Alors que la saison des pollens commence à gagner le territoire, une étude publiée dans Nature communications expose des prédictions sur les futures modifications de production de pollens. Elle conclut que le changement climatique devrait accentuer la production globale de pollens, d’ici la fin du siècle. Des conséquences sont à prévoir en matière de santé publique. Explications.
Changement climatique, pollens et allergies : que sait-on ?
Le pollen de différentes espèces de plantes est responsable du déclenchement de maladies d’origine allergique telles que la rhinite allergique ou l’asthme. L’allergie respiratoire induite par le pollen affecte près de 30% de la population mondiale. Elle touche principalement les enfants de moins de 18 ans. Ainsi, l’allergie aux pollens constitue un véritable enjeu de santé publique mondial. Elle présente des conséquences économiques et sanitaires majeures en raison des décès précoces, des dépenses médicales et des jours de travail ou d’école manqués.
À savoir ! Le pollen anémophile, c’est-à-dire transporté par le vent, joue un rôle primordial dans la fertilisation des plantes et la dissémination des gènes. Il produit, contient et permet le déplacement des gamètes mâles produits par les fleurs.
Etant donné que l’émission de pollens est étroitement liée aux facteurs environnementaux, les changements climatiques pourraient exercer une influence considérable. Ils entraîneraient des conséquences indirectes sur l’incidence des maladies d’origine allergique. C’est ce qui a été relevé durant les dernières décennies. En effet, les saisons polliniques se sont progressivement intensifiées et allongées. Cela devrait contribuer à l’exacerbation et à l’aggravation des rhinites allergiques et de l’asthme.
Actuellement, la France est en vigilance sur les concentrations de pollens atmosphériques. Selon le Réseau National de Surveillance Aérobiologique (RNSA), l’impact sanitaire est élevé sur le pourtour méditerranéen (pollen de cyprès) et dans le Nord-Est (pollens de cyprès et de bouleau). Le reste de la France est exposé à un risque modéré. Cependant, les prévisions indiquent une augmentation des concentrations en pollen d’ici la fin de semaine. L’occasion de rappeler aux personnes allergiques de suivre les recommandations de leur médecin.
Une augmentation de la production de pollens à prévoir pour la fin du siècle
Dans leur étude, les chercheurs voulaient quantifier les impacts potentiels des changements climatiques sur les émissions de pollens aux Etats-Unis. Pour cela, ils ont utilisé un modèle de simulation des émissions de pollens. Ils ont exploité les données d’émissions de pollens disponibles entre 1995 et 2014 aux Etats-Unis. Également, ils se sont appuyés sur les données météorologiques et les projections des changements climatiques. Enfin, les scientifiques ont pris en compte les prédictions d’augmentation des émissions de CO2 et de modifications de l’emplacement des végétaux sur le territoire.
Les résultats de leurs travaux montrent que, d’ici la fin du siècle (2081-2100) :
- La saison des pollens devrait commencer plus tôt (40 jours avant) et être plus longue (19 jours en plus). Ces changements sont principalement liés à l’augmentation de la température ;
- L’émission totale annuelle devrait augmenter de 16 à 40%. Elle est principalement liée à l’augmentation des émissions de CO2 ;
- Les modifications de répartition des végétaux sur le territoire auraient moins d’impacts sur la production de pollens.
Ainsi, cette étude démontre que les conditions atmosphériques pourraient modifier considérablement la production de pollens en termes de durée et d’intensité. Si ces projections se vérifient, des conséquences sanitaires importantes sont à prévoir.
Alexia F., Docteure en Neurosciences
– Réseau National de Surveillance Aérobiologique. pollens.fr. Consulté le 23 mars 2022.