Agnosie


Rédigé par Charline D. et publié le 19 juillet 2019

Agnosie

L’agnosie est due à une lésion d’origine traumatique, infectieuse, vasculaire, tumorale ou dégénérative au niveau des zones cérébrales responsables de l’interprétation et de la mémorisation des objets. Le diagnostic de l’agnosie est essentiellement clinique, mais il peut être confirmé par des tests neuropsychologiques, et sa cause précisée grâce à des examens d’imagerie. Il n’existe aucun traitement spécifique de l’agnosie si ce n’est le traitement de sa cause lorsque c’est possible. Une prise en charge par kinésithérapie et ergothérapie permet d’adapter l’environnement du patient et de lui apprendre à compenser ses déficits.

Définition et symptômes

Qu’est-ce que l’agnosie ?

Dysarthrie-definitionLe terme « agnosie » désigne une incapacité à reconnaître des objets malgré des capacités sensorielles intactes. Ce trouble est rare dans la population.En effet, un objet est reconnu lorsque l’information sensorielle le concernant a été interprétée par le cerveau, et cela suppose la mise en relation d’informations déjà mémorisées pour des objets similaires. En cas de lésions cérébrales des zones concernées par les fonctions d’interprétation et de mémorisation, ces actions deviennent difficiles, voire impossibles : c’est l’agnosie.

L’agnosie affecte, en général, une seule fonction, à savoir l’audition, le toucher ou un autre sens. Ainsi, un objet peut, par exemple, être reconnu par la vue ou l’audition, mais pas par le toucher.

On distingue donc trois grands types d’agnosie :

  • L’agnosie auditive qui se traduit par une incapacité à identifier des bruits, des sons ou le langage parlé. Et cela, avec des capacités auditives intactes. Les lésions temporales du côté droit peuvent en être à l’origine ;
  • L’agnosie tactile qui est l’incapacité à reconnaître des objets avec les mains ;
  • L’agnosie visuelle qui se manifeste par une impossibilité à reconnaître par la vue des objets pourtant familiers. Des lésions au niveau occipito-temporal peuvent la provoquer.

À savoir ! Lorsqu’il existe une absence totale de vision des couleurs, on parle d’achromatopsie.

Il existe deux autres types d’agnosie, moins fréquents, affectant d’autres sens comme :

  • Le goût, on parle d’agnosie gustative ;
  • L’odorat, c’est l’agnosie olfactive.

Enfin, d’autres formes d’agnosie, beaucoup plus complexe et très spécifiques d’un sens : la prosopagnosie, l’anosognosie et l’agnosie somatosensorielle.

La prosopagnosie se traduit par une incapacité à identifier des visages familiers ou à distinguer des objets. Le patient ne parvient pas à identifier les visages connus ou même son propre reflet dans un miroir. Cependant, la capacité à distinguer les différentes parties des objets et des visages reste intacte. Cette forme d’agnosie est due à des lésions au niveau du lobe temporal.

L’anosognosie désigne le fait de ne pas avoir conscience d’un déficit ou ne pas comprendre ce déficit. Ce trouble est souvent lié à une lésion du lobe pariétal droit à cause d’un AVC ou d’un traumatisme crânien. En effet, les patients qui présentent de multiples déficiences peuvent ne pas être conscients de l’une d’entre elles, mais être totalement conscient des autres. Ce déni peut parfois aller jusqu’au rejet de l’existence d’un membre paralysé par exemple.

Une agnosie somatosensorielle résulte de lésions du lobe pariétal également. Les patients qui en souffrent ont des difficultés à identifier les objets que l’on place dans leur main qui se trouve du côté opposé à leur lésion cérébrale.

Quelles sont les causes de l’agnosie ?

L’agnosie est un trouble engendré par une lésion au niveau cérébral, et plus précisément du lobe pariétal, temporal ou occipital. Ces différentes zones du cerveau servent à emmagasiner les souvenirs relatifs à l’utilisation et l’importance d’objets familiers, d’images ou de sons qu’elles intègrent à la mémoire.

