En causant le décès de 500 000 personnes chaque année dans le monde, les acides gras trans industriels contenus dans l’alimentation ne cessent de montrer leur niveau de nuisance sur la santé humaine. Face à cet enjeu de santé publique, la plus grande instance de santé, l’OMS, appelle les gouvernements à éliminer ce type d’acides gras (AG) de leurs produits alimentaires dès 2023. Focus sur cette campagne internationale lancée le 14 mai dernier.
Quelques précisions sur les acides gras trans industriels
Les acides gras trans industriels sont retrouvés naturellement dans le lait et la viande des bovins et brebis mais surtout sous forme artificielle dans les huiles partiellement hydrogénées.
À savoir ! Les acides gras insaturés existent soit sous la forme cis soit sous la forme trans selon la position des atomes d’hydrogène attachés aux atomes de carbone joints par des double liaisons. Si les atomes d’hydrogène sont du même côté de la chaîne carbonée, nous sommes en position cis. A contrario si les atomes d’hydrogènes sont de part et d’autre de la chaîne carbonée, nous sommes en position trans.
Ces huiles, largement développées pendant les années 1950 dans l’industrie agroalimentaire pour se substituer au beurre, permettent de rendre la matière grasse solide à température ambiante facilitant ainsi leur stockage et réduisant leur vitesse de dégradation par oxydation.
Ces acides gras trans industriels sont largement utilisés pour leurs propriétés conservatrices et stabilisatrices dans les aliments industriels comme :
- La margarine ;
- Les viennoiseries et tous les produits de panification industrielle (les pizzas, les quiches)
- Les soupes déshydratées ;
- Les aliments frits, les encas salés, les plats cuisinés ;
- Les gâteaux et les barres chocolatées.
Dès les années 1970, soit 20 ans après leur mise sur le marché, les acides gras trans industriels ont commencé à être pointés du doigt par la communauté scientifique compte tenu de leur implication dans le risque de survenue d’hypercholestérolémie.
En effet, les chercheurs avaient montré que les acides gras trans industriels augmentaient le taux de LDL-cholestérol (mauvais cholestérol) tout en réduisant celui du de HDL-cholestérol (bon cholestérol).
Selon l’OMS, les régimes à teneur élevée en acides gras trans industriels augmentent le risque de :
- Pathologies cardiovasculaires (comme l’hypertension artérielle) de 21% ;
- Décès de 28 %.
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Le planning de l’OMS pour éliminer les AG trans de l’industrie agroalimentaire
L’OMS recommande que le total des apports en AG trans, dans tous les pays du monde, soit limité désormais à moins de 1 % des apports énergétiques totaux (AET).
Cette proportion est équivalente à moins de 2 grammes par jour.
Pour atteindre cet objectif, l’OMS recommande de remplacer les acides gras trans par d’autres huiles ou graisses plus saines pour diminuer le risque de cardiopathie mais également le risque de survenue de maladies inflammatoires.
La stratégie de l’OMS, nommée « REPLACE », est divisée en 6 étapes et consiste à :
- Examiner les sources alimentaires d’acides gras trans et les changements de politiques nécessaires ;
- Promouvoir leur remplacement par des huiles et des graisses plus saines ;
- Adopter des lois pour les éliminer des produits industriels ;
- Evaluer et suivre leur teneur dans l’alimentation ;
- Sensibiliser les décideurs, les producteurs, les fournisseurs et le grand public aux conséquences sanitaires des acides gras trans ;
- Veiller à l’application des politiques et des réglementations.
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Vers une réglementation européenne
Une étude de l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) avait montré, en 2005 sur des données datant de 1998-1999, que la consommation des français en AG trans industriels atteignait, en moyenne, 1,3% des AET.
A l’époque, l’Anses avait fixé un seuil de consommation à moins de 2% des AET.
Les plus gros consommateurs étaient les adolescents de 12 à 14 ans qui absorbaient près de 8 g/jour d’AG trans industriels et dépassaient le seuil correspondant à un risque accru de maladies cardio-vasculaires.
Chez les adultes, seulement 5% de la population avaient une consommation atteignant la limite maximale de 2% des AET.
En 2016, dans un communiqué, l’Anses encourageait les efforts de réduction de l’utilisation de ces AG trans dans l’agroalimentaire tout en soulignant la nécessité de développer d’autres moyens technologiques pour obtenir propriétés techno-fonctionnelles comparables.
Actuellement, à l’échelle de l’Europe, le dossier des AG trans industriel devient consensuel : il est actuellement examiné pour limiter leur teneur dans les denrées alimentaires.
D’ici octobre 2018, une limite européenne légale de la teneur en AG trans industriel dans tous les aliments sera mise en place.
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Julie P., Journaliste scientifique
– Les acides gras trans. ANSES. Consulté le 22 mai 2018.
– Plan de l’OMS pour éliminer de l’alimentation les acides gras trans produits industriellement. OMS. Consulté le 22 mai 2018.