Les colites regroupent toutes les lésions du côlon, le segment du gros intestin situé entre le cæcum et le rectum. Une colite peut avoir différentes formes, selon sa cause et son mécanismes physiopathologiques. Certaines colites sont aiguës, d’autres sont chroniques, en fonction de leur origine et de leur évolution. Si le dépistage est commun à toutes les colites, le traitement mis en place est adapté à la cause de l’atteinte du côlon.
Définitions et symptômes d’une colite
Qu’est-ce qu’une colite ?
Une colite est une lésion du côlon, qui est une partie du gros intestin, c’est-à-dire la partie terminale du tube digestif. D’une longueur d’environ un mètre cinquante, le côlon se situe entre l’intestin grêle et le rectum.
Le côlon se divise en quatre segments successifs :
- Le côlon droit, ou côlon ascendant, entre le cæcum et le côlon transverse ;
- Le côlon transverse, qui relie le côlon droit au côlon gauche ;
- Le côlon gauche, ou côlon descendant, entre le côlon transverse et le côlon sigmoïde ;
- Le côlon sigmoïde jusqu’au rectum.
Le côlon a pour fonction digestive d’absorber l’eau contenue dans les déchets alimentaires pour obtenir des selles semi-solides, qui passent ensuite vers le rectum. Tous les segments du côlon peuvent être le siège d’une colite.
Les spécialistes distinguent plusieurs catégories de colites, selon leur origine et leur mécanisme physiopathologique :
- Les colites ischémiques sont liées à un arrêt de l’irrigation des tissus coliques par les vaisseaux sanguins. Si les causes de cette ischémie restent souvent obscures, les personnes atteintes de pathologies cardiovasculaires et les personnes de plus de 60 ans sont les plus touchées par cette forme de colite. La réduction du flux sanguin au niveau du côlon provoque des lésions de la muqueuse et des couches internes de la paroi colique, à l’origine d’ulcères de la muqueuse et de saignements.
- Les colites infectieuses, provoquées par des agents pathogènes (bactéries, virus, parasites) infectant le côlon, et favorisées par la prise récente de médicaments antibiotiques (traitement antibiotique dans les 6 à 8 semaines précédant la colite). D’autres thérapies peuvent favoriser cette forme de colite, par exemple la radiothérapie.
- Les colites ulcéreuses ou inflammatoires, dont la plus connue et la plus fréquente est la rectocolite hémorragique. Les causes de cette pathologie sont multiples, impliquant des facteurs génétiques, environnementaux et immunitaires.
À savoir ! La rectocolite hémorragique forme, avec la maladie de Crohn, les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI). A la différence de la rectocolite hémorragique, la maladie de Crohn n’est pas une atteinte spécifique du côlon et du rectum, car elle peut affecter toutes les parties du tube digestif.
Certains types de colites sont aiguës (par exemple certaines colites infectieuses post-traitement antibiotique), d’autres sont chroniques (notamment la rectocolite hémorragique). Des colites peuvent survenir à tous les âges de la vie, mais certaines colites sont souvent associées à une période de la vie. Ainsi la rectocolite hémorragique débute le plus souvent au cours de l’enfance, tandis que les colites infectieuses sont plus fréquentes chez les sujets âgés.
Quels symptômes ?
Les symptômes des colites varient selon la nature de l’atteinte colique.
Pour les colites ischémiques, les symptômes sont généralement :
- Une douleur abdominale ;
- Des selles sanglantes et fréquentes.
Pour les colites infectieuses, les signes cliniques habituels sont les suivants :
- Des douleurs abdominales ;
- Une diarrhée associée à des glaires ou à du sang ;
- Une fièvre modérée ;
- Une fatigue ou une soif intense si la colite s’associe à une déshydratation.
Si dans la majorité des cas, la colite infectieuse évolue favorablement en quelques jours, elle peut plus rarement être à l’origine de complications graves, telles que :
- Une déshydratation ;
- Une hémorragie digestive.
