Un anticorps révolutionne le traitement du cancer du poumon

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Rédigé par Estelle B. et publié le 1 novembre 2016

cancer poumon immunothérapie

Innovation Le cancer du poumon est la première cause de décès par cancer en France et dans le monde. L’immunothérapie, qui stimule le système immunitaire tout en étant moins agressive que la chimiothérapie, offre aujourd’hui de nouvelles perspectives de traitements.

Cancer du poumon et immunothérapie

Les traitements classiques des cancers du poumon sont la chirurgie thoracique, la radiothérapie et la chimiothérapie. L’immunothérapie, traitement basé sur des anticorps (molécules capables de reconnaître spécifiquement une cellule ou une molécule cible dans l’organisme), est actuellement en plein développement, notamment dans le traitement des cancers. Qu’en est-il pour le cancer du poumon ?

Le pembrolizumab est un anticorps qui reconnaît spécifiquement un récepteur situé sur les globules blancs. Ce récepteur est impliqué dans une voie d’activation des globules blancs dans la réponse immunitaire. Cette voie est également utilisée par certaines cellules cancéreuses pour échapper aux défenses immunitaires de l’organisme. Ces cellules expriment alors un marqueur spécifique (PLD-1). Le pembrolizumab agit ainsi en renforçant les capacités du système immunitaire à détecter les cellules cancéreuses et à limiter leur prolifération.

Aux USA, le pembrolizumab est approuvé par les autorités de santé dans le traitement de différents cancers, notamment dans certains mélanomes avancés ou métastatiques et dans le cancer du poumon « non à petites cellules » métastatique après échec de la chimiothérapie. En France, le pembrolizumab bénéficie d’une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) uniquement dans le traitement du mélanome.

A savoir ! Les tumeurs malignes du poumon peuvent être de trois types :
– Les cancers bronchiques à petites cellules (20 à 25% des cas) sont agressifs et rapidement métastatiques. Ils répondent généralement bien à la chimiothérapie et à la radiothérapie.
– Les cancers bronchiques non à petites cellules (75 à 80% des cas) regroupent plusieurs formes de tumeurs pulmonaires selon la nature des cellules cancéreuses.
– Les métastases pulmonaires correspondent à la dissémination d’un cancer non pulmonaire au niveau du poumon.

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Associer les anticorps à la chimiothérapie

Quelle est l’efficacité du pembrolizumab dans le traitement du cancer du poumon « non à petites cellules » ? Deux études viennent d’être présentées sur cet anticorps lors du congrès de la Société Européenne d’Oncologie médicale.

La première étude, Keynote021, montre que l’association de la chimiothérapie et du pembrolizumab est plus efficace sur les tumeurs que la chimiothérapie seule (+26% de taux de réponse).

Sur les 123 patients inclus dans l’étude :

  • 60 patients ont été traités par pembrolizumab et chimiothérapie ;
  • 63 patients ont été traités par chimiothérapie seule.

Après plusieurs mois, le taux de réponse atteint 55% pour l’association pembrolizumab – chimiothérapie contre 29% pour la chimiothérapie seule. Cette association s’avère efficace quel que soit le niveau d’expression de PLD-1. Cependant l’association est d’autant plus efficace que le niveau d’expression de PLD-1 est élevé. En revanche, l’association du pembrolizumab et de la chimiothérapie provoque plus d’effets secondaires graves (éruption cutanée sévère, troubles thyroïdiens, pneumonie, …) que la chimiothérapie, même si aucune interruption de traitement n’a été nécessaire.

La combinaison du pembrolizumab et de la chimiothérapie serait donc plus efficace en première ligne de traitement pour les patients avec un cancer du poumon « non à petites cellules » à un stade avancé.

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Une immunothérapie plus efficace que la chimiothérapie !

La seconde étude, Keynote024, met en évidence une meilleure efficacité de l’immunothérapie seule par rapport à la chimiothérapie chez les patients atteints de cancer bronchique « non à petites cellules ». Un panel de 305 patients atteints de cancers bronchiques « non à petites cellules » avec un niveau d’expression élevé de PLD-1 (au moins 50% des cellules cancéreuses expriment le PLD-1) a participé à l’étude.

Le risque de progression de la tumeur et de décès est réduit de 50% grâce au pembrolizumab seul. Le taux de réponse avec cet anticorps est plus élevé, 43% contre 28% avec la chimiothérapie. Dans cette étude, le pembrolizumab est mieux toléré que la chimiothérapie, avec seulement 26% d’effets secondaires graves contre 51% avec la chimiothérapie.

Le pembrolizumab semble constituer un traitement de choix des cancers du poumon « non à petites cellules », en particulier dans les stades avancés et avec un niveau d’expression PLD-1 élevé. L’étude a d’ailleurs été interrompue pour permettre à l’ensemble des patients de recevoir du pembrolizumab.

Cet essai ciblait spécifiquement des cancers bronchiques « non à petites cellules » à un stade avancé, métastatiques, avec un niveau d’expression PLD-1 élevé, chez des patients ayant encore un bon état général. Des études complémentaires sont donc nécessaires pour évaluer l’efficacité du pembrolizumab dans d’autres formes de cancers bronchiques et chez d’autres populations de patients.

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Une révolution pour le traitement du cancer du poumon ?

L’arrivée de l’immunothérapie dans le traitement du cancer le plus meurtrier au monde provoque une véritable révolution. Les résultats prometteurs des études sur le pembrolizumab offrent de nouvelles perspectives pour les patients atteints de tumeurs résistantes aux traitements classiques de chimiothérapie.

