Avec un peu moins de 4 000 greffes par an en France, le rein est l’organe le plus transplanté actuellement. Mais comment déterminer l’avenir d’une greffe de rein ? La question est fondamentale pour l’équipe médicale comme pour le patient. Un nouvel outil d’Ibox, basé sur l’intelligence artificielle, permet pour la première fois de prédire l’avenir d’une greffe rénale. Explications.
Insuffisance rénale et greffe de rein
Les maladies rénales ne cessent de croître au fil des années, en France comme dans de nombreux pays à travers le monde. Au stade de l’insuffisance rénale chronique terminale, lorsque les reins ne sont plus capables d’épurer suffisamment le sang, il ne reste plus que deux options thérapeutiques :
- La dialyse à vie, avec des contraintes importantes pour le quotidien du patient ;
- La transplantation rénale, qui offre au patient la possibilité de retrouver une vie normale.
Si actuellement, la greffe de rein est privilégiée à chaque fois qu’elle est envisageable, le taux de rejet tardif du greffon, après une transplantation rénale, stagne depuis 1999. Il est donc essentiel de pouvoir évaluer l’avenir de la greffe.
Face à cette problématique, deux équipes françaises de recherche ont récemment une étude internationale pour mettre au point et évaluer un nouvel outil, baptisé IBox.
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IBox, l’intelligence artificielle au service de la greffe rénale
L’outil Ibox utilise l’intelligence artificielle. Il s’agit du premier algorithme universel de prédiction du risque de perte du rein greffé. Pour les équipes médicales de greffe, IBox offre pour la première fois la possibilité d’évaluer le risque individuel d’échec de la greffe, offrant deux perspectives majeures :
- Améliorer le suivi de chaque patient ;
- Optimiser le développement de nouveaux traitements immunosuppresseurs.
Pour concevoir l’outil IBox, les données cliniques, histologiques, immunologiques et fonctionnelles de 7 500 patients greffés rénaux, suivis sur plus de 10 ans, ont été nécessaires. Ces patients étaient suivis en Europe ou aux USA. Ensuite, IBox a été testé et validé sur 3 557 patients suivis en France, en Belgique ou aux USA. Il intègre 8 paramètres associés au risque de perte d’un greffon dans les 10 années qui suivent une transplantation rénale.
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Améliorer la qualité de vie des patients et réduire la durée des essais cliniques
Les deux volets de l’étude ont permis de conclure à la fiabilité des prédictions de l’outil IBox. Son utilisation est tout à fait compatible avec le suivi post-greffe des patients et sera déployé fin 2019 dans deux centres de greffe rénale pilotes de l’AP-HP. Il pourrait à terme être utilisé dans les centres de greffe rénale, partout dans le monde.
L’utilisation de l’outil IBox devrait permettre une amélioration significative de la qualité de vie des patients et de la survie à long terme des greffons rénaux, mais aussi réduire la durée des essais cliniques de plusieurs années. Par ailleurs, IBox pourrait trouver d’autres applications, en particulier dans les transplantations cardiaques et les maladies cardiovasculaires.
L’outil IBox est une nouvelle illustration de l’intérêt fort des algorithmes et de l’intelligence artificielle dans le domaine médical.
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Estelle B., Docteur en Pharmacie