Comment répartir les prises alimentaires quotidiennes ?

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Rédigé par Deborah L. et publié le 12 juin 2024

Depuis plusieurs années, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) travaille sur les repères alimentaires du Programme National Nutrition Santé (PNNS). Suite à l’actualisation de ces repères alimentaires quantitatifs en 2016 puis en 2019 pour différents sous-groupes de population, l’Agence s’est penchée sur l’impact sur la santé de la répartition temporelle des prises alimentaires quotidiennes. Zoom sur les récentes recommandations émanant de ces nouveaux travaux.

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Comment répartir les prises alimentaires au cours de la journée ?

Depuis plusieurs années, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) travaille sur les repères alimentaires du Programme National Nutrition Santé (PNNS). L’Agence a d’ailleurs actualisé ces repères alimentaires quantitatifs en 2016 pour les adultes puis en 2019 pour les enfants, les femmes enceinte, les femmes allaitantes et les personnes âgées.

Suite à ces mises à jour, l’Agence a choisi de se pencher sur l’impact sur la santé de la répartition temporelle des prises alimentaires quotidiennes. Les objectifs d’une telle étude ? :

  • Etablir des repères théoriques en termes de fréquence et de structure des prises alimentaires.
  • Formuler des recommandations relatives à la répartition temporelle des prises alimentaires en lien avec les paramètres de santé, les rythmes biologiques et la consommation de la population française.

Pour mener à bien ces travaux, les experts de l’Agence ont procédé à l’analyse de l’ensemble des données de la littérature scientifique en lien avec la chrononutrition, qu’il s’agisse des mécanismes biologiques ou de données épidémiologiques.

À savoir ! La chrononutrition revendique un équilibre alimentaire suivant les fluctuations naturelles de la physiologie humaine. Le rythme quotidien des prises alimentaires (repas, collations…) espacées par des périodes de jeûne participe en effet à la synchronisation des horloges internes des différents organes du corps. Ce processus de synchronisation influence les fonctions cardio-métaboliques de l’organisme.

De l’importance de prendre un repas léger et suffisamment tôt dans la soirée

Après analyse des données, les experts de l’Anses ont pu dresser les constats suivants :

  • Chez l’enfant et l’adulte : association entre un dîner tardif et la prise de poids, l’obésité et l’augmentation de facteurs de risque cardio-métaboliques.
  • Chez l’adulte : association entre un apport calorique journalier plus important le soir et la prise de poids.
  • Chez l’adulte : association entre un apport calorique journalier plus important le matin et un moindre poids (ou une moindre prise de poids).
  • Chez l’adulte : association entre un jeûne nocturne prolongé et une réduction des facteurs de risque cardio-métaboliques en présence de petit-déjeuner.

Sur la base de ces observations, les experts de l’Anses, recommandent de prendre un repas léger le soir et de dîner tôt. L’objectif vise à respecter un délai d’environ deux heures entre le dernier repas de la journée et le moment du coucher.

Les experts reconnaissent néanmoins que la littérature scientifique disponible manque de données robustes quant à la chrononutrition. Ils insistent donc sur l’importance de mener des études et travaux de recherches visant à déterminer de façon précise l’impact de la répartition temporelle des prises alimentaires sur la santé.

Petit-déjeuner supplémentaire à l’école : un risque accru de surpoids et d’obésité

Ces travaux ont également été l’occasion pour l’Anses d’évaluer les risques associés à la non prise de petit-déjeuner chez les enfants ainsi que les effets potentiels sur leur santé du dispositif de distribution de « petits-déjeuners dans les écoles ».

À savoir ! Mis en place en 2019 dans les zones du réseau prioritaire d’éducation, le dispositif des « petits-déjeuners dans les écoles » est une mesure visant à réduire les inégalités alimentaires autour du premier repas de la journée, jugé « indispensable à une concentration et une disponibilité aux apprentissages scolaires ».

A partir des données collectées, les experts de l’Anses ont ainsi pu faire les observations suivantes :

  • Seuls 6 % des enfants ne prennent pas de petit-déjeuner en semaine.
  • Un manque d’appétit chez les enfants le matin pourrait être lié à un dîner trop copieux ou trop tardif. Cela peut aussi être lié à un temps de sommeil nocturne trop court.
  • Pas de preuves scientifiques de risque de surpoids, d’obésité ou d’altération des performances cognitives liés à l’absence de petit-déjeuner chez les enfants.
  • Par une augmentation des apports énergétiques, la prise d’un petit-déjeuner supplémentaire à l’école pourrait augmenter le risque de surpoids et d’obésité ou déséquilibrer le régime alimentaire des enfants.

Sur la base de ces observations, le dispositif de distribution de petits-déjeuners dans les écoles n’est pas soutenu par l’analyse des données scientifiques. L’Anses conclut ainsi que la non prise de petit-déjeuner le matin par les enfants ne nécessite pas une compensation systématique à l’école mais plutôt un regard vigilant quant à leurs conditions de vie générales.

Déborah L., Dr en Pharmacie

Sources
– Du petit déjeuner au dîner : quelle répartition des prises alimentaires dans la journée ? www.anses.fr. Consulté le 3 juin 2024.
– Actualisation des repères du PNNS : répartition temporelle des prises alimentaires. www.anses.fr. Consulté le 3 juin 2024.
– Dîner tôt et petit-déjeuner superflu à l’école, les messages de l’Anses. www.lequotidiendumedecin.fr. Consulté le 3 juin 2024.