Contrairement à la chimiothérapie qui vise à détruire les cellules cancéreuses par des substances toxiques, l’immunothérapie permet au système immunitaire de se défendre lui-même contre la tumeur.

Des études complémentaires à grande échelle sont désormais nécessaires pour confirmer ces résultats et inclure définitivement l’immunothérapie dans les traitements des cancers bronchiques. Plusieurs autres études sont également en cours sur l’efficacité d’autres anticorps comme le nivolumab, autorisé aux USA dans le traitement du cancer bronchique non à petites cellules depuis 2015, et l’azetolizumab. Les spécialistes espèrent qu’un jour ces nouvelles thérapies pourront supplanter la chimiothérapie dans le traitement de certains cancers.

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Estelle B. / Docteur en Pharmacie


Sources

Institut National du Cancer. Cancer du poumon. Site internet consulté le 26 octobre 2016.

Langer, C.J. Carboplatin and pemetrexed with or without pembrolizumab for advanced, non-squamous non-small-cell lung cancer: a randomised, phase 2 cohort of the open-label KEYNOTE-021 study. 2016. The Lancet Oncology. Publié en ligne le 10 octobre 2016.

Reck, M. et al. Pembrolizumab versus Chemotherapy for PD-L1–Positive Non–Small-Cell Lung Cancer. 2016. The New England Journal of Medicine. DOI: 10.1056/NEJMoa1606774.

  • j’ai été diagnostiqué en janvier 2017 d’un adenorcarcinome pulmonaire de stade 4 avec un mauvais indice TNM (métastases au pylore et au cerveau). J’ai 48 ans. Si j’ai bien compris je suis éligible à l’immunothérapie suite à la biopsie effectuée avant le début de ma chimio (cisplatine + alimta). je subis ma dernière chimio cette semaine (6 séances alternées de 3 semaines). J’ai très mal réagi au début (perte de 20kgs, fatigue extrème…). Grâce à un suivi dans un CSSR j’ai repris du poids, j’ai repris des muscles et je vais bien mieux. Quelqu’un pourrait il me dire ce à quoi je dois m’attendre sachant que la tumeur principale a diminué de + de 35 % et qu’à priori les métastases ne sont plus apparentes, mon pneumologue m’a parlé d’une immunothérapie, mais je n’arrive pas à en savoir plus. Je ne me fais d’illusion sur ma survie, à moyen/long terme, j’appréhende plus une dégénérescence rapide et de ne pas avoir le temps de régler toutes mes affaires avant de partir.
    Merci à celui ou celle qui prendra le temps d’être honnête avec moi

    Reply
  • j’ai été diagnostiqué en janvier 2017 d’un adenorcarcinome pulmonaire de stade 4 avec un mauvais indice TNM (métastases au pylore et au cerveau). J’ai 48 ans. Si j’ai bien compris je suis éligible à l’immunothérapie suite à la biopsie effectuée avant le début de ma chimio (cisplatine + alimta). je subis ma dernière chimio cette semaine (6 séances alternées de 3 semaines). J’ai très mal réagi au début (perte de 20kgs, fatigue extrème…). Grâce à un suivi dans un CSSR j’ai repris du poids, j’ai repris des muscles et je vais bien mieux. Quelqu’un pourrait il me dire ce à quoi je dois m’attendre sachant que la tumeur principale a diminué de + de 35 % et qu’à priori les métastases ne sont plus apparentes, mon pneumologue m’a parlé d’une immunothérapie, mais je n’arrive pas à en savoir plus. Je ne me fais d’illusion sur ma survie, à moyen/long terme, j’appréhende plus une dégénérescence rapide et de ne pas avoir le temps de régler toutes mes affaires avant de partir.
    Merci à celui ou celle qui prendra le temps d’être honnête avec moi

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  • corinne says:

    bonjourJCC,

    mon père est diagnostiqué cancer du poumon stade 4 avec metastases.

    vous semblez aller mieux grâce à un suivi dans un cssr. C’est quoi un cssr ? merci pour votre réponse et bon courage pour la suite.

    Reply
  • corinne says:

    bonjourJCC,

    mon père est diagnostiqué cancer du poumon stade 4 avec metastases.

    vous semblez aller mieux grâce à un suivi dans un cssr. C’est quoi un cssr ? merci pour votre réponse et bon courage pour la suite.

    Reply
  • pp

    Ma fille 42 ans a un cancer des poumons stade 4 diagnostiqué en avril 2017.
    Apres 6 mois de chimio , le cancer a récédivé, augmentation des cellules cancereuses .

    Ella acommencé une immunotherapie , au bout de 2 séances , n ‘a plus de douleurs (elle etait sous morphine)
    plus de fatigue ,
    Elle a eu maintenant 3 séances et dit ne plus se sentir malade, c est toujours du temps
    de pris .
    Pour l instant c ‘est tres positif,

    bon courage.

    Reply
  • pp

    Ma fille 42 ans a un cancer des poumons stade 4 diagnostiqué en avril 2017.
    Apres 6 mois de chimio , le cancer a récédivé, augmentation des cellules cancereuses .

    Ella acommencé une immunotherapie , au bout de 2 séances , n ‘a plus de douleurs (elle etait sous morphine)
    plus de fatigue ,
    Elle a eu maintenant 3 séances et dit ne plus se sentir malade, c est toujours du temps
    de pris .
    Pour l instant c ‘est tres positif,

    bon courage.

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