Douleurs chroniques : le début de la fin pour les opiacés ?

Actualités Douleur

Rédigé par Julie P. et publié le 26 juillet 2018

Avec près de 65 000 décès en 2016, les overdoses médicamenteuses sont la première cause de mortalité accidentelle aux Etats-Unis. Prescrits d’abord pour des douleurs chroniques, ces pilules à base d’opiacés créent, au fil du temps une forte dépendance physique et psychique. Un nouvel espoir de voir reculer ce fléau vient de naitre : le Derm-Bot.

Scientifique tenant une pilule rouge transparente

Retour en bref sur la « crise des antalgiques opiacés »

Pour soulager les douleurs chroniques, certains patients ont recours à des antalgiques à base d’opiacé. On distingue d’ailleurs les antalgiques opioïdes faibles (codéine, tramadol) de classe II et les antalgiques opioïdes (morphine, fentanyl) de classe III.

À savoir ! Les douleurs chroniques se définissent, selon la Haute Autorité de Santé comme « un syndrome multidimensionnel exprimé par la personne qui en est atteinte ». La douleur se caractérise par la persistance ou récurrence (depuis plus de trois mois) et la baisse significative des capacités fonctionnelles et relationnelles du patient dans ses activités quotidiennes.

La crise sanitaire des opiacés aux Etats-Unis est sans précédent et le phénomène de dépendance, touchant aujourd’hui 2 millions d’Américains, est souvent initié par une première prescription médicale pour soulager des douleurs articulaires, des maux de tête ou des douleurs consécutives à une chirurgie.

Le 26 octobre 2017, Donald Trump a d’ailleurs décrété  » l’urgence sanitaire nationale pour lutter contre la dépendance aux produits opiacés « .

En effet, l’analgésique le plus prescrit outre-Atlantique est l’oxycontin, un des antalgiques opioïdes le plus fort selon le classement de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et réservé initialement aux malades du cancer en phase terminale et à la prise en charge des douleurs post-opératoires.

Les autres opioïdes prescrits pour diminuer la douleur chronique sont la morphine et le fentanyl.

Le potentiel d’addiction de ce type de médicaments demeure très élevé et certaines personnes devenues « accros » basculent dans la consommation à outrance de médicaments ou dans l’héroïne.

À savoir ! ! Les opiacés sont obtenus à partir de l’opium, produit sédatif d’origine naturelle provenant de cultures de pavot. La morphine, l’héroïne, la codéine, la méthadone et la buprénorphine à haut dosage sont des opiacés. L’héroïne est l’opiacé le plus recherché en tant que drogue et ses propriétés sont comparables à celles de la morphine mais elle agit plus vite et plus intensément. Elle provoque l’apaisement, l’euphorie et une sensation d’extase puis une somnolence, des nausées et des vertiges.

Pour faire reculer cette épidémie de décès liés aux surdosages de médicaments, des équipes de chercheurs travaillent sur la mise au point de nouveaux médicaments antidouleur efficaces n’ayant pas ce potentiel addictif.

Lire aussiLe fentanyl : nouvelle drogue meurtrière

Vers une nouvelle molécule plus sécuritaire ?

Maria Maiarù et ses collègues de l’University College London au Royaume-Uni ont voulu mettre à profit les activités inhibitrices de la toxine botulique sur l’activité des neurones.

À savoir ! Au Royaume-Uni, 5 % de la population suit un traitement à base d’antalgiques opioïdes et 80 % d’entre eux subissent les effets indésirables de ces médicaments.

À savoir ! La toxine botulique est produite par Clostridium botulinum, une bactérie présente essentiellement dans le sol. C’est une neurotoxine puissante qui peut paralyser tout le corps et causer la mort par défaillance respiratoire. Certains types de toxines (il en existe huit au total) peuvent également être utilisés à faibles doses pour bloquer les signaux nerveux. Les injections de « botox » ont été utilisées comme relaxant musculaire permettant aux gens de se débarrasser, pendant un laps de temps, des rides du visage. Le Botox est aussi utilisé pour traiter les spasmes musculaires, les migraines chroniques et la douleur de la nuque.

Ainsi, ils ont mis au point, une molécule hybride composée d’une partie de molécule botulique et d’autre part de dermorphine, un opioïde 40 fois plus puissant que la morphine. Au final, cette molécule chimère, nommée Derm-BOT, va inhiber spécifiquement les neurones impliqués dans le traitement de la douleur au niveau de la moelle épinière.

En testant cette molécule, pendant 5 ans, sur plus de 200 souris souffrant de douleurs chroniques, les chercheurs ont montré qu’une injection intrathécale (dans la moelle épinière) suffisait à stopper la douleur chronique (douleur inflammatoire et neuropathique) pendant au moins un mois.

En parallèle, ces travaux, publiés dans la revue Science Translational Medicine, montrent qu’aucun effet indésirable d’accoutumance et de dépendance n’a été observé.

Dès à présent, l’équipe de chercheurs cherche des partenariats pharmaceutiques pour produire Derm-BOT dans les conditions requises pour les produits biopharmaceutiques en santé humaine. Ensuite, les premiers essais cliniques seront réalisés.

Lire aussiOverdoses d’antalgiques opioïdes en hausse !

Julie P., Journaliste scientifique

– Chronic pain: New compound may replace opioids. Medical News Today. A. Sandoiu. Consulté le 24 juillet 2018.
– Selective neuronal silencing using synthetic botulinum molecules alleviates chronic pain in mice. Science Translational Medicine. M. Maiaru et al. Consulté le 24 juillet 2018.
  • ROZA francoise says:

    Je souffre depuis 45 ans de névralgies d.arnold qui sont à la limite du supportable et je ne suis pas chochotte j.ai vu plusieurs spécialistes depuis 45 ans beaucoup m.ont dis que c.etait psychosomatique quels diagnostic FOUTAGE DE GUEULE aucun médecin ne peux m.aider a part me donner des anti dépresseur a 66 ans je n.ai jamais pris ces saloperies c.est quand même terrible on va sur la lune mais pour des douleurs récurrentes aucune recherches ni traitements l.opium serait-il un soulagement pour moi quelles autres solutions pourrai t on me conseiller ?

    • L'équipe Santé sur le Net says:

      Bonjour,
      Merci pour l’intérêt que vous portez à notre site Santé sur le Net.
      Malheureusement, nous ne sommes pas en mesure de vous répondre sur cette question portant sur votre situation médicale.
      Bonne journée,
      L’équipe Santé sur le Net

  • Houillon Christian says:

    Bonjour
    A la suite d’un accident du travail, j’ai subit une opération des cervicales. Cela fait plus de 10 ans que je prends le même traitement qui à doublé. Mon neurologue ne peut rien faire de plus. J’ ai pris la décision quand le mal et trop fort de fumer de l’herbe. Dans l’état, si vous avez d’autres proposition, solutions, je suis preneur. Je peux aussi suivre un protocole et me tenir à disposion dans le cadre d’une étude. Dans l’attente d’une réponse, recevez toute ma considération merci.

    • L'équipe Santé sur le Net says:

      Bonjour,
      Malheureusement, nous n’avons pas de solution alternative à vous proposer. Cependant, si vous souhaitez être inclus dans une étude clinique, vous pouvez vous renseigner sur les hôpitaux de votre région qui peuvent être susceptibles d’organiser de telles études.
      Nous vous souhaitons bon courage, ainsi qu’un bon week-end,
      L’équipe Santé sur le Net

Ou

Les commentaires sont fermés.