Condylome


Rédigé par Estelle B. et publié le 26 février 2021

Couple chez un médecin pour condylome

Les condylomes sont des verrues génitales fréquentes et bénignes, provoquées des Papillomavirus humains. Plus rarement, elles peuvent affecter la région anale. Sexuellement transmissibles, ces infections touchent les hommes comme les femmes et se développent surtout au début de la vie sexuelle. Les récidives sont fréquentes les premières années. Si le diagnostic du condylome est presque exclusivement clinique, le traitement peut associer différentes alternatives thérapeutiques (chimiques, immunomodulatrices, physiques ou chirurgicales). La vaccination contre les infections liées aux Papillomavirus humains impliquées dans certains cancers est indispensable.

Définitions et symptômes du condylome

Qu’est-ce qu’un condylome ?

Souche du condylomeLe condylome correspond à une infection due à certaines souches de virus, les Papillomavirus humains. Cette infection prend la forme d’une verrue, qui affecte principalement les parties génitales des hommes et des femmes, et plus rarement la région anale.

À savoir ! Si les souches de Papillomavirus humains ne provoquent généralement pas de lésions précancéreuses, d’autres souches de virus sont impliquées dans le développement du cancer du col de l’utérus et certaines formes de cancer de l’anus. Néanmoins, lors de la contamination sexuelle, plusieurs types de souches virales peuvent être transmises, certaines pouvant provoquer un condylome, d’autres des lésions précancéreuses au niveau du col de l’utérus. Au total, les spécialistes ont recensé plus de 200 papillomavirus humains, dont une cinquantaine peut provoquer des lésions génitales

Les condylomes sont les infections sexuellement transmissibles les plus fréquentes dans le monde. D’origine virale, ils affectent entre 3 et 5 % de la population française au cours de la vie. Les hommes comme les femmes peuvent être touchés. Le plus souvent, les verrues ano-génitales apparaissent au début de la vie sexuelle, avec un pic de prévalence entre 20 et 25 ans, et une nette baisse après 30 ans. Les souches virales de Papillomavirus humains les plus impliquées sont :

  • Le HPV 6 ;
  • Le HPV 11.

La transmission se fait par :

  • Contact direct avec les lésions, au cours d’un rapport sexuel ;
  • Transmission indirecte au contact d’objets ou d’atmosphère souillés (linge, vêtement, sauna, jacuzzi, …) ;
  • Plus rarement auto-contamination en cas de mauvaise hygiène des mains notamment.

Certaines catégories de personnes ont un risque plus élevé de développer des condylomes, en particulier toutes celles qui présentent une immunodépression liée à :

Quels symptômes ?

Les condylomes, verrues ano-génitales externes, se développent sous la forme de lésions particulières :

  • Chez l’homme principalement au niveau du pénis, du prépuce, du gland et de la région périanale, plus rarement au niveau de l’urètre ou du canal anal ;
  • Chez la femme principalement au niveau de la vulve, du périnée et de la région périanale, plus rarement au niveau du vagin, de l’urètre ou du canal anal.

Les lésions peuvent apparaître plusieurs mois après la contamination.

Selon la typologie des lésions, les spécialistes distinguent trois types de condylomes :

  • Les condylomes acuminés correspondent à lésions bourgeonnantes, uniques ou multiples, de couleur rose à gris, localisées ou disséminées et semblant accrochées à une forme de pied ;
  • Les condylomes papuleux correspondent à des boutons multiples, roses ou de couleur chair, à la surface lisse, isolés ou en nappe ;
  • Les condylomes plans sont des gros boutons rouges ou rosés, généralement observés au niveau de la muqueuse anale.

Sans traitement, les condylomes peuvent parfois régresser et disparaître d’eux-mêmes, mais le plus souvent les lésions cutanées s’étendent et peuvent entraîner :

  • Une gêne physique importante ;
  • Un impact psychologique.