L’agnosie est d’apparition brutale, le plus souvent, elle survient après un traumatisme crânien ou un accident vasculaire cérébral (AVC). Cependant, d’autres causes existent : les tumeurs, les abcès cérébraux et certaines affections dégénérative comme la maladie d’Alzheimer.

Quels sont les symptômes ?

Les symptômes de l’agnosie divergent selon la partie cérébrale concernée.

Lorsque le lobe pariétal est lésé, généralement en lien avec un AVC, les patients ont du mal a identifier un objet familier (par exemple, leurs clés de voiture) placé dans la main du côté du corps opposé à la lésion. En revanche, dès qu’ils aperçoivent l’objet, ils parviennent immédiatement à le nommer.

En cas de lésion au niveau du lobe occipital, les patients ont des difficultés à identifier un objet familier, comme une cuillère, lorsqu’il le voit. Dans d’autres formes d’agnosie, les patients ne parviennent pas à reconnaître des visages (prosopagnosie) ou des lieux familiers (agnosie spatiale).

Enfin, lorsque le lobe temporal est concerné, les patients ne peuvent pas reconnaître des sons. Il peut exister un déficit dans la perception de la musique, on parle alors d’amusie.

Diagnostic et traitement

Agnosie-diagnostic-traitement

Quel diagnostic ?

En premier, le diagnostic de l’agnosie repose sur l’examen clinique du patient, à savoir l’étude de ses symptômes. Cette première approche permet d’exclure la présence d’une autre pathologie (par exemple, une pathologie ou un trouble oculaire ou auditif) avant de poursuivre les recherches dans le sens d’une agnosie.

Des tests neuropsychologiques permettent d’évaluer la fonction cérébrale du patient pour compléter le diagnostic clinique. Le médecin demande à son patient d’identifier des objets fréquents par la vue, le toucher et l’ouïe.

Des examens d’imagerie, par exemple, la tomodensitométrie (TDM) ou l’imagerie par résonance magnétique (IRM) peuvent être prescrit afin de déterminer l’origine (par exemple un AVC ou une tumeur) de la lésion cérébrale.

Quel traitement ?

Lorsqu’il est possible, le traitement de l’agnosie nécessite le traitement de sa cause. Par exemple, si la cause est un abcès, la prise en charge du patient peur impliquer un traitement à base d’antibiotiques et une intervention chirurgicale pour drainer l’abcès.

Sinon, l’agnosie ne dispose d’aucun traitement médical spécifique permettant de soigner ce trouble. En effet, parfois, l’agnosie est secondaire à des pathologies dont le traitement est encore inconnu, par exemple les maladies dégénératives comme la maladie d’Alzheimer.

Une prise en charge par une équipe d’orthophonistes, de kinésithérapeutes et d’ergothérapeutes permet au patient d’apprendre à pallier ses déficits.

L’ergothérapie permet de rendre l’environnement de la personne agnosique plus adapté à ses besoins grâce à la mise en place de dispositifs spécifiques.

Une rééducation orthophonique peut être efficace sur l’agnosie lorsque cette dernière est secondaire à un accident vasculaire cérébral. Les résultats dépendent cependant de l’importance de la lésion et de son ancienneté.

La récupération d’une agnosie est influencée par plusieurs facteurs dont le type, la taille et la localisation des lésions, le degré de handicap, l’âge du patient et l’efficacité des traitements. Lorsque l’origine du trouble est réversible, la guérison survient dans les 3 mois. Parfois, la récupération peut prendre plus de temps et d’étaler sur 1 an.

Charline D., Docteur en pharmacie

– Agnosie. Larousse. Consulté le 15 juillet 2019.
– Agnosie. Le manuel MSD – version pour professionnels de santé. Consulté le 15 juillet 2019.
– Agnosie. Le manuel MSD – version pour le grand public. Consulté le 15 juillet 2019.

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