En France, environ 14 % des couples consultent au moins une fois par an pour un souci d’infertilité. Par infertilité, on fait référence à des difficultés à obtenir une grossesse. Infertilité comme stérilité peuvent avoir des causes multiples, féminines et/ou masculines. Depuis plusieurs décennies, le développement des techniques d’assistance médicale à la procréation s’est intensifié. Elles aident les couples concernés à concrétiser leur projet de conception.
Infertilité, définition et causes possibles
La fertilité ou fécondité est l’aptitude à obtenir une grossesse. Un couple est infertile, lorsqu’il ne parvient pas obtenir une grossesse.
Sur le plan médical, un couple est infertile en l’absence de grossesse après 12 à 24 mois de rapports sexuels complets et réguliers (deux à trois fois par semaine), sans contraception. En effet, pour un couple âgé de 25 ans, la probabilité mensuelle d’obtenir une grossesse est de 25 %.
D’une façon générale, la fertilité humaine est sous le contrôle d’un certain nombre de facteurs comme l’âge qui au fur et à mesure décroît la fertilité et augmente les risques de fausse couche mais également la consommation de tabac et d’alcool ou la prise de drogues. Le surpoids, l’obésité ou au contraire la maigreur sont des facteurs qui altèrent aussi la qualité de l’ovulation ou de production des spermatozoïdes.
À savoir ! Infertilité et stérilité ne sont pas des synonymes. En effet, la stérilité correspond à l’incapacité totale de procréer naturellement, qui diffère de l’hypofertilité, lorsque la probabilité mensuelle d’obtenir une grossesse est faible mais non nulle.
L’infertilité et la stérilité peuvent avoir des causes très diverses, liées à des troubles féminins (entre 33 et 35 % des cas) et/ou masculins (21 à 35 % des cas). Dans 39 % des cas, l’infertilité résulte d’un problème à la fois féminin et masculin. Parfois, l’homme et la femme sont fertiles, mais le couple ne l’est pas (20 % des cas). Enfin, l’infertilité inexpliquée, sans cause connue ou identifiée, concerne entre 7 et 10 % des cas.
L’infertilité masculine
L’infertilité masculine peut avoir diverses explications.
L’oligospermie
C’est la cause la plus fréquente et se caractérise par une diminution du nombre et de la qualité des spermatozoïdes (normalement, au moins 20 millions de spermatozoïdes par ml de sperme). Les causes de l’oligospermie restent mal connues, même si plusieurs facteurs semblent déterminants (âge, tabac, chaleur, pesticides, anomalies chromosomiques, troubles hormonaux) ;
L’asthénospermie
L’asthénospermie est un défaut de mobilité des spermatozoïdes (normalement, au moins 40 % sont mobiles dans le sperme), associé à des anomalies de structure des spermatozoïdes ou à des infections.
La nécrospermie
Elle se caractérise par une proportion élevée de spermatozoïdes morts dans le sperme (au moins 50 %), généralement due à une infection.
La tératospermie
Elle correspond à la présence de spermatozoïdes de formes anormales.
L’azoospermie
L’azoospermie se définit comme l’absence totale de spermatozoïdes dans le sperme, qui peut survenir dans deux contextes :
- En cas d’absence de production de spermatozoïdes par les testicules en raison d’une anomalie chromosomique, de séquelles de chimiothérapie ou de troubles hormonaux.
- A la suite d’une anomalie de l’évacuation des spermatozoïdes par l’appareil génital, en lien avec une malformation congénitale, une infection sexuellement transmissible ou un traumatisme.
La production d’anticorps anti-spermatozoïdes
Des anticorps anti-spermatozoïdes peuvent être produits par l’organisme suite à un traumatisme et peuvent nuire à la mobilité et aux capacités fécondantes du sperme ;
L’éjaculation rétrograde
Lorsque le sperme est éjaculé vers la vessie au lieu de vers l’extérieur, peut entraîner une infertilité. Elle survient surtout dans un contexte de maladies neurologiques ou de complications du diabète.
