Zoom sur un nouveau virus ennemi des tomates et des poivrons

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Rédigé par Deborah L. et publié le 20 février 2020

Cultiver son potager, un loisir en apparence inoffensif pour de nombreux français. C’est sans compter l’arrivée sur notre territoire d’un nouveau virus qui menace la culture des tomates, piments et poivrons. Surnommé le Tomato Brown Rugose Fruit Virus (ToBRFV), ce virus particulièrement dangereux pour les plantes qui y sont sensibles, ne fait à ce jour l’objet d’aucun traitement.

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Un virus ennemi des plants de tomates et de poivrons

Le Tomato Brown Rugose Fruit Virus (ToBRFV) est un virus qui affecte les productions de tomates, de piments et de poivrons. Sans danger pour l’homme, ce virus peut se transmettre par les semences, les plants et les fruits infectés ou bien par simple contact.

À savoir ! Le ToBRFV peut pénétrer dans la plante à travers des microblessures provoquées par un contact avec tout support porteur du virus : plantes, mains, outils de travail, vêtements de manipulateur etc… Une fois dans la plante, la propagation se fait de cellule en cellule jusqu’à atteindre la plante entière.

Très redoutable, ce virus peut infecter jusqu’à 100% des plantes sur un site de production et les dégâts observés sur des productions de tomates sous serre sont nombreux :

  • symptômes sur les feuilles (mosaïques et marbrures)
  • maturation irrégulière des fruits entraînant des décolorations avec des tâches jaunes ou brunes
  • déformations et aspect rugueux en surface rendant les fruits inaptes à la commercialisation

Mais ce ne sont pas seulement les cultures sous serre qui sont touchées. Il faut savoir que toutes les cultures de tomates peuvent être impactées qu’il s’agisse d’agriculture conventionnelle, biologique ou cultures en plein champ.

A ce jour, aucune variété de tomate n’a encore développé de résistance contre le ToBRFV qui peut survivre longtemps sans perdre son pouvoir infectieux grâce à sa grande stabilité. Ceci est d’autant plus problématique qu’aucun moyen de lutte chimique, génétique ou de bio-contrôle n’a encore été mis au point contre ce virus.

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Un virus émergent et planétaire

C’est en 2014 en Israël que le Tomato Brown Rugose Fruit Virus (ToBRFV) a été identifié pour la 1ère fois.  Depuis 2018, les signalements se sont multipliés en Europe et sur tous les continents. En 2019, des mesures d’urgence ont été adoptées par l’Europe  contre ce virus qui a été éradiqué en Allemagne ainsi qu’aux Etats-Unis.

Dans ce contexte, l’Anses a mené une évaluation du risque pour la France métropolitaine.  Grand producteur de tomates, notre pays risque en effet de subir des conséquences économiques importantes dans les filières de production et les productions familiales toutes aussi importantes.

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Les recommandations de l’Anses face à ce nouveau virus

Suite à cette évaluation, les conclusions des experts de l’Anses confirment le risque élevé d’introduction, de dissémination et d’impact du ToBRFV  pour les cultures françaises avec :

  • Un risque d’entrée via le marché des semences achetées par les particuliers sur internet.
  • Un risque de transfert du virus des fruits importés vers les cultures (surtout pour les productions familiales).

L’Anses émet donc les recommandations suivantes :

  • Information des particuliers sur ce nouveau risque
  • Respect des mesures d’urgence relatives aux semences et plants destinés à la plantation pour éviter l’entrée du ToBRFV
  • Importations de fruits à partir de sites de production déclarés exempts de ToBRFV

Par ailleurs, l’Agence préconise des mesures particulières pour augmenter les chances d’éradication du ToBRFV en cas d’introduction et de dissémination en France :

  • Mise en place d’un plan national pour garantir une surveillance structurée et une détection précoce du ToBRFV
  • Arrachage des plantes située dans l’unité de production contaminée et destruction par le feu après autorisation réglementaire
  • Mesures de prophylaxie sévères

L’Anses insiste sur le fait que l’objectif d’éradication de ce nouveau virus ne pourra être atteint qu’au moyen d’une communication efficace auprès des professionnels du secteur et des amateurs. Il apparait donc indispensable de signaler au plus vite la présence du virus dans les aires de production.

Vu le caractère hautement nuisible de ce virus nouveau et émergent, l’Anses souligne la nécessité de mener des études scientifiques afin d’évaluer le taux de transmission par les semences et l’efficacité des traitements de ces semences. Ces travaux scientifiques pourraient peut-être même à terme permettre de fabriquer des variétés résistantes dans une stratégie de lutte durable contre ce virus ?

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Déborah L., Docteur en Pharmacie

– L’Anses met en garde contre un virus émergent qui affecte les plantes potagères.ANSES. Consulté le 3 février 2020.
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