Les infections : une cause de cancers à ne pas négliger

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Rédigé par Estelle B. et publié le 3 août 2018

Les causes des cancers sont multiples. Si certaines causes sont totalement imprévisibles, d’autres peuvent faire l’objet de stratégies de prévention appropriées, pour tenter de réduire l’incidence des cancers. Le dernier Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire du mois de juin 2018 met en avant le lien entre les infections et la survenue de cancer. Une origine loin d’être négligeable !

cellules cancéreuses

Infections : la cinquième cause de cancer

Les cancers peuvent avoir de multiples causes. Si le regard se porte souvent sur les causes liées au mode de vie ou à différents facteurs environnementaux, peu d’intérêt est généralement accordé au rôle des infections dans le développement de certains cancers. Pourtant, selon des données publiées dans le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire du 26 juin 2018, les infections arrivent en 5ème position sur la liste des facteurs de risque de cancer (derrière le tabac, l’alcool, l’alimentation et le surpoids/obésité).

Le rôle des infections dans le développement de certains cancers est d’autant plus important que dans la moitié des cas, ces infections peuvent être prévenues grâce à un vaccin. La vaccination permettrait donc d’éviter un certain nombre de cas de cancers. A ce titre, les infections pourraient être considérées, au moins partiellement, comme des causes évitables de cancer.

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Le Papillomavirus humain et le cancer du col de l’utérus

Deux cas de figure illustrent à eux seuls le lien entre les infections et les cancers :

En 2015, les données épidémiologiques révèlent que l’infection par le Papillomavirus humain serait responsable de 6 300 cancers (1 800 chez l’homme et 4 500 chez la femme). Face aux souches les plus virulentes de ce virus, un vaccin existe et est recommandé depuis 2007, chez toutes les jeunes filles avant le premier rapport sexuel. Cependant, la couverture vaccinale des jeunes filles reste encore faible en France, puisqu’elle était en 2015 inférieure à 15 % chez les jeunes filles de 16 ans.

À savoir ! Chez les femmes, les infections par le Papillomavirus humain sont associées avec un risque de cancer du col de l’utérus. Chez les hommes, cette infection peut entraîner un cancer de la bouche ou de la gorge, mais aussi un cancer de l’anus ou du pénis.

Une amélioration de la couverture vaccinale, voire l’élargissement des recommandations vaccinales aux jeunes garçons (comme c’est le cas dans certains pays), pourrait permettre de réduire le nombre de cancers liés aux infections sexuellement transmissibles.

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L’hépatite B et le cancer hépatique

Par ailleurs, l’hépatite B, d’origine virale, a été mise en cause en 2015 dans environ 700 cancers du foie. Là encore, un vaccin efficace existe contre le virus de l’hépatite B. En 2004, la couverture vaccinale des enfants ne s’élevait qu’à 25 %. Depuis, ce chiffre ne cesse d’augmenter suite aux différentes recommandations vaccinales incluant notamment :

  • La vaccination des nourrissons dès l’âge de 2 mois ;
  • La commercialisation de vaccins combinés avec les vaccinations obligatoires contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite.

La couverture vaccinale contre l’hépatite B devrait encore s’accroître dans les années qui viennent, puisque l’hépatite B figure désormais dans les 11 vaccinations obligatoires chez tous les enfants nés à partir du 1er janvier 2018. Une telle mesure devrait permettre une réduction notable des cas de cancers du foie liés à l’hépatite B (les cancers du foie peuvent avoir d’autres causes que l’hépatite B).

De telles données épidémiologiques confirment l’importance des infections dans le développement de certaines formes de cancers. Ces infections sont le plus souvent évitables par des vaccins efficaces, qui protègent contre une cause probable de cancer. Ces messages doivent être relayés auprès du grand public par les campagnes de prévention, mais aussi par les professionnels de santé. Pour qu’une infection évitable n’aboutisse pas à un cancer !

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Estelle B. / Docteur en Pharmacie

– NOMBRE ET FRACTIONS DE CANCERS ATTRIBUABLES AU MODE DE VIE ET À L’ENVIRONNEMENT EN FRANCE MÉTROPOLITAINE EN 2015 : RÉSULTATS PRINCIPAUX. Marant-Micallef, Claire and al. Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire. 26 juin 2018.
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