Comment le cerveau choisit-il les aliments ?

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Rédigé par Estelle B. et publié le 10 août 2018

Choisir entre une assiette de légumes et une barquette de frites n’est pas facile pour de nombreuses personnes. La volonté et la capacité à manger sainement seraient variables selon les individus, et dépendraient du cerveau. Récemment, des chercheurs ont pu établir un lien entre l’anatomie de certaines régions cérébrales et la capacité de contrôle au moment de choisir ses aliments.

Le choix des aliments par le cerveau.

Le choix des aliments : un phénomène en deux temps

Difficile de passer à côté des nombreux messages sur les bienfaits d’une alimentation saine et équilibrée. Si ces messages parviennent à toutes les oreilles, comment se fait-il que certaines personnes aient autant de mal à les respecter, alors que cette option est plus simple pour d’autres ? Notre cerveau est-il capable de choisir les aliments, et si oui comment ces choix sont-ils guidés ?

Les scientifiques estiment que le choix des aliments que nous mangeons s’effectue en deux étapes distinctes :

  • L’attribution d’une valeur à chaque type d’aliment disponible, en fonction de différents paramètres, comme le goût de l’aliment ou sa qualité nutritionnelle ;
  • La hiérarchisation des différentes valeurs dans l’optique d’un choix final.

Récemment, une équipe internationale de recherche de l’Institut du Cerveau et de la Moelle Epinière (ICM, Paris) s’est penchée sur le rôle de cerveau dans le choix des aliments. Les résultats de leurs travaux viennent d’être publiés dans la revue scientifique Journal of Neuroscience.

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Deux régions cérébrales impliquées dans le choix des aliments

Dans un premier temps, les chercheurs ont analysé les résultats de trois études, dans lesquelles les participants évaluaient librement leur attrait pour certains aliments, en fonction des trois critères imposés suivants :

  • Leur préférence spontanée ;
  • Le goût ;
  • Le bénéfice qu’il apporte pour la santé.

Parallèlement, une IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) cérébrale était effectuée sur chaque participant. Les résultats ont mis en évidence une corrélation entre l’attirance pour des aliments sains et l’augmentation de la matière grise dans deux régions cérébrales spécifiques :

  • La région dorso-latérale préfrontale, impliquée dans la régulation des décisions ;
  • La région ventro-médiale préfrontale, impliquée dans l’attribution des valeurs.

Les chercheurs ont ainsi observé que les personnes présentant davantage de matière grise dans ces deux régions avaient tendance naturellement à choisir des aliments plus sains.

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Une avancée à terme pour l’anorexie et la boulimie

Dans un second temps, les participants étaient invités à utiliser la méthode de leur choix pour diminuer leur attirance pour des aliments peu sains. Ils pouvaient par exemple se baser sur le coût, l’envie de consommer des produits issus de l’agriculture biologique ou encore le souhait de faire un régime. Les chercheurs ont tenté de prédire les choix alimentaires de ces participants, à partir de la matière grise observée en imagerie dans les deux régions cérébrales préalablement identifiées.

Les résultats de cette quatrième étude ont confirmé les données recueillies au cours des trois premières études. Ainsi, les quantités de matière grise dans les deux régions cérébrales identifiées jouent un rôle déterminant dans le choix des aliments, que les critères de choix soient :

  • Dictés par une source extérieure, ici les concepteurs de l’étude, mais aussi par extension des recommandations nutritionnelles ;
  • Formulés par la personne elle-même, en fonction de ses propres valeurs ;

Ces travaux montrent pour la première fois l’implication de deux régions cérébrales dans le contrôle du choix des aliments. Les auteurs de l’étude entrevoient l’intérêt de tels résultats dans l’évaluation et le traitement des troubles alimentaires associés à une altération du contrôle du choix des aliments, comme la boulimie ou l’anorexie.

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Estelle B. / Docteur en Pharmacie

Nos choix alimentaires prédits par l’anatomie de notre cerveau. INSERM. Communiqué de presse. 7 juin 2018.
Neuroanatomy of the vmPFC and dlPFC predicts individual differences in cognitive regulation during dietary self-control across regulation strategies. Schmidt, Liane and al. 2018. The Journal of Neuroscience. June.  

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