Cigarette électronique et grossesse : quels dangers ?

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Rédigé par Juliette S. et publié le 17 mars 2020

En France, environ 16% des femmes continuent de fumer au troisième trimestre de la grossesse. En Ile-de-France, ce chiffre descend à 11 % mais monte à 28 % en Bretagne. Toutefois, alors que de nombreuses actions sont mises en place afin de sensibiliser sur les dangers du tabac sur le fœtus, les chiffres de consommation ne diminuent pas. La lutte contre tabagisme manque de données chiffrées en France, et se retrouve donc au 20ème rang sur les 22 pays disposants de statistiques consolidées sur le sujet. Néanmoins, depuis 2 ans, sondages, études, recherches se multiplient afin de proposer aux femmes enceintes des solutions de sevrage, incluant celle du recours à la cigarette électronique. Santé sur le net fait le point.

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L’effet du tabac chez la femme enceinte

Fumer durant la grossesse comporte un certain nombre de risques comme une grossesse extra-utérine, un risque de fausse-couche précoce trois fois plus important, un risque d’accouchement prématuré. Pour le fœtus, moins bien oxygéné, à cause du sang de la mère qui se charge en monoxyde de carbone, il existe un risque de retard de croissance intra-utérin, c’est à dire un petit poids de naissance. Lors de l’allaitement, la nicotine passe dans le lait maternel et peut entraîner chez le bébé de l’irritabilité, des nausées et des vomissements, des anomalies de la pression sanguine et du rythme cardiaque, des douleurs abdominales. Du côté maman, fumer en allaitant peut entraîner une sécrétion lactée moins abondante. Alors qu’il est recommandé d’arrêter de fumer quand l’envie de faire un enfant arrive (fumer peut entraîner également des problèmes de fertilité), pour le docteur Tiphaine Houet-Zuccalli, addictologue à l’hôpital de Fougères, “le regard de la société sur le tabagisme des femmes enceintes est très dur, y compris de la part des soignants. Certaines femmes ont du mal à venir consulter parce qu’elles pensent que ce sera le début de l’arrêt du  tabac et ne veulent pas l’affronter. Il faut d’abord les aider.”

Quelles sont donc les solutions ?

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 Les recommandations actuelles

Chez la femme enceinte fumeuse, les approches comportementales et psychologiques sont privilégiées. Basées sur de la discussion et des exercices avec un professionnel de santé, les consultations débutent par un interrogatoire (antécédents de santé, personnels et familiaux), l’histoire tabagique, suivie d’un examen clinique complet, d’une évaluation de la dépendance et d’une évaluation de la motivation à l’arrêt. Par la suite, la meilleure approche, décidée par le professionnel de santé, pour arrêter le tabac, est envisagée : thérapie comportementale et cognitive, consultation psychologique et informations sur les outils d’aide à l’arrêt du tabac. Aujourd’hui, la prescription de substituts nicotiniques type patch et gomme est autorisée pour les femmes enceintes qui ne parviennent pas à arrêter de fumer. Ces substituts sont remboursés à 65 % par l’Assurance Maladie depuis le 1er janvier 2019 et le Collège national des gynécologues obstétriciens français (CNGOF) signale dans ses recommandations réactualisées que le recours  aux substituts peut être proposé “à toute femme enceinte” dont le sevrage sans le recours à ces méthodes a échoué. Qu’en est-il de la cigarette électronique ?

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Les dernières données sur la cigarette électronique

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) exprime avec clarté son avis sur la question : il existe des risques pour les femmes enceintes à utiliser la cigarette électronique, avec notamment de possibles effets sur le développement fœtal.  Le CNGOF et la SFT (Société française de tabacologie), sont moins catégoriques et estiment que, compte tenu de certains composants de la cigarette électronique comme les arômes, le propylène glycol, le glycérol, “le principe de précaution” doit s’appliquer et il “est recommandé de déconseiller l’initiation ou la poursuite des produits de vapotage pendant la grossesse”. Mais récemment, de nouvelles données pourraient faire évoluer ces recommandations. En 2019, une équipe irlandaise a présenté, lors du congrès de la Society for Maternal-Fetal Medicine, les résultats d’une étude incluant 189 femmes ayant uniquement utilisé la cigarette électronique pendant leur grossesse. Résultats : aucune de ces femmes n’a accouché d’un bébé avec un retard de croissance. Encourageante, cette étude, à mener à une plus large échelle, pourrait faire évoluer les recommandations actuelles visant la réduction du tabagisme maternel.

Plus surprenant, une sage-femme du CHU de Brest, a conduit une étude sur plusieurs mois consistant à rémunérer les femmes enceintes souhaitant arrêter de fumer. Cette sage-femme, Marie Breton, explique qu”Au départ, c’était très mal perçu par le corps médical et que “ça dérangeait”. Cette étude, déjà menée aux États-Unis, a conduit à de probants résultats. En France, elle est aujourd’hui conduite à Nantes, Paris et Pau et concerne 460 femmes. Les résultats seront connus en juin prochain. Aujourd’hui, bien que les professionnels de santé soient divisés sur les méthodes de sevrage, une certitude persiste : celle de l’importance d’informer au maximum les futures mamans du risque du tabac sur leurs grossesses et de trouver des solutions personnalisées et individualisées.

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Juliette S., Rédactrice scientifique

– Cigarette électronique : quid de la femme enceinte ? JIM. Consulté le 9 mars 2020.
– Conférence de consensus. HAS. Consulté le 9 mars 2020.
– Grossesse sans tabac. TABAC INFO SERVICE. Consulté le 9 mars 2020.
– AA 56 : Allaitement et tabac. LLLFRANCE. Consulté le 9 mars 2020.
– Faut-il rémunérer les femmes enceintes pour les inciter à arrêter de fumer ? 20 MINUTES. Consulté le 9 mars 2020.
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