L’asthme protègerait contre la Covid-19 ? Le paradoxe élucidé

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Rédigé par Alexia F. et publié le 3 mai 2022

Les personnes souffrant d’asthme seraient protégées des formes graves de Covid-19. Ce paradoxe a été expliqué par des scientifiques dans une publication parue récemment dans la revue PNAS. En effet, il semblerait que les asthmatiques présentent une double barrière contre l’infection par le SARS-CoV-2. Elle se combinerait par la surproduction de mucus et une protection par les molécules anti-inflammatoires surreprésentées chez les asthmatiques. En cette journée mondiale de l’asthme, Santé sur le Net vous explique ces résultats.

Personne sur un lit attrapant sa Ventoline

Asthme et Covid-19, des faux amis ?

Le covid-19, une atteinte respiratoire

Depuis plus de 2 ans, la pandémie de Covid-19 a poussé médecins et scientifiques à décortiquer cette pathologie, de ses mécanismes à ses symptômes. Si elle prend des formes diverses, nous savons actuellement que la Covid-19 se manifeste généralement par :

  • De la fièvre ;
  • Des douleurs musculaires telles que des courbatures ;
  • Des maux de tête ;
  • De la fatigue ;
  • Une atteinte de l’appareil respiratoire pouvant donner lieu à une détresse respiratoire.

L’asthme, une maladie respiratoire chronique

Cette journée mondiale de l’asthme est l’occasion de sensibiliser le grand public à cette pathologie qui touche plus de 4 millions de personnes en France. L’asthme est une atteinte respiratoire chronique causée par une inflammation permanente des bronches. Il se manifeste par des épisodes de gêne respiratoire (dyspnée).

L’asthme est multifactoriel. En effet, dans le cas de l’asthme allergique, il se déclenche en présence d’un allergène tel que du pollen ou de la moisissure. La présence de l’allergène provoque une cascade de phénomènes chimiques. Ainsi, il va activer la production de cytokines et de mucus dans les poumons des patients.

À savoir ! Les cytokines sont des messagers chimiques de différentes natures. Dans le cas de l’asthme allergique, ce sont les interleukines 13 (IL-13), des cytokines anti-inflammatoires, qui sont surexprimées. Elles induisent une surproduction de mucus par les cellules pulmonaires.

Sur le papier, tout laissait supposer que les personnes souffrant d’asthme seraient des patients à risque de forme grave de Covid-19. Mais, il n’en est rien. Les études épidémiologiques n’ont pas montré d’association entre le fait d’être asthmatique et un plus grand risque de forme grave de la Covid-19. Mis à part les patients qui souffrent d’asthme sévère (5% de la population asthmatique). Au contraire, des chercheurs ont montré que les personnes souffrant d’asthme, notamment d’asthme allergique, seraient protégées contre l’infection par le SARS-CoV-2.

L’asthme contre la Covid-19 : une barrière physique formée par le mucus

Dans une étude publiée récemment, les chercheurs ont voulu expliquer le paradoxe d’une potentielle protection contre les formes graves de Covid-19 par l’asthme. Pour cela, ils ont imité l’asthme allergique sur des cellules pulmonaires, en les mettant en présence d’IL-13. Ils les ont ensuite infectées par le SARS-CoV-2.

Les résultats de l’étude mettent en évidence que l’asthme allergique confère deux types de protection contre la Covid-19. En effet, la production excessive de mucus par les cellules pulmonaires asthmatiques offre une barrière physique limitant l’infection par le SARS-CoV-2. Les cellules non traitées par l’IL-13 produisaient également du mucus pendant l’infection par le SARS-CoV-2, mais elles étaient rapidement dépassées par la multiplication du virus.

Une barrière chimique grâce aux cytokines anti-inflammatoires

Pour aller plus loin, les chercheurs ont ensuite traité les cellules pulmonaires avec l’IL-13 mais en bloquant la production de mucus. Ils ont observé que les cellules traitées présentaient une charge virale inférieure à celles non traitées par l’IL-13. Cela s’explique de deux façons.

D’une part, l’IL-13 diminue la production des récepteurs permettant l’entrée du SARS-CoV-2 dans les cellules pulmonaires. Ainsi, le virus accède beaucoup plus difficilement aux cellules. D’autre part, sans l’IL-13, les cellules infectées produisent des virions du SARS-CoV-2 qui facilitent la contamination des cellules voisines. Ainsi, les mécanismes élucidés dans cette étude montrent une diminution significative de l’entrée du virus dans les cellules pulmonaires, de sa réplication et de sa propagation vers d’autres cellules.

Alexia F., Docteure en Neurosciences

Sources
– Why are people with allergic asthma less susceptible to severe COVID? sciencedaily.com. Consulté le 3 mai 2022
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