Zéro alcool pendant la grossesse ! Ce message est largement diffusé aux femmes enceintes. Pourtant, le nombre de femmes enceintes qui continuent à consommer de l’alcool pendant la grossesse est loin d’être négligeable. Dans un récent numéro du Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, des chercheurs dressent un état des lieux de la perception des Français des messages sur le zéro alcool pendant la grossesse.
Alcool et grossesse
La consommation d’alcool pendant la grossesse, même de très faibles quantités, peut avoir de graves conséquences pour la santé de la mère et de l’enfant, allant jusqu’au syndrome d’alcoolisation fœtale. D’après les études menées par les scientifiques, il n’existe pas de quantités d’alcool sans risques pendant la grossesse, ni de période de la grossesse où une consommation d’alcool serait sans risque. Le zéro alcool pendant la grossesse est donc la règle à respecter strictement pendant toute la grossesse pour préserver la santé de la mère et de l’enfant. De plus, les recommandations préconisent par précaution de s’abstenir de consommer de l’alcool dès le début du projet de grossesse, et pendant toute la période de l’allaitement.
Il est difficile de recueillir des chiffres précis sur les niveaux de consommation d’alcool pendant la grossesse chez les femmes françaises et sur le nombre d’enfants impactés par la consommation d’alcool de leur mère pendant la grossesse. En 2017, dans une étude, 5 % des mères d’enfants âgés de moins de 5 ans déclaraient avoir consommé de l’alcool pendant la grossesse, même de manière occasionnelle. En 2021, l’enquête nationale périnatale estimait ce chiffre à 3 %. Des femmes enceintes continuent donc de boire de l’alcool pendant la grossesse, malgré les campagnes d’information sur le zéro alcool pendant la grossesse.
La moitié des Français savent que l’alcool est à risque dès le premier verre
Pour en savoir plus sur les comportements des femmes enceintes vis-à-vis de l’alcool et sur la perception des messages de santé publique, des chercheurs ont décrit l’évolution des connaissances et des perceptions des Français entre 2004 et 2020. Ils ont mené une enquête téléphonique en 2004, 2007, 2015 et 2020 auprès d’un échantillon représentatif de 1 000 personnes, âgées d’au moins 15 ans.
Le premier résultat fait apparaître que les Français connaissent bien le message « zéro alcool pendant la grossesse ». En témoigne le chiffre de 2020, où 91 % des personnes interrogées, hommes comme femmes, estimaient qu’il ne faut pas boire du tout d’alcool pendant la grossesse. Les campagnes d’information ont porté leurs fruits, puisque ce chiffre n’était que de 81 % en 2004. Autre résultat intéressant, près de la moitié des Français ont conscience qu’il existe un risque pour la santé, dès le premier verre d’alcool. Ce chiffre n’était que de 24 % en 2004. Parallèlement, la proportion de Français qui pense qu’un verre pour les grandes occasions ne comporte pas de risque a baissé de moitié entre 2004 et 2020.
Renforcer l’affichage du pictogramme « zéro alcool pendant la grossesse »
Si les chiffres ont globalement progressé dans le bon sens entre 2004 et 2020, il reste encore plus de la moitié des Français, hommes comme femmes, qui ignorent que la consommation d’alcool pendant la grossesse comporte des risques pour le bébé dès le premier verre. Les femmes semblent toujours mieux informées que les hommes, même si l’écart semble se réduire d’année en année. Quelques différences socio-démographiques ont été observées par les chercheurs :
- L’âge : les 35-49 ans semblent les mieux informés sur les risques liés à l’alcool pendant la grossesse ;
- Le statut marital ;
- Le niveau socio-éducatif.
Pour les femmes, les sources d’information principales sont leur entourage, puis les professionnels de santé et les médias. En 2020, 63 % des personnes interrogées savaient qu’un pictogramme « zéro alcool pendant la grossesse » est présent sur toutes les bouteilles d’alcool. Un message approuvé par plus de 9 personnes sur 10. 82 % des personnes interrogées suggéraient même de rendre plus visible ce pictogramme pour renforcer le message ! La communication sur les risques liés à l’alcool pendant la grossesse a permis une amélioration des comportements et une meilleure connaissance des risques, mais l’information et la sensibilisation restent nécessaires, en particulier pour les consommations occasionnelles.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