À savoir ! L’oligo-asthéno-tératospermie (OATS) correspond à l’association d’une oligospermie avec une asthénospermie et une tératospermie
L’infertilité féminine
Il existe également différentes causes d’infertilité féminine.
Les troubles de l’ovulation
Ces troubles peuvent avoir plusieurs origines :
Une absence d’ovulation ou bien une mauvaise qualité d’ovulation (20 % des cas d’infertilité).
Le syndrome des ovaires polykystiques qui est un trouble hormonal touchant plus de 5 % des femmes en âge de procréer et entraînant des kystes ovariens multiples, une rareté des cycles menstruels, ainsi qu’une pilosité excessive.
Les causes mécaniques
L’obstruction des trompes utérines, partielle ou totale, fait généralement d’infections sexuellement transmissibles mais aussi de l’endométriose ou de séquelles chirurgicales.
La présence d’obstacles mécaniques au niveau de l’utérus (malformations congénitales telles qu’un utérus cloisonné, fibrome ou polype utérin, endométriose, séquelles de chirurgie).
Des anomalies de la glaire cervicale et du col utérin
Généralement ces anomalies sont des séquelles qui surviennent à la suite d’un traitement de cancer du col de l’utérus.
Enfin, il peut s’agir d’un problème de compatibilité entre la glaire cervicale et les spermatozoïdes.
Diagnostic et traitements de l’infertilité
Les spécialistes conseillent de consulter après 12 à 18 mois de rapports sexuels réguliers et sans contraception. La consultation médicale est plus urgente si la femme est âgée de plus de 35 ans et/ou si le couple présente des antécédents médicaux pouvant induire une infertilité.
Pour déterminer les causes de l’infertilité et envisager une prise en charge adaptée, le médecin prescrit pour le couple différents examens médicaux dans le cadre de bilans d’infertilité.
Le bilan de fertilité masculin
L’examen de référence chez l’homme est l’analyse du sperme recueilli après masturbation :
- Le spermogramme a pour but d’évaluer le nombre, la mobilité et la vitalité des spermatozoïdes ;
- Le spermocytogramme pour étudier la morphologie des spermatozoïdes ;
- La spermoculture pour rechercher une éventuelle infection dans le sperme.
Selon les résultats, d’autres examens peuvent être prescrits en complément :
- Une échographie afin de visualiser les testicules, la prostate et les vésicules séminales ;
- Le dosage de la testostérone ;
- Un caryotype (recherche d’anomalies chromosomiques) ;
- Des tests génétiques pour rechercher certaines pathologies génétiques ;
- La recherche d’anticorps anti-spermatozoïdes dans le sang ;
- Des sérologies pour rechercher d’éventuelles infections sexuellement transmissibles ;
- Dans de rares cas, une biopsie testiculaire afin d’évaluer la production de spermatozoïdes.
Le bilan de fertilité féminin
Ce dernier peut comprendre différents examens, en fonction de la cause de l’infertilité :
- Une courbe de température (courbe ménothermique) sur deux mois qui repose sur la prise de température corporelle tous les matins au réveil pour déterminer s’il y a ou non ovulation. Cette dernière entraîne une augmentation de 0,4 à 0,5°C.
- Une échographie de la zone pelvienne pour rechercher une anomalie sur les ovaires (kystes), les trompes ou l’utérus (fibrome, polypes), parfois complétée par une IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) de la région abdomino-pelvienne.
- Une analyse de la glaire cervicale (quantité et aspect), sur un prélèvement dans les jours qui précèdent l’ovulation.
- Un bilan hormonal dans les premiers jours du cycle menstruel.
- Un caryotype pour rechercher d’éventuelles anomalies chromosomiques.
- Une hystérosalpingographie (ou hystérographie) consiste à injecter par le col de l’utérus un produit de contraste visualisé par imagerie. Cet examen permet de la bonne diffusion du produit dans l’utérus puis dans les trompes, signe d’une bonne perméabilité des trompes et de l’absence d’obstacles mécaniques dans l’appareil génital.
