Deux fois plus de cas de cancers de la prostate en 2040 ?

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Rédigé par Deborah L. et publié le 30 avril 2024

Représentant 25 % des cancers masculins, le cancer de la prostate est une pathologie dont la fréquence augmente avec l’âge. Selon une récente étude publiée dans The Lancet, le nombre de cas annuels de cancers de la prostate devrait doubler d’ici 20 ans dans le monde. D’où l’importance de reconsidérer les stratégies de dépistage existantes. On fait le point.

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Cancer de la prostate : des prévisions inquiétantes

Le cancer de la prostate désigne une pathologie affectant la prostate. Il s’agit d’une glande sexuelle masculine appartenant aux organes génitaux de l’homme. Représentant 25 % des cancers masculins, cette maladie reste rare avant 50 ans mais sa fréquence augmente avec l’âge.

Du fait que le cancer de la prostate est asymptomatique aux premiers stades de la maladie et que son évolution est généralement lente, seul un dépistage permettrait de diagnostiquer cette maladie. Mais à ce jour, les autorités sanitaires françaises ne recommandent pas le dépistage organisé du cancer de la prostate dans la population générale, même pour les groupes d’hommes les plus à risque. En effet, il n’est pas certain que le dépistage permette d’éviter des décès liés au cancer de la prostate.

C’est sans compter les conclusions d’une nouvelle étude publiée dans The Lancet et selon laquelle le nombre de cas annuels de cancers de la prostate devrait doubler d’ici 20 ans, passant de 1,4 million à 2,9 millions. S‘agissant du taux de mortalité, il passerait de 375 000 décès par an en 2020 à 700 000 en 2040 ! En cause selon les auteurs ? Un nombre accru d’hommes âgés dans les années à venir en lien avec l’augmentation de l’espérance de vie.

Bien qu’à l’heure actuelle, il soit communément admis qu’un dépistage de masse ne s’avère pas utile pour le cancer de la prostate. Les auteurs de cette étude insistent donc sur la nécessité de ne pas passer à côté d’un diagnostic qui permettrait de de réduire le nombre de décès et d’éviter des complications graves. Selon eux, la hausse des cas de cancer de la prostate « ne peut être prévenue par des mesures de santé publique ou d’hygiène de vie ».

Améliorer les stratégies de diagnostic précoce dans les pays à revenus faibles

Selon les données de cette étude, l’augmentation des cas de cancer de la prostate concernera surtout les pays à revenus faibles et modérés. Les plus grands nombres de nouveaux cas et de décès se verraient en Asie de l’Est et en Amérique du Sud d’ici 2040. Dans ces régions du monde, les cancers sont souvent découverts au stade métastatique.

Par ailleurs, ces travaux mettent à jour la nécessité de conduire des études sur des ethnies d’Afrique de l’Ouest plutôt que sur des hommes de type caucasien. Des études scientifiques ont en effet démontré que les hommes d’origine ouest-africaine présentaient un risque plus élevé de développer un cancer de la prostate que les hommes caucasiens ou asiatiques, ainsi qu’un taux de mortalité plus élevé.

D’où l’importance d’améliorer les stratégies de diagnostic précoce dans ces régions du monde. Or, les scientifiques se heurtent à un état de fait : le diagnostic tardif du cancer de la prostate y est la norme. Il faudrait donc mettre sur pied des programmes de sensibilisation améliorés et investir dans des systèmes de diagnostic précoce rentables. Les auteurs insistent sur la nécessité de réaliser des études pour évaluer les meilleures stratégies de dépistage, de diagnostic et de traitement dans ces pays.

Limiter le surdiagnostic et le surtraitement dans les pays aux revenus élevés

Dans les pays aux revenus élevés, le cancer de la prostate représente une cause majeure de décès. En France, il représente la troisième cause de décès par cancer, derrière le cancer du poumon et le cancer colorectal. La stratégie française de dépistage actuelle est celle du « choix éclairé ». Elle consiste en un toucher rectal et un dosage du PSA, à réaliser tous les deux ans à partir de 50 ans selon l’Association française d’urologie. Un examen par IRM et une biopsie sont indiqués en cas d’anomalies. Quant aux personnes à risques (avec une mutation BRCA 1 et 2), elles sont invitées à se faire dépister dès l’âge de 40 ans.

À savoir ! Le toucher rectal est un examen consistant à introduire un doigt ganté dans le rectum et permet au médecin de vérifier le volume, la consistance et la texture de la surface de la prostate. Quant au dosage du PSA il s’agit d’prise de sang permettant de mesurer le taux sanguin de l’antigène prostatique spécifique (une protéine produite par la prostate et présente normalement en faible quantité dans le sang).

Les auteurs de cette étude émettent néanmoins des réserves quant à cette stratégie de « choix éclairé » pour les patients de plus de 50 ans et sans risque particulier. Ils soutiennent plutôt l’idée d’un dépistage associant IRM et dosage du PSA pour les hommes ayant :

  • Un risque génétique
  • Un surpoids
  • Des antécédents familiaux
  • Ou d’ethnie africaine.

L’intérêt d’une telle stratégie incluant l’IRM ? La technique d’imagerie permet de diminuer les surdiagnostics de cancer de la prostate sans évolution péjorative ainsi que les surtraitements et biopsies inutiles.

Déborah L., Dr en Pharmacie

Sources
– Les cas de cancer de la prostate vont doubler dans le monde d’ici à 2040. www.lequotidiendumedecin.fr. Consulté le 17 avril 2024.
– The Lancet Commission on prostate cancer : planning for the surge in cases . www.thelancet.com. Consulté le 17 avril 2024.