Leucopénie chez les enfants : quand faut-il s’inquiéter ?
Une fièvre persistante, une prise de sang inhabituelle ou un état de fatigue inexpliqué peuvent parfois révéler une leucopénie chez l’enfant. Si ce terme impressionne, il ne désigne pas une maladie en soi, mais une anomalie du taux de globules blancs. Dans quels cas faut-il s’alarmer ? Le Dr Sarah Benezech, spécialiste en immuno-hématologie pédiatrique à IHOPE (Lyon), nous aide à mieux comprendre.
La leucopénie correspond à une diminution du nombre de globules blancs dans le sang. Elle ne constitue pas une maladie en elle-même, mais plutôt une anomalie biologique détectée à l’occasion d’un examen sanguin. « Ce n’est pas une pathologie en soi, mais un terme biologique, comme on parle d’anémie quand on observe une baisse du taux d’hémoglobine », explique le Dr Sarah Benezech. La leucopénie se mesure au cours d’un hémogramme, ou numération formule sanguine (NFS), un examen couramment prescrit en pédiatrie. Il permet de quantifier les cellules sanguines et d’évaluer notamment les différentes lignées de globules blancs.
Des causes multiples, des origines diverses
La leucopénie peut survenir dans de nombreuses situations. Elle est fréquemment observée à la suite d’une infection virale, comme une grippe ou une varicelle. Elle peut aussi résulter de la prise de certains médicaments, ou encore révéler une maladie génétique, un déficit immunitaire ou une atteinte plus grave de la moelle osseuse. Dans certains cas, elle est secondaire à une pathologie hématologique, comme une leucémie, ou à une aplasie médullaire, lorsque la moelle ne produit plus suffisamment de cellules sanguines. « Ce qui est important, c’est le contexte dans lequel on retrouve cette anomalie. Selon les signes cliniques associés, elle peut être banale ou au contraire très préoccupante », souligne la spécialiste.
Des valeurs qui varient selon l’âge
Il n’existe pas un seuil unique de globules blancs en dessous duquel on parle de leucopénie chez l’enfant. Les valeurs normales varient selon l’âge, le laboratoire et le contexte clinique. « On n’interprète pas de la même façon le taux de globules blancs chez un nourrisson d’un mois et chez un enfant de dix ans. C’est pourquoi il est essentiel d’évaluer les résultats avec les bonnes références d’âge », rappelle le Dr Benezech.
Quand faut-il consulter ?
La leucopénie est parfois découverte par hasard, lors d’un bilan de routine ou d’une prise de sang motivée par une fièvre persistante. Mais elle peut aussi être révélée dans un contexte plus alarmant. « Ce qui doit alerter, c’est la présence de symptômes associés : une fièvre prolongée, des infections sévères, une grande fatigue ou encore un enfant apathique », détaille la médecin. D’autres signes cliniques, comme l’apparition de ganglions ou d’un gonflement de la rate, peuvent justifier des investigations plus poussées. Il est également important de savoir si la leucopénie est isolée ou si elle s’accompagne d’autres anomalies sanguines. « Une baisse associée des globules rouges et des plaquettes, ce qu’on appelle une atteinte des trois lignées, est toujours un signal très préoccupant qui justifie des examens approfondis. »
Identifier la lignée atteinte
Le terme leucopénie désigne une baisse globale des globules blancs. Mais pour comprendre l’origine du trouble, il est nécessaire de regarder en détail quelle sous-catégorie est touchée. Il peut s’agir d’une lymphopénie (baisse des lymphocytes) ou d’une neutropénie (baisse des polynucléaires neutrophiles). « Le fait que ce soit telle ou telle lignée atteinte oriente vers des causes différentes. Une lymphopénie chez un nourrisson peut par exemple faire suspecter un déficit immunitaire, tandis qu’une neutropénie importante pourra faire évoquer d’autres types de pathologies,», précise la spécialiste.
Des examens complémentaires si nécessaire
Lorsque la leucopénie s’accompagne de signes d’alerte, des examens complémentaires peuvent être réalisés. Le premier réflexe est de demander au cytologiste de lire la lame au microscope, afin de repérer d’éventuelles cellules anormales, comme dans le cas d’une leucémie. Selon la situation, un myélogramme peut aussi être prescrit pour explorer le fonctionnement de la moelle osseuse. « Le choix des examens dépendra de l’âge de l’enfant et du tableau clinique. Dans les formes modérées et isolées, ou expliquées par un contexte infectieux banal, une simple surveillance peut suffire. »
Des traitements très variables
Il n’existe pas de traitement standard de la leucopénie, puisque celle-ci n’est que le reflet d’un autre trouble. « On ne traite pas directement la leucopénie, mais sa cause. Si elle est due à une infection bactérienne, on prescrira des antibiotiques. Si elle s’inscrit dans un contexte de leucémie, une chimiothérapie sera indiquée. En cas de déficit immunitaire sévère, on peut aller jusqu’à une greffe de moelle osseuse. » Dans certaines situations, notamment chez des nourrissons présentant des formes héréditaires sévères, une hospitalisation en unité protégée peut être nécessaire pour prévenir le risque infectieux.
Une vigilance utile, sans dramatiser
Si le mot impressionne, la leucopénie est dans la majorité des cas modérée et transitoire chez l’enfant. Elle survient le plus souvent dans un contexte infectieux et se corrige spontanément. « Le terme leucopénie est moins connu du grand public que celui d’anémie, car il ne s’accompagne pas toujours de symptômes visibles. Pourtant, il mérite qu’on s’y intéresse, car il peut révéler des situations très différentes », conclut le Dr Benezech. Face à une leucopénie, le premier réflexe reste de consulter son pédiatre, qui saura interpréter les résultats et orienter, si nécessaire, vers un spécialiste.
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