Selon Santé Publique France, le cancer colorectal est l’un des cancers les plus fréquents. Seconde cause de décès par cancer, plus de 40 000 nouveaux cas de cancer colorectal sont recensés chaque année en France. Une récente étude a évalué l’intérêt de la chimiothérapie avant ou après la chirurgie chez les patients atteints de cancer du côlon localement avancé. Résultats.
Cancer du côlon, quel intérêt pour la chimiothérapie avant la chirurgie ?
Le cancer colorectal est l’un des cancers les plus fréquents en France. Cinq stades de cancer sont définis par les spécialistes, le cancer pouvant évoluer schématiquement en trois étapes :
- Une tumeur localisée ;
- Une tumeur localement avancée, c’est-à-dire qui s’étend aux ganglions lymphatiques proches ;
- Une tumeur métastatique, qui s’est propagé à d’autres organes, comme le foie.
Les traitements du cancer colorectal comprennent la chirurgie, la chimiothérapie et les thérapies ciblées. Dans quel ordre ces différents traitements peuvent-ils intervenir pour optimiser le pronostic du patient ? Actuellement les recommandations préconisent une chimiothérapie après la chirurgie. Une récente étude a évalué le positionnement de la chimiothérapie avant et/ou après la chirurgie chez les patients atteints de cancer du côlon localement avancé.
Réduire la tumeur du côlon avant de l’opérer
Cette étude a été menée chez des patients britanniques, danois et suédois, atteints d’un cancer du côlon de stade T3-4, N0-2, M0 (selon la classification radiologique du cancer colorectal) (âge moyen 63 ans). Ces patients ont été aléatoirement répartis en deux groupes :
- Un groupe NAC de 699 patients ayant reçu 6 semaines de chimiothérapie (oxaliplatine et fluoropyrimidine) avant la chirurgie, puis 18 semaines en post-opératoire ;
- Un groupe témoin de 354 patients ayant reçu 24 semaines de chimiothérapie uniquement après la chirurgie de résection de la tumeur.
Parallèlement, les patients atteints de tumeurs RAS-wildtype pouvaient également bénéficier d’une thérapie ciblée avec du panitumumab. La moitié des patients ont reçu cette thérapie ciblée pendant la chimiothérapie préopératoire, l’autre moitié non. Sur les 699 patients du groupe NAC, 87 % ont terminé le protocole jusqu’à son terme. 98 % des patients du groupe NAC et 99 % des patients du groupe témoin ont subi une chirurgie de résection de leur tumeur du côlon.
La chimiothérapie préopératoire, nouvelle option de traitement du cancer du côlon localement avancé ?
4 % des patients du groupe NAC ont présenté des signes nécessitant une opération chirurgicale avant le terme des 6 semaines de chimiothérapie préopératoire. La chimiothérapie préopératoire a permis de réduire le nombre de complications postopératoires, mais aussi d’induire une régression de la tumeur. Cette réduction de la tumeur grâce à la chimiothérapie préopératoire permettait d’avoir de meilleurs résultats avec la chirurgie, avec une résection plus complète (moins de résidus de tumeurs après chirurgie), de 94 % dans le groupe NAC contre 89 % dans le groupe témoin.
La mise en œuvre du protocole NAC entraînait une réduction du nombre de maladie résiduelle ou récurrente dans les deux ans après le diagnostic, avec seulement 17 % de patients concernés dans le groupe NAC contre 21,5 % dans le groupe témoin. La régression tumorale par la chimiothérapie préopératoire se révélait fortement corrélée à l’absence de récidive dans les deux années. Le recours à la thérapie ciblée par le panitumumab n’améliorait pas le bénéfice du protocole NAC. Ces nouvelles données indiquent que la mise en œuvre de six semaines de chimiothérapie préopératoire aboutit à de meilleurs résultats lors de la chirurgie et à un meilleur contrôle de la maladie. Cette chimiothérapie préopératoire pourrait être considérée comme une nouvelle option de traitement, sûre et efficace, dans la prise en charge du cancer du côlon localement avancé.
Estelle B., Docteur en Pharmacie