À savoir ! La forme la plus sévère de colite infectieuse est la colite due à Clostridium difficile, consécutive à la prise d’antibiotiques. La colite à Clostridium difficile est à la fois complexe à diagnostiquer et très difficile à traiter. Elle touche majoritairement des sujets hospitalisés et notamment des personnes âgées recevant de multiples traitements antibiotiques. Cette forme grave de colite peut mettre en jeu le pronostic vital du patient
Les colites ulcéreuses et inflammatoires, comme la rectocolite hémorragique, évoluent souvent avec une alternance de phases de rémission, sans symptômes, et de phases de poussées avec des signes cliniques d’intensité et de durée variables. Les symptômes de la rectocolite hémorragique peuvent être à la fois digestifs et non digestifs :
- Des symptômes digestifs :
- Des saignements digestifs (rectorragies) ;
- Des pertes de glaires sanglantes ;
- Des fausses envies pressantes et impérieuses d’aller à la selle (épreintes) ;
- Des douleurs abdominales, rectales et anales ;
- Une diarrhée inconstante ;
- Des symptômes non digestifs, comme des rhumatismes articulaires, des aphtes buccaux, un érythème noueux (boursouflures rouges et douloureuses sur les jambes et les bras), une uvéite (atteinte inflammatoire de l’œil), une atteinte des voies biliaires, une fatigue, une fièvre, une perte de poids ou encore une pâleur en cas d’anémie associée.
Des risques de complications sont associés aux formes sévères de colites ulcéreuses, notamment :
- Une aggravation brutale sous forme de colite aiguë ;
- Une péritonite, en cas de perforation du côlon ;
- Une hémorragie digestive ;
- Une augmentation du risque de cancer colorectal.
Diagnostic et traitements de la colite
Quel diagnostic ?
Les symptômes digestifs, la durée des symptômes et le contexte clinique du patient orientent généralement le médecin vers une colite. Pour confirmer ce diagnostic et déterminer la nature de la colite, différents examens peuvent être nécessaires, après un examen clinique du patient :
- Une échographie abdominale ou un scanner abdominal ;
- Une coloscopie (examen d’imagerie médicale permettant de visualiser la paroi interne du côlon à l’aide d’un tube fin et souple relié à des fibres optiques ou à une caméra miniature, et à une source lumineuse) durant laquelle des biopsies coliques peuvent être effectuées pour l’analyse anatomopathologique des lésions ;
- Des examens microbiologiques notamment une coproculture (analyse des selles) pour identifier un agent pathogène présent dans les selles ;
- Des examens sanguins pour détecter une anémie, un syndrome inflammatoire, des troubles rénaux, hépatiques ou encore nutritionnels ;
- Des examens ophtalmologiques, si une uvéite est suspectée.
La mise en évidence de lésions coliques permet de confirmer la colite, et la nature des lésions et des anomalies éventuelles associées permet de déterminer l’origine de la colite. Le pronostic de la colite dépend étroitement de la nature de la colite et de la sévérité des lésions.
Quels traitements ?
La prise en charge de la colite dépend de sa nature (ischémique, infectieuse ou ulcéreuse) et de sa durée (aiguë ou chronique). La rectocolite hémorragique nécessite une prise en charge pluridisciplinaire adaptée sur le long terme.
Dans le cas des colites ischémiques, les patients sont traités par :
- Des perfusions de liquides pour assurer un bon état d’hydratation et prévenir les troubles hydroélectrolytiques ;
- Un jeûne pour mettre le système digestif au repos pendant quelques jours ;
- Des antibiotiques ;
- Parfois une intervention chirurgicale pour réparer la partie abîmée du côlon.
Pour les colites infectieuses, le traitement principal associe un traitement antibiotique en cas d’infection bactérienne ou un traitement antiparasitaire en cas d’atteinte parasitaire. Des mesures hygiéno-diététiques sont également indiquées :
- Un jeûne de quelques heures avant la reprise d’une alimentation sans résidus pendant une quinzaine de jours ;
- Une bonne hydratation.
Pour les colites ulcéreuses, en particulier pour la rectocolite hémorragique, il n’existe actuellement pas de traitement curatif, la maladie reste chronique. La prise en charge pluridisciplinaire comprend plusieurs aspects :
- Des médicaments comme des dérivés de l’acide aminosalicylique, des corticoïdes ou des médicaments immunosuppresseurs ;
- Un traitement chirurgical nécessaire dans certaines situations (hémorragie digestive, perforation du côlon, inefficacité des médicaments, tumeur colique, …) ;
- Un accompagnement du patient (suivi psychologique, aide médico-sociale, …).
Dans tous les cas de colites, si les symptômes s’aggravent ou de nouveaux symptômes apparaissent, un avis médical spécialisé est nécessaire.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Colite ischémique. Manuel MSD. Consulté le 18 novembre 2020.
– Colite infectieuse. M. Sustersic et M. Tissot. Consulté le 18 novembre 2020.
– Colites des antibiotiques. Association Française de Formation Médicale Continue en Hépato. Consulté le 18 novembre 2020.
– Comprendre la rectocolite hémorragique. AMELI. Consulté le 18 novembre 2020.