Diarrhée aiguë de l’enfant : attention aux idées reçues !

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Rédigé par Estelle B. et publié le 15 août 2018

De l’eau de riz, des carottes ou encore du soda en cas de diarrhée de l’enfant, autant d’idées reçues qui perdurent et qui peuvent gravement nuire à une prise en charge adaptée. La diarrhée aiguë de l’enfant n’est pas un phénomène à prendre à la légère et les parents doivent adopter la bonne démarche pour réduire le risque de complications potentiellement graves d’un tel épisode. Tel est le message lancé par un médecin lors du dernier Congrès Urgences.

Un enfant aux toilettes pour cause de diarrhée aiguë

Diarrhée aiguë : encore trop d’idées reçues

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, la diarrhée aiguë correspond à l’émission de plus de trois selles liquides par jour pendant moins de 7 jours, associée ou non à des vomissements et de la fièvre. Ce type d’épisode est relativement fréquent chez les jeunes enfants. Le plus souvent bénin, il entraînerait cependant chaque année plus de 14 000 hospitalisations et environ 6 décès.

Dans sa présentation aux Congrès Urgences 2018, un médecin urgentiste a largement décrié les nombreuses idées reçues, qui circulent encore sur la conduite à tenir en cas de diarrhée de l’enfant, y compris chez les professionnels de santé. Parmi ces idées reçues ou remèdes de grand-mère, se retrouvent notamment :

  • Le recours à l’eau de riz ou aux carottes ;
  • L’utilisation du Coca Cola®;
  • L’arrêt de tous les produits laitiers.

Pourtant, la réhydratation par des méthodes adaptées et approuvées est capitale pour limiter les risques de déshydratation et ses conséquences parfois graves pour l’enfant.

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Des médicaments anti-diarrhéiques très souvent inutiles

Le plus souvent, les médicaments anti-diarrhéiques ne sont pas nécessaires et ne possèdent que très peu d’indications thérapeutiques. Parmi ces médicaments :

  • Les antiémétiques ont une efficacité modeste, mais des effets indésirables parfois importants ;
  • Les ralentisseurs du transit ne sont pas indiqués chez les enfants de moins de 3 ans ;
  • Les probiotiques et le racécadotril ne sont pas très efficaces.

Dans tous les cas, la priorité absolue est en revanche de prévenir la déshydratation. Aux urgences, la prise en charge de la diarrhée aigüe de l’enfant se déroule en trois étapes essentielles :

  • L’évaluation du degré de déshydratation, en particulier grâce à la pesée de l’enfant et aux éventuels signes cliniques associés à une déshydratation (perturbation de la fréquence cardiaque, troubles cutanés, altération de la tension artérielle, voire troubles de la conscience) ;
  • La réhydratation.
  • La réalimentation.

À savoir ! Lorsqu’un enfant débute un épisode de diarrhée aigüe, il est essentiel de le peser immédiatement, puis de manière régulière, afin de détecter une éventuelle déshydratation et d’en évaluer la gravité. Si un enfant perd plus de 5 % de son poids corporel, une consultation médicale est conseillée et une hospitalisation en urgence est indispensable, si cette perte atteint 10 % du poids initial de l’enfant.

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Réhydrater et réalimenter au plus vite !

Quel que soit le degré de déshydratation, la réhydratation doit débuter le plus rapidement possible. Au domicile, elle s’effectue avec des petites quantités de SRO (Solutés de Réhydratation Orale,  disponibles sans ordonnance en pharmacie), administrées très régulièrement à l’enfant. Si la déshydratation est trop importante, d’autres moyens sont envisagés aux urgences, notamment :

  • L’administration de SRO via une sonde naso-gastrique ;
  • Une réhydratation par voie intraveineuse ;
  • Le recours à la voie intra-osseuse dans les cas les plus graves.

À savoir ! Les SRO sont les seuls solutés adaptés pour la réhydratation de l’enfant atteint de déshydratation modérée. Ils contiennent des quantités parfaitement ajustées de glucides et de sels minéraux, en particulier de potassium.

Une fois la réhydratation adaptée mise en place, la seconde priorité est de réalimenter l’enfant dès que possible. La réalimentation constitue en effet une mesure d’accompagnement indispensable à une réhydratation bien conduite. Elle peut débuter 4 heures après le début de la réhydratation. A nouveau, le médecin urgentiste proscrit le suivi d’un régime particulier, par exemple à base d’eau de riz, de carottes ou sans produits laitiers. Le régime habituel peut être remis en place immédiatement et pour les plus jeunes enfants, l’allaitement maternel peut être poursuivi pendant tout l’épisode de la diarrhée aiguë. Cette reprise précoce de l’alimentation est essentielle pour éviter la dénutrition.

Face aux idées reçues et aux remèdes de grand-mère qui circulent encore très souvent sur les diarrhées aigües de l’enfant, deux maîtres mots doivent rester les priorités absolues : réhydratation et réalimentation !

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Estelle B. / Docteur en Pharmacie

– Session Trop c’est trop. Diarrhée aigüe de l’enfant. Chappuy H. Congrès Urgences 2018.
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