- Une hystéroscopie repose sur l’introduction dans le col de l’utérus d’un instrument optique afin de visualiser la forme de l’utérus et l’aspect de la muqueuse utérine.
- Une cœlioscopie abdomino-pelvienne dans certains cas, pour l’endométriose par exemple. Cet examen est effectué sous anesthésie générale, il consiste à introduire par l’ombilic un tube optique pour visualiser l’utérus, les ovaires et les trompes. A noter que certaines lésions peuvent être directement traitées au cours de cette intervention.
- Une biopsie de la muqueuse interne de l’utérus pour déterminer si l’embryon s’y fixer dans de bonnes conditions.
Quels sont les traitements de l’infertilité ?
La chirurgie peut dans certaines situations (fibrome utérin, endométriose, varicocèle, etc.) permettre de traiter les causes de l’infertilité.
Sinon, plusieurs techniques d’AMP (aide médicale à la procréation) existent pour traiter l’infertilité :
La stimulation médicamenteuse de l’ovulation
Des médicaments inducteurs de l’ovulation agissent soit au niveau du cerveau, soit directement sur les ovaires pour stimuler ou déclencher l’ovulation. Elle est aussi être utilisée comme étape préalable avant une insémination intra-utérine ou une fécondation in vitro, afin d’obtenir un nombre adéquat de follicules matures ;
L’insémination intra-utérine ou insémination artificielle
Celle-ci consiste à déposer directement dans l’utérus de la femme au moment de l’ovulation le sperme prélevé auparavant chez l’homme et préparé au laboratoire ;
La fécondation in vitro
Elle comprenant quatre étapes principales :
- Une stimulation de l’ovulation afin d’obtenir une dizaine de follicules matures. A noter que le traitement médicamenteux peut varier selon les causes d’infertilité. Les follicules fécondés sont ensuite prélevés par ponction folliculaire. La ponction s’effectue sous anesthésie locale ou générale par voie vaginale.
- La préparation du sperme implique un prélèvement de sperme après masturbation ou issu d’un prélèvement antérieur (congelé jusqu’à sa préparation).
- La fécondation avec mise en contact des ovocytes et des spermatozoïdes. S’il elle a lieu, un ou plusieurs embryons peuvent se développer in vitro.
- Le transfert d’un ou de plusieurs embryons au niveau de l’utérus. Il est possible de stocker les embryons inutilisés.
L’insémination intra-cytoplasmique de spermatozoïdes
La FIV-ICSI se déroule de la même manière qu’une FIV classique, seule l’étape de fécondation change. Plutôt que de simplement mettre en contact les spermatozoïdes avec les ovocytes in vitro.
L’ICSI demande deux étapes supplémentaires et spécifiques la sélection de spermatozoïdes de forme normale et avec une bonne mobilité ainsi que l’injection d’un spermatozoïde sélectionné directement dans l’ovocyte à l’aide d’une micropipette.
Le don de gamètes et le don d’embryon
Prise en charge des examens et traitements contre l’infertilité
L’Assurance Maladie prend en charge à 100 % l’ensemble des examens nécessaires pour les couples atteints d’infertilité, et ce jusqu’aux 42 ans révolus de la femme. Au niveau des techniques d’AMP, l’Assurance Maladie prend en charge un nombre limité de tentatives :
- 6 inséminations intra-utérines ;
- 4 tentatives de FIV ou de FIV-ICSI ayant donné lieu à un transfert d’embryons (les FIV ou FIV-ICSI sans transfert et les transferts d’embryons ne sont pas comptabilisés).
Rédigé par Estelle B., le 4 mai 2017. Mis à jour par Charline D., Docteur en pharmacie, le 20 avril 2022.
– Les causes de l’infertilité. procreation-medicale.fr. Consulté le 20 avril 2022.
– Les examens chez la femme. procreation-medicale.fr. Consulté le 20 avril 2022.
– Les examens chez l’homme. procreation-medicale.fr. Consulté le 20 avril 2022.