Que se passe-t-il dans notre cerveau quand il faut se motiver ?

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Rédigé par Julie P. et publié le 22 octobre 2018

Se lever tôt, faire du sport, finir son travail en temps et en heure, réaliser les tâches domestiques… le quotidien met notre motivation à rude épreuve. Dans les faits, il faut lutter contre cette petite voix intérieure qui nous murmure  » qui peut le plus peut le moins ! « . C’est en s’intéressant ainsi aux ressorts de la motivation qu’une équipe de chercheurs de l’université de Genève a montré que notre cerveau nous pousse naturellement à minimiser l’effort. Une tendance héritée de l’Evolution. Lumière sur cette étude parue dans la revue Neuropsychologia.

Cerveau

Un décalage entre la raison et l’action

D’après l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) 3 adultes sur 10 et 8 adolescents sur 10 ne suivent pas les recommandations du niveau minimum d’activité physique à réaliser par jour pour rester en bonne santé.

De nombreuses études ont montré qu’il existait un paradoxe entre la volonté de faire du sport et la réalisation de l’activité. Ce comportement oppose la raison à l’affect associant les sensations d’inconfort et de fatigue pendant l’activité physique.

C’est en s’interrogeant sur ce décalage entre l’intention et l’action que l’équipe de chercheurs, de l’université de Genève (UNIGE) en collaboration avec l’université KU Leuven en Belgique et celle de Vancouver au Canada ont étudié l’activité neuronale de 29 jeunes personnes devant choisir entre l’activité physique et la sédentarité.

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Un cerveau qui fournit plus d’efforts pour lutter contre l’appel du canapé

Les chercheurs les ont soumis à des tests virtuels tout en enregistrant leur activité cérébrale grâce à 64 électrodes reliées à un électro-encéphalographe.

À savoir ! Une électro-encéphalographie ou EEG est une méthode d’exploration cérébrale non invasive qui mesure l’activité électrique du cerveau. En pleine activité, les neurones émettent des signaux électriques créant des ondes cérébrales observables grâce à l’électroencéphalogramme. L’EEG analyse ces signaux grâce à des électrodes placées sur le cuir chevelu du patient. Il est utilisé dans la Recherche mais aussi pour le diagnostic  des épilepsies, des encéphalites (inflammation de l’encéphale), des lésions cérébrales (coma) ou encore des troubles du sommeil.

Dans un test mené sur un écran d’ordinateur, lorsqu’il fallait diriger un personnage vers des images représentants une activité physique (jouer au tennis, au foot, monter des escaliers etc..) ou des images de sédentarité (personnage dans le canapé, dans le hamac, etc.) les chercheurs ont constaté que les participants éloignaient plus rapidement le personnage d’un contexte sédentaire comparativement à un contexte d’activité.

Pour les chercheurs, ceci montre la « force de la raison » dans laquelle le participant fait appel à des ressources nécessaires pour fuir son instinct de minimiser l’effort.

Dans ce contexte, l’activité électrique associée à deux zones cérébrales, le cortex fronto-medial et le cortex fronto-central, était beaucoup plus élevée que lorsque le participant devait choisir la sédentarité. Il y aurait donc une sorte de dépense énergétique cérébrale associée à la lutte contre le penchant naturel vers des activités de détente.

À savoir ! Le lobe frontal intervient essentiellement dans la planification, le langage et le mouvement volontaire.

 » Le cerveau doit donc solliciter beaucoup plus de ressources pour s’éloigner des comportements sédentaires, plutôt que de suivre, son penchant pour la minimisation de l’effort «  souligne Boris Cheval.

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La démotivation : un héritage de l’Evolution ?

Mais, quelle est l’origine de ce penchant naturel pour la sédentarité ?

Pour Boris Cheval « La minimisation de l’effort était capitale pour l’espèce humaine au cours de l’évolution. Cette tendance à l’économie et à la conservation des ressources augmentait les chances de survie et de reproduction ».

Seul problème : nos sociétés modernes dans lesquelles il existe une abondance des ressources et de confort rendent cette faculté inutile.

Pour les chercheurs, il faudrait tout d’abord réaménager les espaces publics pour diminuer les tentations de réaliser le moindre effort comme privilégier les escaliers au lieu des escalators ou des ascenseurs.  Au contraire, il faudrait encourager l’activité physique en la rendant ludique et amusante.

Désormais, les chercheurs vont poursuivre leurs investigations en examinant si la paresse active les circuits cérébraux de la récompense.

Les enjeux de ces découvertes sont importants quand on sait, d’après l’OMS, que 3,2 millions de décès sont attribuables, chaque année, au manque d’exercice physique.

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Julie P., Journaliste scientifique

– Activité physique. OMS. Consulté le 10 octobre 2018.