Un risque majoré de maladie d’Alzheimer en traitant la ménopause ?

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Rédigé par Estelle B. et publié le 11 avril 2019

La maladie d’Alzheimer connaît actuellement un essor inquiétant en France, avec près de 225 000 nouveaux cas chaque année. Comment expliquer une telle évolution ? Les chercheurs tentent de mettre en évidence des liens entre cette maladie neurodégénérative et certains facteurs, parmi lesquels l’exposition aux hormones. Une récente étude finlandaise s’est penchée sur le lien entre le traitement hormonal de la ménopause et le risque de développer une maladie d’Alzheimer.

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Traitement hormonal de la ménopause et maladie d’Alzheimer

À la ménopause, de nombreuses femmes se voient prescrire pour plusieurs années un traitement hormonal de substitution (couramment noté le THS), visant à réduire les troubles liés à la ménopause, le risque d’ostéoporose et le risque de certains cancers génitaux. Mais ce traitement pourrait-il parallèlement augmenter le risque de développer une maladie d’Alzheimer ?

Plusieurs études scientifiques ont suggéré que la maladie d’Alzheimer était influencée par l’exposition de l’organisme aux hormones. Concernant le lien entre le traitement hormonal de la ménopause et la maladie d’Alzheimer, les résultats des études étaient jusque-là contradictoires et des données scientifiques solides faisaient défaut.

Dans ce contexte, des chercheurs finlandais se sont intéressés à toutes les femmes finlandaises diagnostiquées pour une maladie d’Alzheimer entre 1999 et 2013. Leurs données médicales ont été comparées avec celles de femmes n’ayant pas développé de troubles neurodégénératifs.

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Un risque augmenté de maladie d’Alzheimer après un THS

Au total, l’étude a porté sur 84 739 femmes atteintes d’une maladie d’Alzheimer et autant de femmes indemnes de la maladie. Sur l’ensemble des femmes incluses dans l’étude, le risque de développer une maladie d’Alzheimer s’est avéré augmenté chez celles ayant utilisé un traitement hormonal de substitution. Ce résultat était observé quel que soit le type de THS prescrit :

  • Un risque augmenté de 9 % chez les femmes traitées uniquement par des œstrogènes ;
  • Un risque augmenté de 17 % chez celles traitées par une association d’œstrogènes et de progestérone.

Par ailleurs, en considérant l’âge des femmes au début du THS, le risque de développer une maladie d’Alzheimer était augmenté de 8 à 17 % pour un début de traitement avant 60 ans, tandis que le risque était augmenté de 15 à 38 % pour un THS initié après 60 ans.

Chez les femmes de moins de 60 ans au début du THS, le risque était particulièrement augmenté lorsque le traitement hormonal était poursuivi plus de 10 ans.

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Un aspect de plus à prendre en compte pour traiter la ménopause

Selon les résultats de cette nouvelle étude, un traitement hormonal de la ménopause sur plusieurs années pourrait augmenter significativement le risque de développer une maladie d’Alzheimer. Le risque serait le plus important pour les femmes ayant débuté un THS avant 60 ans et l’ayant poursuivi pendant plus de 10 ans.

À l’opposé, l’administration d’œstrogènes par voie vaginale n’aurait aucune incidence sur le risque de maladie neurodégénérative.

Les auteurs de l’étude incitent les prescripteurs à informer leurs patientes sur ce nouveau risque qui pourrait être associé au THS. Le traitement hormonal de substitution présentait déjà des avantages et des inconvénients, qui pouvaient rendre complexe le choix de l’instaurer ou non, en fonction des troubles ressentis par la patiente. Ces nouvelles données pourraient encore compliquer ce choix …

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Estelle B., Docteur en Pharmacie

– Use of postmenopausal hormone therapy and risk of Alzheimer’s disease in Finland: nationwide case-control study. Savolainen-Peltonen, H. and al. 2019. BMJ. 364:l665. doi: 10.1136/bmj.l665. Consulté le 10 avril 2019.
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