Vins, bières, spiritueux, chacun son effet sur l’humeur

Actualités Santé au quotidien (maux quotidiens)

Rédigé par Estelle B. et publié le 22 décembre 2017

Les effets de l’alcool sur l’humeur sont bien connus et certains d’entre eux sont parfois même recherchés par les consommateurs d’alcool. Mais ces effets varient-ils selon le type d’alcool consommé ? Une récente enquête internationale, dont les résultats ont été publiés dans la revue scientifique BMJ Open, suggère que le choix des boissons alcoolisées serait étroitement lié aux effets sur l’humeur recherchés.

type d'alcool effet humeur

Alcool et humeur

L’alcool exerce différents effets bien connus sur l’humeur, variables selon les personnes et selon la dose d’alcool absorbée :

  • Une excitation intellectuelle et psychique ;
  • Une euphorie ;
  • Une impression d’aisance, de grandeur et de toute puissance ;
  • Une facilité de contact ;
  • Une levée d’inhibition ;
  • Une irritabilité voire une agressivité ;
  • Une incohérence des propos ;
  • Une instabilité émotionnelle (passer du rire aux larmes en un instant) ;
  • Une détresse pouvant entraîner un risque suicidaire.

Certains des effets positifs sur l’humeur sont parfois clairement recherchés par les consommateurs d’alcool. Ces effets sont-ils différents selon le type d’alcool consommé ? Des chercheurs gallois se sont récemment penchés sur cette question et ont mené une vaste enquête internationale sur ce sujet.

Lire aussiAlcool : 8000 nouveau-nés victimes chaque année en France

Des effets variables selon le type d’alcool

Cette étude a rassemblé 29 386 participants, âgés de 18 à 34 ans, qui ont répondu à l’enquête Global Drug Survey menée en 2016. Ils ont rempli un questionnaire en ligne sur leur consommation de boissons alcoolisées et les émotions ressenties pour chaque type de boisson consommé.

À savoir ! La Global Drug Survey est la plus vaste enquête internationale sur les habitudes de consommation d’alcool et de drogues chez les personnes de plus de 16 ans. Elle est effectuée chaque année grâce à des auto-questionnaires disponibles en ligne dans 50 pays et en 11 langues. Pour en savoir plus : globaldrugsurvey.com 

Les résultats de l’étude montrent que les différentes boissons alcoolisées ne sont pas consommées pour les mêmes raisons et n’entraînent pas les mêmes effets négatifs. Les spiritueux procureraient davantage d’émotions positives que d’autres alcools comme le vin ou la bière. Ainsi, la consommation d’alcool fort est associée à :

  • Un regain d’énergie pour 58,4 % des participants ;
  • Une meilleure confiance en soi pour 59,1 % ;
  • Une sensation d’être plus sexy pour 42,4 %.

Mais les alcools forts sont également ceux qui provoquent le plus d’effets négatifs :

  • Un sentiment de malaise pour 47,8 % des participants ;
  • Une agressivité pour 29,8 %.

Près de la moitié des participants se déclarent plus détendus après avoir bu du vin ou de la bière, mais 60,1 % se sentent aussi plus fatigués après avoir consommé du vin.

Lire aussiUn ou deux verres… Mais pas plus ! Les limites de la consommation d’alcool

Pas tous égaux face à l’alcool

Tous les participants ne ressentent pas les mêmes effets après la consommation de diverses boissons alcoolisées. Les femmes et les jeunes (18-24 ans) sont ceux qui éprouvent le plus d’effets, hormis l’agressivité et la fatigue (uniquement pour les jeunes).

La dépendance à l’alcool est également un critère important. Les personnes dépendantes s’avèrent ainsi 5 fois plus susceptibles de se sentir stimulées par l’alcool que les buveurs occasionnels, mais elles ressentent également 6 fois plus souvent de l’agressivité.

Cette étude pointe du doigt la relation complexe entre le choix des boissons alcoolisées et les émotions positives recherchées. Les messages publicitaires des industriels de l’alcool vont d’ailleurs dans ce sens, mais omettent de mentionner les effets négatifs possibles. Les chercheurs soulignent l’intérêt de mieux comprendre les raisons profondes qui orientent le choix d’une boisson alcoolisée par rapport à une autre en fonction de plusieurs critères :

  • Le contexte (soirée, fête, …) ;
  • L’humeur avant de consommer de l’alcool;
  • La quantité d’alcool consommée ;
  • L’impact des publicités sur l’alcool.

Ces résultats suggèrent que les messages de santé publique pourraient davantage cibler les différents types d’alcool, en particulier le lien fort entre les spiritueux et l’agressivité.

Lire aussiL’alcool : première cause d’hospitalisation en France

Estelle B., Docteur en Pharmacie

– Do emotions related to alcohol consumption differ by alcohol type? An international cross-sectional survey of emotions associated with alcohol consumption and influence on drink choice in different settings. Ashton, Kathryn and al. 2017. BMJ Open 7:e016089. doi:10.1136/bmjopen-2017-016089.