Pourquoi les enfants semblent-ils moins touchés par la COVID-19 que les adultes ? Un facteur particulier pourrait-il les protéger de la maladie ? En tentant de répondre à ces questions, les chercheurs ont récemment pointé du doigt la vaccination ROR (Rougeole – Oreillons – Rubéole). Explications.
COVID-19 et vaccinations chez le petit enfant
Depuis le début de la pandémie de COVID-19, les scientifiques s’interrogent sur la faible proportion d’enfants présentant des formes symptomatiques et sévères de l’infection. Pour tenter de comprendre cette observation, les chercheurs ont émis l’hypothèse que les vaccinations de la petite enfance pourraient protéger les enfants face au virus SARS-CoV-2. Alors que certaines équipes de recherche se penchent sur le rôle du vaccin BCG (contre la tuberculose), des chercheurs britanniques ont étudié le rôle du vaccin ROR.
Le vaccin ROR est obligatoire chez tous les nourrissons nés depuis le 1er janvier 2018 et protège de trois infections virales potentiellement graves :
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Trois arguments appuient l’hypothèse d’un effet protecteur du vaccin
Les chercheurs ont pu mettre en évidence trois arguments qui appuieraient l’hypothèse d’un rôle protecteur du vaccin ROR face à la COVID-19 :
- Les virus de la rougeole, des oreillons et de la rubéole présenteraient des séquences génomiques proches de celles du SARS-CoV-2 ;
- Les personnes âgées et les hommes ont un risque accru de mortalité face à la COVID-19 et sont également moins souvent immunisés contre la rubéole ;
- Les patients positifs à la COVID-19 présentent des taux d’anticorps contre le virus de la rubéole correspondant à une seconde infection par le virus.
Les homologies de séquences génomiques entre les virus de la rougeole, des oreillons et de la rubéole et du SARS-CoV-2 identifiées par les chercheurs pourraient protéger les enfants contre l’apparition d’une forme grave de la COVID-19, grâce au déclenchement d’une réaction immunitaire croisée.
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Un rôle protecteur contre les formes sévères de la COVID-19
Le second argument émane directement des données des études épidémiologiques. En effet, les chercheurs observent une certaine corrélation entre la couverture vaccinale ROR et le profil des patients atteints par la COVID-19. En analysant les données italiennes, espagnoles et allemandes, le profil des patients les plus sévèrement touchés (âge élevé, sexe masculin) coïncide avec la catégorie de population la moins immunisée contre la rubéole. En effet, avant le développement d’un vaccin combiné ROR, seules les jeunes filles étaient vaccinées contre la rubéole.
Enfin, en analysant le sérum de patients britanniques hospitalisés pour des formes sévères de la COVID-19, les chercheurs ont observé des taux supérieurs d’anticorps dirigés contre la rubéole, par rapport à ceux observés chez des patients présentant des formes modérées de la maladie. En se basant sur ces trois arguments, les scientifiques estiment que le vaccin ROR ne permettrait pas de prévenir le risque d’infection par le SARS-CoV-2 chez l’enfant. En revanche, il pourrait réduire le risque de développer des formes sévères ou gravissimes de la Covid-19.
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Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Homologous protein domains in SARS-CoV-2 and measles, mumps and rubella viruses: preliminary evidence that MMR vaccine might provide protection against COVID-19 medrxiv. Consulté le 30 mai 2020.