Hypopituitarisme


Rédigé par Charline D. et publié le 1 septembre 2021

Hypopituitarisme

L’hypopituitarisme est une affection hormonale caractérisée par une insuffisance de l’une ou plusieurs hormones hypophysaires. Les manifestations peuvent être diverses, par exemple, une taille inférieure à la moyenne, une infertilité, une intolérance au froid, une fatigue importante ou une impossibilité de produire du lait. Le diagnostic repose sur le dosage des hormones hypophysaires dans le sang. Des examens d’imagerie sont également nécessaires. Le traitement de l’hypopituitarisme consiste à substituer les hormones manquantes par des hormones synthétiques. Dans certains cas, lorsque le trouble est d’origine tumorale, le traitement chirurgical, seul ou associé à la radiothérapie, est prescrit.

Définition et symptômes de l’hypopituitarisme

Qu’est-ce que l’hypopituitarisme ?

L’hypophyse est une glande présente à la base du cerveau. Elle fait la taille d’un pois, mais elle contrôle la majorité des autres glandes endocrines de l’organisme. L’hypophyse est constituée de deux lobes : le lobe antérieur qui représente 80% de la glande, et le lobe postérieur. L’hypophyse est sous le contrôle de l’hypothalamus, une petite région localisée au cœur du cerveau qui coordonne le système nerveux autonome et le système endocrinien. La sécrétion hormonale au niveau de l’hypophyse n’est pas continue. Pour la majorité des hormones, il y a des pics de sécrétion qui surviennent toutes les 1 à 3 heures. La sécrétion est dite circadienne (taux maximal au lever et minimal au coucher)

Hypopituitarisme chez une femme

L’hypopituitarisme est une affection rare caractérisée par un déficit en hormones hypophysaires. Les plus touchées sont celles de l’antéhypophyse, à savoir la corticotrophine, la thyréostimuline, la somathormone, les gonadotrophines et la prolactine. Lorsque le déficit concerne toutes les hormones sécrétées par l’hypophyse, on parle de panhypopituitarisme.

Les causes d’hypopituitarisme sont nombreuses. Généralement, le trouble est acquis. Il fait suite à une tumeur, une irradiation de l’hypophyse, une hémochromatose ou à un syndrome de Sheehan (nécrose de l’antéhypophyse). L’hypopituitarisme d’origine congénitale est très rare. L’origine de ce dernier est inconnue, et il est caractérisé par un déficit isolé en somathormone.

Quels symptômes ?

Les symptômes de l’hypopituitarisme dépendent des hormones affectées par le déficit.

L’affection peut survenir brutalement. Néanmoins, dans la grande majorité des cas, les manifestations surviennent progressivement. Par ailleurs, la production hypophysaire d’une seule hormone peut diminuer, ou bien, comme c’est majoritairement le cas, la production de plusieurs hormones est affectée.

Ainsi, plusieurs carences peuvent se développer, plus ou moins simultanément.

Carence en hormone de croissance

Lorsqu’un déficit en hormone de croissance survient chez un enfant, il entraîne un retard de croissance et une taille inférieure.

Chez l’adulte, ce type de carence est généralement asymptomatique. Il n’affecte pas la taille puisque les os ont terminé leur croissance. Un manque d’énergie peut être ressenti.

Carence en gonadotrophines

Une carence en gonadotrophines, et plus particulièrement, en hormone folliculostimulante et en hormone lutéinisante, se traduit chez la femme non ménopausée, par une aménorrhée (arrêt des menstruations), une stérilité et une sécheresse vaginale. La perte de certains caractères sexuels féminins est également associée.

Chez l’homme, ce type de carence cause une atrophie testiculaire, une stérilité induite par la diminution de la production de spermatozoïdes, une dysfonction érectile et la perte de certains caractères sexuels masculins.

Chez l’enfant, un déficit en gonadotrophines retarde la puberté. Un syndrome de Kallmann peut parfois se développer. Il est caractérisé par la présence d’une fente labiale, une cécité des couleurs et une incapacité à sentir les odeurs.

Carence en thyréostimuline

Une carence en thyréostimuline cause une hypothyroïdie qui se manifeste par différents symptômes comme une confusion, une frilosité, une prise de poids, une constipation et une sécheresse de la peau.