Si les condylomes ne présentent pas d’évolution cancéreuse, ils ont une forte tendance à récidiver, généralement dans l’année qui suit la première apparition des verrues. Par ailleurs, dans 20 à 30 % des cas, les condylomes s’accompagnent d’une infection par d’autres Papillomavirus humains, qui provoquent des lésions précancéreuses au niveau du col utérin ou du canal anal. Cette co-infection doit être systématiquement recherchée en cas de condylome, compte-tenu du risque majeur d’évolution vers un cancer du col de l’utérus, de l’anus, de la vulve, du vagin ou du pénis.

Diagnostic et traitements

Quel diagnostic ?

Le diagnostic des condylomes est essentiellement clinique, basé sur l’observation des lésions caractéristiques. Les lésions sont visibles à l’œil nu, mais leur détection impose de rechercher en parallèle des lésions précancéreuses au niveau du col de l’utérus, au moyen d’un frottis cervico-vaginal.

Le plus souvent, aucun examen complémentaire n’est nécessaire. Néanmoins en cas de doute ou de lésions suspectes, des examens plus approfondis sont mis en œuvre pour caractériser les lésions :

  • Un examen minutieux de l’anus, du pénis, du vagin et du col de l’utérus ;
  • Une urétroscopie pour visualiser l’intérieur de l’urètre ;
  • Une anuscopie pour visualiser l’intérieur du canal anal ;
  • Une biopsie de lésions atypiques ou en cas de condylomes résistants aux traitements.

Le diagnostic peut ainsi faire appel à plusieurs avis spécialisés, notamment celui d’un urologue, d’un proctologue et d’un gynécologue.

Les condylomes sont des infections sexuellement transmissibles, il est donc normal de rechercher d’autres IST pouvant être associées aux verrues génitales, notamment :

Parallèlement, la découverte de condylome chez un patient doit amener à ausculter le ou les partenaires sexuels pour rechercher des lésions suspectes au niveau génital et/ou anal.

Quels traitements ?

traitement du condylomeUne idée reçue est tenace sur les condylomes : ils seraient inguérissables et les porteurs le resteraient porteurs. En réalité, la plupart des patients guérissent définitivement après des traitements bien conduits et cessent alors d’être contagieux.

À savoir ! S’il est possible de faire disparaître définitivement les condylomes, ils peuvent néanmoins se manifester à nouveau en cas d’immunodépression

La prise en charge des condylomes repose uniquement sur l’utilisation de traitements locaux, qui peuvent être :

  • Des traitements chimiques, destructeurs des verrues, caractérisés par l’application locale sur plusieurs semaines de podophyllotoxine, d’acide trichloracétique ou de 5-fluorouracile. Ces traitements sont longs et souvent douloureux, provoquant une irritation de la peau et des muqueuses ;
  • Des traitements physiques et chirurgicaux:
    • La cryothérapie ou traitement par le froid grâce à l’application d’azote liquide est conseillée pour les lésions de petite taille ;
    • Le laser CO sous anesthésie locale ou générale ;
    • L’électrocoagulation (application d’un courant électrique), recommandée pour les lésions multiples ou de grande taille, sous anesthésie locale ou générale ;
    • L’exérèse chirurgicale consiste à retirer chirurgicalement les lésions, une technique utilisée en dernier recours quand les autres traitements sont inefficaces ;
  • Des traitements immunomodulateurs: l’imiquimod en application locale.

Il n’existe à ce jour aucun traitement général, par voie orale, contre les condylomes.

Généralement, plusieurs traitements successifs sont nécessaires pour éradiquer totalement les lésions cutanées. Certains de ces traitements sont douloureux et nécessitent un traitement antalgique préventif.

Par ailleurs, la vaccination contre les infections à Papillomavirus humains est fortement recommandée, pour limiter les risques de récidives de condylomes et pour se protéger contre les cancers associés à certaines souches de Papillomavirus humains.

À savoir ! Le port du préservatif masculin est fortement recommandé en cas de condylome chez l’un des deux partenaires sexuels, et ce pendant toute la durée des traitements et les 6 mois qui suivent la disparition totale des lésions. Néanmoins, sa protection n’est pas totale, car des virus peuvent être présents sur la peau ou la muqueuse non recouverte par le préservatif masculin

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Les condylomes. dermato-info.fr. Consulté le 25 février 2021.
– Condylomes. snfge.org. Consulté le 25 février 2021.

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