Du don de plasma aux médicaments dérivés du plasma

Par |Publié le : 24 janvier 2025|Dernière mise à jour : 24 janvier 2025|4 min de lecture|

En parallèle du don du sang et de plaquettes, il est possible de donner son plasma. Mais à quoi sert ce plasma ? Dans quelles situations est-il utilisé et après quelles étapes de préparation ? En France, le Laboratoire Français de Biotechnologie (LFB) est le seul laboratoire situé en France qui fractionne le plasma pour préparer des médicaments dérivés du plasma.

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Du plasma aux médicaments dérivés du plasma

Le plasma est la partie liquide du sang, c’est-à-dire le liquide jaune que l’on obtient une fois retirés les cellules du sang, à savoir les globules rouges, les globules blancs et les plaquettes sanguines. Il assure des rôles physiologiques essentiels. D’une part, il assure le volume sanguin et donc contribue à la circulation sanguine partout dans l’organisme. D’autre part, il renferme de nombreuses protéines, aux multiples rôles biologiques, par exemple :

  • Des facteurs de coagulation du sang ;
  • Des anticorps, déterminants pour la réponse immunitaire de l’organisme ;
  • Des protéines de transport qui assurent le transport des nutriments et des hormones au sein de l’organisme.

Le LFB, créé en France en 1994, est un laboratoire pharmaceutique, qui est le seul autorisé en France à fractionner le plasma collecté lors des dons de plasma par l’Etablissement Français du  Sang (EFS) pour produire des médicaments particuliers, les médicaments dérivés du plasma, qui sont des biomédicaments (des médicaments dérivés du vivant). Ces médicaments renferment une ou plusieurs protéines d’intérêt indispensables à la prise en charge de maladies, souvent rares et graves. 

Le fractionnement du plasma en protéines thérapeutiques

La transformation du plasma, recueilli au cours du don de plasma, en médicaments dérivés du plasma s’appelle le fractionnement, qui se divise en plusieurs étapes :

  1. La cryoséparation des protéines permet de séparer différentes protéines, d’un côté l’albumine (principale protéine du plasma) et les anticorps (ou immunoglobulines) et de l’autre côté des facteurs de coagulation ;
  2. L’isolement de la ou des protéines d’intérêt, grâce à des techniques spécifiques de purification des protéines ;
  3. La sécurisation de la protéine thérapeutique nécessaire à la fabrication du biomédicament, c’est-à-dire l’inactivation et l’élimination d’éventuels agents infectieux présents dans le plasma initial.

Les médicaments dérivés du plasma obtenus permettent de soigner des patients atteints de maladies rares et graves, comme :

  • Les hémophilies et autres troubles de la coagulation ;
  • Des déficits immunitaires primitifs, comme le déficit immunitaire combiné sévère lié à l’X ;
  • Des maladies auto-immunes ;
  • Des déficits enzymatiques d’origine génétique, comme le déficit en alpha-1-trypsine.

Chaque année, 500 000 patients ont besoin de médicaments dérivés du plasma en France.

À savoir !L’albumine présente en grande quantité dans le plasma peut également être utilisée pour restaurer le volume sanguin chez des polytraumatisés ou des grands brûlés.

La France dépendante à 70 % du plasma étranger…

Si le plasma est aussi essentiel à la prise en charge des malades, les dons de plasma effectués en France ne suffisent pas à couvrir les besoins des patients français. D’après l’EFS, le plasma collecté en France, et donc fractionné par le LFB, ne couvre actuellement qu’un tiers des besoins. La France n’est donc pas auto-suffisante en plasma et se voit contrainte d’importer des médicaments dérivés du plasma de l’étranger, principalement des USA, pays dans lequel le don de plasma est rémunéré.

En France, le don est un acte libre, anonyme et gratuit. Les valeurs éthiques du don sont défendues par les autorités de santé publique, l’EFS et le LFB. Mais la dépendance de la France vis-à-vis du plasma étranger, à hauteur de 70 %, amène à une réflexion éthique. Faut-il revenir sur les principes éthiques du don pour augmenter les dons de plasma et garantir l’autosuffisance en plasma ? Dans son dernier avis, le Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE) s’est penché sur cette problématique du don de plasma. Si le CCNE réaffirme son attachement au principe de gratuité du don, il prône aussi la souveraineté sanitaire et l’accès équitable aux traitements. Le CCNE a donc formulé 5 recommandations pour aller vers l’autosuffisance de la France en matière de plasma, parmi lesquelles une optimisation de l’organisation de la filière entre l’EFS et le LFB et une valorisation des donneurs pour reconnaître leur engagement et renforcer leur fidélité au don de plasma. 

Sources
– Groupe LFB. Le LFB, l’expertise engagée au service de la vie. . www.groupe-lfb.com. Consulté le 20 janvier 2025.
– CCNE. Don de plasma : vers un cadre éthique renforcé face à des enjeux sanitaires et sociétaux. Avis n°146. . www.ccne-ethique.fr. Consulté le 20 janvier 2025.
– Assurance Maladie. Don de plasma. . www.ameli.fr. Consulté le 20 janvier 2025.

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Estelle B.
Pharmacienne
Pharmacienne Spécialiste de l'information médicale et de l'éducation thérapeutique du patient. Passionnée par les domaines de la santé et de l'environnement marin. Rédige un contenu scientifique fiable avec des sources vérifiées en respect de notre charte HIC.