Une carence en iode touche encore de nombreux adultes, particulièrement les femmes en âge de procréer, les femmes enceintes et allaitantes. Des recommandations de supplémentation ont été mises en place en 2005 par l’Organisation Mondiale de la Santé, pour limiter les conséquences de la carence en iode chez les femmes et les enfants. Une récente étude suggère un lien jusque-là inconnu entre le statut en iode et la fertilité des femmes.
Iode et carence
L’iode est un oligoélément présent en faible quantité chez l’adulte, essentiellement au niveau de la glande thyroïde. Cet élément est indispensable à la synthèse des hormones thyroïdiennes, qui interviennent dans plusieurs fonctions vitales de l’organisme, notamment :
- Le métabolisme cellulaire et la production d’énergie ;
- L’utilisation des glucides, lipides et protides issus de l’alimentation ;
- Le fonctionnement du système nerveux ;
- Le métabolisme osseux ;
- Chez le fœtus et le nourrisson, le développement et la croissance du cerveau.
La principale source d’iode est l’alimentation, cet oligo-élément étant présent en quantités appréciables dans tous les aliments issus de la mer (poissons, algues, crustacés, coquillages), mais aussi dans les œufs et les produits laitiers.
Les besoins en iode varient selon le sexe, l’âge et l’état physiologique :
- Entre 90 et 100 µg par jour chez les enfants ;
- De 100 à 150 µg par jour chez les adolescents et les adultes ;
- Entre 200 et 250 µg par jour pour les femmes enceintes ou allaitantes.
Les conséquences d’une carence en iode dépendent de l’âge de la personne, de l’intensité de la carence, de l’existence d’autres carences associées (en particulier le sélénium) et de facteurs génétiques.
Les études épidémiologiques récentes révèlent l’absence de carence en iode chez les enfants et les adolescents français. En revanche, une carence iodée modérée est observée chez les hommes et les femmes adultes dans toutes les régions de France.
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Pour la plupart des femmes enceintes, une carence en iode
La données épidémiologiques mettent en évidence qu’en France une majorité de femmes enceintes est encore concernée par une carence iodée modérée ou sévère. En effet, au cours de la grossesse, les besoins en iode sont majorés pour maintenir un fonctionnement thyroïdien normal à la fois chez la mère et le fœtus. Cette carence est susceptible d’avoir des conséquences négatives :
- Pour la mère : un développement anormal de la thyroïde pouvant entraîner la formation de goitre et l’apparition de troubles thyroïdiens telles que hypothyroïdie ou hyperthyroïdie ;
- Pour l’enfant : l’apparition de troubles mineurs du développement psychomoteur et intellectuel et le développement d’un
goitre.
Pour prévenir de telles conséquences, en 2005, un comité d’experts internationaux s’est réuni à Genève à la demande de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et a établi les recommandations suivantes :
- Un apport iodé moyen de 150 µg par jour chez les femmes en âge de procréer ;
- Un apport iodé entre 200 et 300 µg par jour au cours de la grossesse et de l’allaitement, sans dépasser 500 µg par jour.
Ces recommandations, dans les pays où le sel de table n’est pas additionné d’iode, impliquent une supplémentation iodée systématique chez les femmes en âge de procréer, puis au cours de la grossesse et de l’allaitement. L’accent est mis sur la nécessité d’une collaboration étroite entre les gynécologues-obstétriciens, les endocrinologues, les nutritionnistes et les pédiatres pour prévenir la carence iodée en France et ses conséquences.
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Un impact sur la fertilité !
Malgré les recommandations de l’OMS, les études épidémiologiques indiquent qu’une proportion non négligeable de femmes est carencée en iode, même avant la grossesse. Au-delà des conséquences sur leur santé et celle de leurs enfants, cette carence pourrait impacter la fertilité de ces femmes, selon une récente étude publiée dans la revue scientifique Human Reproduction.
Des données ont été recueillies auprès de 501 couples ayant planifié une grossesse entre 2005 et 2009. Parmi les 467 femmes incluses dans l’étude :
- 55,7 % avaient un statut en iode suffisant ;
- 21,8 % avaient des apports légèrement insuffisants ;
- 20,8 % présentaient une carence modérée ;
- 1,7 % étaient en carence sévère.
De plus, les femmes présentant une carence modérée à sévère montraient une baisse de leur fécondité de 46 %, par rapport aux femmes non carencées en iode.
Cette étude est la première à suggérer un effet de la carence en iode sur les chances de conception. Des études complémentaires sont désormais nécessaires pour déterminer si la mise en place d’une supplémentation en iode chez les femmes carencées permettrait d’améliorer leur fertilité. Ces résultats témoignent en tout cas de l’importance des apports en iode à partir de l’âge adulte !
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Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Delayed conception in women with low-urinary iodine concentrations: a population-based prospective cohort study. Mills, J.L. and al. 2018. Human Reproduction. DOI:10.1093/humrep/dex379.
– Iodine deficiency may reduce pregnancy chances, NIH study suggests. National Institutes of Health. 11 January 2018.