La prosopagnosie


Rédigé par Florence D-L. et publié le 7 avril 2023

photo d'un homme sans visage montrant une prosopagnosie.

Dans le langage courant, on dit de quelqu’un qu’il est physionomiste lorsqu’il reconnaît très facilement, parfois même au premier coup d’œil, une personne qu’il a déjà rencontrée, même quand la rencontre remonte à très longtemps ou a eu lieu dans un tout autre contexte. A l’inverse, il y a la prosopagnosie. Ce trouble neurologique rare et méconnu se traduit par de grandes difficultés, voire une incapacité totale, à reconnaître les visages, y compris ses proches et son propre reflet dans le miroir. La prosopagnosie peut sembler étonnante, cocasse voire même comique, et pourtant elle représente un véritable handicap au quotidien pour les personnes qui en souffrent.

Définition

Reconnaître un visage implique de faire fonctionner successivement plusieurs parties du cerveau, selon un mécanisme complexe et dont nous n’avons bien entendu absolument pas conscience. En cas de prosopagnosie, ce mécanisme est défaillant : nous voyons la personne en face de nous mais nous ne la reconnaissons pas.

Qu’est-ce que la prosopagnosie ?

C’est un trouble neurologique marqué par une incapacité à reconnaître les visages.

La prosopagnosie a été décrite pour la première fois en 1947, par un médecin allemand, le Dr Bodamer.

Sur le plan étymologique, elle vient du grec “prosôpon” qui signifie “visage” et du grec “agnôsia » qui signifie « méconnaissance ». L’agnosie est le terme médical plus global qui désigne tout trouble de la reconnaissance.

À savoir ! La prosopagnosie est un trouble méconnu à la fois du grand public et des professionnels de santé. Les études scientifiques sur le sujet sont peu nombreuses. Sur le plan épidémiologique, une étude menée sur des étudiants allemands a permis de conclure que la prosopagnosie concernerait environ 2,5% de la population.

homme sans visage à cause de la prosopagnosie.

Quels sont les différents types de prosopagnosie ?

De façon générale, les scientifiques distinguent trois grands types en fonction de leur mode d’apparition :

  • La prosopagnosie développementale ou congénitale : elle est présente dès la naissance ;
  • La prosopagnosie progressive ou neurodégénérative : elle naît puis s’aggrave dans le cadre d’une maladie neurodégénérative comme la maladie d’Alzheimer ;
  • La prosopagnosie acquise : elle apparaît brutalement suite à une ou plusieurs lésions cérébrales.

À savoir ! Le degré de sévérité de la prosopagnosie est très variable d’une personne à une autre. Dans certains cas, la prosopagnosie concerne uniquement la reconnaissance des visages présents sur un support photo, alors que celle des visages en vidéo ou en présentiel est conservée.

Quelles sont les symptômes associés ?

En cas de prosopagnosie, tout se passe comme si l’individu atteint ne voyait pas ou ne pouvait pas voir le visage de la personne en face de lui. Il ne la reconnaît tout simplement pas, qu’il s’agisse d’une personne célèbre ou d’un membre de sa propre famille. Il a aussi le plus grand mal à mémoriser les nouveaux visages qu’il est pourtant amené à croiser au quotidien.

Dans certains cas, le sujet prosopagnosique ne reconnaît pas son visage dans un miroir ou sur une photo. On parle alors d’autoprosopagnosie.

La prosopagnosie peut également s’accompagner d’autres troubles neurologiques et notamment d’autres troubles de la reconnaissance visuelle. Ainsi, une personne prosopagnosique peut éprouver des difficultés à reconnaître des lieux, des paysages ou bien même son propre animal de compagnie.

Dans la vie de tous les jours, elle constitue un handicap invisible et pourtant bien réel. La personne prosopagnosique peut essayer de “compenser” en s’aidant des détails physiques de la personne, de sa voix, etc. Cependant, cela ne fonctionne pas toujours et peut laisser penser que la personne est peu physionomiste, tête en l’air, prétentieuse, ou pire qu’elle ne s’intéresse pas aux personnes qui l’entourent. Cela peut poser problème dans toutes les relations avec autrui, à commencer par le milieu professionnel.

