’infection au moment de la piqûre de tique. Récemment, des chercheurs de l’INRAE, de l’ANSES et de l’école nationale vétérinaire d’Alfort ont développé un vaccin innovant, ciblant le microbiote des tiques, dans lequel se trouvent les bactéries Borrelia responsables de la maladie de Lyme.

Ce vaccin vient perturber le microbiote de la tique pour protéger de manière indirecte contre la maladie de Lyme. Dans leurs études, les chercheurs ont injecté une bactérie non pathogène à des souris. Dans l’organisme de la souris, cette bactérie entraîne la production d’anticorps. Si la souris est ensuite piquée par une tique, les anticorps interagissent avec le microbiote de la tique et le modifient. Cette vaccination des souris révèle que les souris vaccinées portent moins de bactéries Borrelia que les souris non vaccinées.

Le microbiote, une cible intéressante pour d’autres maladies vectorielles ?

La méthode de vaccination développée ici est indirecte puisque le vaccin limite la contamination par les bactéries Borrelia, mais ne bloque pas le développement de la maladie de Lyme. Ce vaccin innovant n’offre donc pas une protection complète des souris contre la maladie de Lyme, mais réduit le taux de colonisation bactérienne. Ces travaux confirment l’importance clé du microbiote de la tique dans le développement de Borrelia chez la tique, puis dans la transmission de Borrelia à l’homme lors de la piqûre. Ils offrent aussi pour la première fois une possibilité de se prémunir, au moins partiellement contre la maladie de Lyme et ses conséquences.

Pour les chercheurs, la mise au point d’un premier vaccin ciblant le microbiote ouvre de nouvelles perspectives. En effet, d’autres maladies vectorielles sont transmises par piqûre ou morsure, comme le paludisme ou la dengue. Décrypter le rôle du microbiote, dans lequel vivent les bactéries, les virus ou les parasites, et modifier le microbiote pour réduire le risque de transmission des agents pathogènes à l’homme pourraient être des approches intéressantes dans la lutte mondiale contre les maladies vectorielles.

Publié le 4 août 2020 par Suzanne L., Pharmacienne & Rédactrice scientifique. Mis à jour par Estelle B., Docteur en Pharmacie le 29 août 2023.

Sources
– Maladie de Lyme : une piste vaccinale innovante pour diminuer la dangerosité des tiques. www.inrae.fr. Consulté le 8 août 2023.
– Wu-Chuang A., Mateos-Hernandez L., Maitre A. et al. microbiomejournal.biomedcentral.com. Consulté le 8 août 2023.
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