Carence en hormone adrénocorticotrope

Une carence en hormone adrénocorticotrope ou ACTH conduit à une insuffisance surrénalienne, la maladie d’Addison. Cette maladie se manifeste par de la fatigue, une faible tension artérielle, un faible taux sanguin de glucose et une intolérance au stress.

Ce type de carence est la plus préoccupante.

À noter ! Une absence totale d’hormone adrénocorticotrope peut être mortelle.

Carence en prolactine

Chez la femme, une carence en prolactine engendre une baisse, voire une absence totale de production de lait après l’accouchement.

Le syndrome de Sheehan est une rare complication du post-partum. Il peut causer une carence en prolactine ou plusieurs hormones hypophysaires. Le syndrome est lié à une perte excessive de sang et un choc pendant l’accouchement conduisant à une destruction partielle de la glande hypophyse. Il se manifeste par de la fatigue, une perte des poils axillaires et pubiens, et une absence de sécrétion de lait.

La carence en prolactine n’engendre aucun trouble connu chez l’homme.

Carence hypothalamique

L’hypothalamus est une région cérébrale contrôlant l’hypophyse.

Les tumeurs affectant l’hypothalamus peuvent donc engendrer des carences en hormones hypophysaires.

L’apoplexie hypophysaire

L’apoplexie hypophysaire est un ensemble de symptômes qui se manifeste lorsque la circulation sanguine de l’hypophyse est stoppée. Elle survient généralement en cas de tumeur hypophysaire.

Elle se traduit par des maux de tête importants, une raideur du cou et des troubles visuels.

Sans prise en charge, un hypopituitarisme peut s’aggraver soudainement, notamment à l’occasion d’un stress, d’une infection ou d’une chirurgie. L’aggravation se manifeste par une hypoglycémie, une hypotension, une baisse de la température corporelle et des troubles de la conscience, allant parfois jusqu’au coma.

Diagnostic et traitement de l’hypopituitarisme

Quel diagnostic ?

Le diagnostic d’un hypopituitarisme repose sur la réalisation d’analyses sanguines et d’examens d’imagerie.

examens d’imagerie

L’hypophyse stimule la sécrétion d’autres hormones par diverses glandes de l’organisme. Ainsi, la découverte de toute dysfonction d’une autre glande, par exemple la thyroïde, doit systématiquement conduire la vérification de l’hypophyse.

La réalisation d’un dosage sanguin des hormones hypophysaires est la première étape du diagnostic.

En général, un dosage des hormones produites par l’organe cible est également demandé. En effet, la confrontation des résultats permet d’indiquer au médecin l’origine du dysfonctionnement (l’organe ou la glande hypophysaire). Par exemple, en cas d’hypothyroïdie :

  • Le taux d’hormones thyroïdiennes est bas, et le taux de thyréostimuline produite par l’hypophyse est bas ou normal. On en déduit une insuffisance hypophysaire ;
  • Le taux d’hormones thyroïdiennes est bas, et le taux de thyréostimuline est important. On en déduit une insuffisance thyroïdienne.

Lorsque l’hypopituitarisme est révélé par les analyses sanguines, des examens d’imagerie sont nécessaires. L’hypophyse est d’ordinaire étudiée par tomodensitométrie ou par IRM. L’objectif est de mettre en évidence les anomalies structurelles de la glande hypophysaire.

Quel traitement ?

Le traitement d’un hypopituitarisme est celui de sa cause, associé à la substitution des hormones déficitaires.

En cas d’hypopituitarisme lié à une tumeur, une intervention chirurgicale est le traitement de première intention. Parfois, la radiothérapie peut être utilisée en complément ou comme alternative à la chirurgie.

Le traitement de substitution consiste à remplacer non pas les hormones hypophysaires, mais leurs hormones cibles. Ainsi, pour la carence :

  • En thyréostimuline, ce sont les hormones thyroïdiennes qui sont directement administrées (thyroxine) ;
  • En ACTH, ce sont les hormones corticosurrénaliennes (comme l’hydrocortisone ou la 9-alpha-fludrocortisone) qui sont prescrites ;
  • En hormone lutéinisante et folliculostimulante, ce sont des hormones sexuelles (œstrogènes ou de la testostérone) qui sont administrés.

À noter ! L’hormone de croissance est la seule hormone hypophysaire substituée.

Charline D., Docteur en pharmacie

Sources
– Hypopituitarisme. msdmanuals.com. Août 2019.
– Hypopituitarisme. larousse.fr. Consulté le 27 juillet 2021.

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