À savoir ! Il ne faut pas confondre la prosopagnosie avec le syndrome de Capgras aussi appelé “syndrome d’illusion des sosies”. Dans ce trouble de l’identification, la personne reconnaît les visages mais elle est également convaincue que ses proches ont été remplacés par des sosies ou des imposteurs.

Quelles sont les causes ?

La prosopagnosie est une affection neurologique complexe dont les causes diffèrent selon le type.

cerveau et prosopagnosie

La prosopagnosie développementale ou congénitale

Les causes d’apparition de la prosopagnosie développementale ou congénitale sont encore relativement méconnues.

Le rôle de l’hérédité et de la génétique est sans doute majeur même si d’autres facteurs, notamment environnementaux, entrent peut-être en ligne de compte.

La prosopagnosie progressive ou neurodégénérative

Comme son nom l’indique, elle est associée à une maladie neurodégénérative, dont la plus connue et la plus fréquente est la maladie d’Alzheimer. Cette maladie se traduit par la mort progressive des neurones ce qui entraîne une altération de nombreuses fonctions cognitives dont la mémoire. Au fur et à mesure que la maladie évolue, le patient finit par ne plus reconnaître les visages qui l’entourent, y compris les plus familiers.

La prosopagnosie acquise

La prosopagnosie acquise résulte d’une lésion cérébrale. Plusieurs situations sont possibles, comme par exemple un accident vasculaire cérébral, un traumatisme crânien, une tumeur au cerveau, etc.

Diagnostic et traitements de la prosopagnosie

C’est un trouble devant faire l’objet d’une prise en charge spécialisée par un neurologue.

Comment diagnostiquer la prosopagnosie ?

Tout d’abord, le neurologue discute avec le patient et lui pose un certain nombre de questions, afin de préciser les difficultés qu’il ressent au quotidien.

Dans un second temps, il existe des tests visuels permettant de déterminer dans quelle mesure le patient est prosopagnosique.

En parallèle, des examens complémentaires, et notamment des examens d’imagerie sont réalisés pour éventuellement trouver la cause de la prosopagnosie.

Comment traiter la prosopagnosie ?

La prise en charge du patient dépend du type de prosopagnosie dont il est atteint.

En cas de prosopagnosie développementale ou congénitale, il n’existe pas de traitement.

En cas de prosopagnosie associée à une maladie, le traitement de la cause permet de faire disparaître ou d’atténuer la prosopagnosie, même si dans le cas des maladies neurodégénératives, les traitements actuellement disponibles permettent uniquement de ralentir l’évolution.

La prévention avant tout

Malheureusement, il n’existe pas de prévention spécifique de la prosopagnosie. En revanche, de nombreux éléments de notre hygiène de vie peuvent participer à la bonne santé de notre cerveau :

  • Adopter une alimentation saine, variée, équilibrée, faite maison, bio et de saison autant que possible ;
  • Pratiquer une activité physique régulière ;
  • Eviter les toxiques dont le tabac et l’alcool ;
  • Bien s’hydrater ;
  • Dormir suffisamment ;
  • Limiter le stress ;
  • Stimuler le cerveau et la mémoire : par de petits exercices, des jeux, etc.

À savoir ! La consommation d’oméga-3 et notamment de DHA (acide docosahexaénoïque) est recommandée pour prendre soin de son cerveau. On trouve ce type d’oméga-3 dans les poissons gras comme la sardine, le maquereau ou encore le hareng.

Rédigé par Florence D.-L., Docteur en pharmacie

Sources
– Agnosie. www.msdmanuals.com. Consulté le 7 mars 2023
– La prosopagnosie, un trouble méconnu. www.observatoireb2vdesmemoires.fr. Consulté le 7 mars 2023

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