Désherbant « maison » : le mélange d’eau de Javel et de vinaigre est dangereux pour la santé !

Pour venir à bout des mauvaises herbes, certains optent pour des herbicides « fait maison ». Mais attention, certains produits ne doivent pas être mélangés, au risque d’être intoxiqué parfois gravement. L’ANSES et les centres antipoison rappellent notamment qu’il ne faut surtout pas mélanger de l’eau de Javel et du vinaigre. Explications.

Des herbicides chimiques interdits aux herbicides « maison »

Ces dernières années ont été marquées par une interdiction de vente de nombreux produits phytosanitaires aux professionnels comme aux particuliers. Le produit désherbant le plus utilisé et le plus connu a notamment été retiré de la vente aux particuliers depuis 2019. Dans ce contexte, et face à l’envahissement des terrasses et jardins par des mauvaises herbes, certains particuliers se tournent vers la fabrication d’herbicides « maison ». Différents produits sont connus pour leur action sur les mauvaises herbes, notamment le bicarbonate de soude, le vinaigre d’alcool, le sel ou encore l’eau bouillante.

Cette pratique peut néanmoins s’avérer dangereuse, en cas de mélange de plusieurs produits chimiques capables de réagir entre eux. L’ANSES et les centres antipoison recensent un nombre croissant d’intoxications, parfois graves, suite à la fabrication de ces désherbants « maison ». Le mélange pointé du doigt est celui de l’eau de Javel avec du vinaigre d’alcool (voire avec de l’acide chlorhydrique). En mélangeant ces deux produits, il se forme brutalement du chlore à l’état gazeux, qui est toxique pour l’organisme.

Vinaigre et eau de Javel, un dégagement toxique de chlore

Les symptômes provoqués par le mélange eau de Javel et acide peuvent être graves :

• Une irritation des voies respiratoires à l’origine d’une toux, d’une irritation de la sphère ORL et d’une difficulté respiratoire;
• Une réaction des bronches comme dans une crise d’asthme ;
• Une diminution du taux sanguin d’oxygène (hypoxie) ;
• Un syndrome de détresse respiratoire aigu, pouvant mettre en jeu le pronostic vital de la personne intoxiquée.

Entre 2001 et 2022, les intoxications suite à un mélange eau de Javel – vinaigre ont augmenté de manière exponentielle en France, avec un chiffre total de 204 patients intoxiqués. Les chiffres se sont emballés depuis 2019, depuis l’interdiction de certains herbicides vendus aux particuliers. Si le plus souvent, les symptômes restent modérés et sans gravité, des intoxications particulièrement sévères ont été observées, en particulier chez des sujets fragiles (tabagisme, asthme, BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive). Ces intoxications graves peuvent nécessiter une hospitalisation, une admission en réanimation, voire une oxygénothérapie.

Face au risque de séquelles respiratoires, opter pour les produits « EAJ » ou le désherbage mécanique !

Ces intoxications peuvent laisser des séquelles respiratoires par la suite, avec un asthme persistant. Un suivi au long cours par un pneumologue est alors nécessaire. Il ne faut donc surtout pas mélanger des produits chimiques entre eux pour obtenir un mélange désherbant. Parallèlement au mélange eau de Javel et vinaigre, d’autres associations tout aussi dangereuses ont été observées par les centres antipoison.

Pour pallier à l’interdiction des herbicides, plusieurs solutions s’offrent aux jardiniers. L’ANSES recommande d’utiliser uniquement les produits portant la mention « emploi autorisé au jardin » (EAJ) pour le désherbage, qui comprennent les produits de biocontrôle (produits à base de micro- ou de macro-organismes), les produits à faible risque (phosphate de fer contre les limaces) et les produits compatibles avec l’agriculture biologique. Reste aussi l’option totalement naturelle des purins et des cendres, utilisés depuis des générations. Et enfin le désherbage mécanique, à la main ou avec un outil, certes plus long, mais sans danger pour la santé !

Estelle B., Docteur en Pharmacie