Allergies aux fruits de mer : un vaccin bientôt disponible ?

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Rédigé par Julie P. et publié le 21 mai 2019

Huitres, homards, crevettes, crabes, moules, coquilles Saint Jacques… manger des fruits de mer déclenche une réaction allergique chez 4 à 7% de la population mondiale. Pour soigner cette allergie fruits de mer, une équipe de chercheurs sinoaméricaine a développé et testé l’efficacité d’un vaccin à ADN.

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L’allergie aux fruits de mer : ce qu’il faut savoir

Lorsqu’une allergie aux fruits de mer survient, la personne développe des symptômes variés : les lèvres ou les paupières se gonflent, des plaques rouges sur le visage ou le corps surviennent, des démangeaisons apparaissent, voire une difficulté à respirer. Tous ces signes cliniques sont les conséquences d’un emballement du système de défense de l’organisme, le système immunitaire.

La réaction immunitaire est excessive et produit la libération d’une grande quantité d’anticorps (molécule de défense contre les allergènes) produits par les lymphocytes B (un type de globules blancs) : les immunoglobulines E.

Ces immunoglobulines spécifiques se lient aux allergènes du fruit de mer (une protéine de la chair animale nommée tropomyosine) et vont déclencher l’activation de cellules immunitaires nommées mastocytes. Une grande quantité de molécules inflammatoires, comme l’histamine, est libérée dans l’organisme.

Malgré son impact important sur la qualité de vie des patients, l’allergie aux fruits de mer et aux produits à base de crustacés est une maladie chronique dont le diagnostic et la prise en charge restent encore perfectibles.

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Un diagnostic encore perfectible

Pour diagnostiquer une telle allergie, le dermatologue va réaliser un test cutané avec des extraits de différents fruits de mer (vous pouvez être allergique aux crevettes mais pas aux palourdes et vice-versa, par exemple) et une mesure d’immunoglobulines E dans le sang.

Si les tests cutanés sont généralement efficaces, ils présentent également plusieurs failles comme leur sensibilité produisant des faux positifs. De plus, il existerait des réactions allergiques variant selon les espèces ingérées.

Le test de provocation oral consistant à ingérer des fruits de mer reste la meilleure méthode pour détecter finement ce type d’allergie, mais sa mise en oeuvre reste coûteuse (hospitalisations).

Finalement, face à toutes ces contraintes de diagnostic, les individus touchés par ce type d’allergie choisissent souvent un régime d’éviction. Ils éliminent totalement les fruits de mer de leur assiette.

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Le vaccin ADN hypoallergénique en cours de développement

Pour soigner cette allergie, il existe un traitement de désensibilisation alimentaire reposant sur le même principe que le vaccin. Il s’agit de reprogrammer le système immunitaire en injectant, régulièrement et en petite quantité, des doses du fruit de mer allergène. Aujourd’hui, l’efficacité de ces thérapies est encore limitée pour plusieurs raisons : suivi du protocole pendant plusieurs années (3 à 5 ans), coûts élevés et risque de développer des effets secondaires.

Pour combler ce vide thérapeutique, l’équipe de chercheurs des universités de Californie et de Hong-Kong a développé un traitement basé sur l’immunothérapie orale.

Ils ont mis au point des peptides (petites protéines) de tropomyosine (allergène des fruits de mer) pouvant modifier la réaction du système immunitaire du patient. Ce sont des hypoallergènes de tropomyosine de crevettes qui, une fois injectés dans le corps, vont entrainer une faible réaction immunitaire.

Après avoir mis au point cet hypoallergène, ils ont développé le concept de la vaccination par ADN. Il s’agit d’injecter l’ADN codant pour cet hypoallergène de tropomyosine de crevette dans un plasmide (petit morceau d’ADN bactérien circulaire et innoffensif).

À savoir ! Le plasmide pVAX1 est le seul plasmide homologué par la FDA (Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux). Il a cependant une immunogénicité (capacité à induire une réponse du système immunitaire) limitée chez l’être humain.

Une fois cette construction génétique in vitro mise au point (on parle de construction plasmidique), il l’ont injecté chez un rat. Résultat ? Le gène rentre dans les cellules et la protéine hypoallergénique est produite dans la cellule. Le système immunitaire, qui considère ces protéines comme des corps étrangers, déclenche une faible réaction allergique. Au fil du temps, le système immunitaire est progressivement rééduqué.

« Les expériences menées chez l’animal révèlent que trois injections de ce vaccin à ADN hypoallergénique aboutissent à une réduction de 70 % du niveau d’IgE, accompagnée d’une augmentation du nombre et de l’activité des cellules immunitaires dotées de fonctions régulatrices «  souligne Christine Wai qui a réalisé cette étude.

Contrairement à la désensibilisation, ce vaccin nécesssiterait moins d’injections et une durée de traitement plus courte.

Prochaines étapes pour les chercheurs : utiliser de nouveaux plasmides homologués et vérifier plus en détails l’efficacité et la non toxicité d’un tel traitement chez l’animal.

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Julie P., Journaliste scientifique

– Immunization with Hypoallergens of Shrimp Allergen Tropomyosin Inhibits Shrimp Tropomyosin Specific IgE Reactivity.Plos One. C.Y.Y Wai et al. NCBI. Consulté le 16 mai 2019.
– Bientôt un vaccin pour soigner les allergies aux fruits de mer , Le point. Consulté le 16 mai 2019.
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