Touchant plus de 55 millions de personnes dans le monde, la démence a des conséquences physiques, psychologiques et sociales non négligeables. Ce constat est d’autant plus préoccupant que l’espérance de vie augmente et qu’aucun traitement n’existe à ce jour. Et si la consommation quotidienne de fraises à un âge moyen permettait de réduire le risque de démence à un âge avancé ? C’est ce que suggère une nouvelle étude menée par des chercheurs américains de l’Université de Cincinnati. Zoom sur les conclusions de leurs travaux, publiées dans la revue Nutrients.
Prévenir la démence est indispensable
La démence est un terme générique qui englobe plusieurs maladies affectant la mémoire, la pensée et la capacité à réaliser des tâches quotidiennes. Touchant plus de 55 millions de personnes dans le monde (principalement des personnes âgées), la démence s’aggrave avec le temps. Quant à ses conséquences physiques, psychologiques et sociales, elles sont loin d’être négligeables pour la personne qui en souffre et son entourage. Et ce constat est d’autant plus préoccupant que l’espérance de vie des populations augmente et qu’il n’existe à ce jour aucun traitement de la démence.
À savoir ! Dans la démence, ce sont parfois les changements d’humeur et de comportement qui surviennent avant les problèmes de mémoire (anxiété, tristesse, colère, changement de personnalité, comportement inapproprié, interruption des activités professionnelles ou sociales).
Dans ce contexte, la prévention et l’atténuation des risques liés à la démence représentent un enjeu majeur de santé publique. Des études précédemment menées avaient révélé que l’ajout de myrtilles à l’alimentation quotidienne de certaines populations d’âge moyen pouvait réduire les risques de développer une démence à un âge avancé. Or, les myrtilles renferment des polyphénols antioxydants appelés anthocyanes. Associés à des améliorations métaboliques et cognitives, ces anthocyanes se retrouvent également dans les fraises. Par ailleurs, il existe des données épidémiologiques suggérant que les personnes consommant régulièrement des myrtilles ou des fraises présentent un déclin cognitif plus lent avec l’âge.
Si des études ont déjà documenté les bénéfices métaboliques et cardiovasculaires de la consommation de fraises, peu de recherches se sont jusqu’à présent penchées sur ses effets cognitifs. Forts de ce constat, des chercheurs américains de l’Université de Cincinnati ont mis sur pied une étude consistant à évaluer si la consommation de fraises pouvait améliorer les performances cognitives et la santé métabolique de personnes en surpoids. Sachant que le surpoids constitue un facteur d’inflammation durable associée à la démence.
Manger des fraises pour réduire le risque de démence ?
Pour mener à bien leurs travaux, les scientifiques ont recruté 30 patients prédiabétiques en surpoids âgés de 50 à 65 ans et déclarant souffrir d’un léger déficit cognitif. Pour chacun d’eux, ils ont procédé à l’enregistrement de plusieurs types de données parmi lesquelles :
- Des données anthropométriques : poids, taille, tour de taille.
- Des données métaboliques : glucose, l’insuline et l’hémoglobine glyquée.
- Des données neuropsychologiques avec inventaire de l’humeur.
Dès leur entrée dans l’étude, les participants ont reçu la consigne de s’abstenir de consommer des baies ou des produits à base de baies, dont les fraises, pendant toute la durée de l’expérience (3 mois). Après avoir été répartis en deux groupes, les participants ont ensuite consommé chaque jour au petit-déjeuner une dose de 13 grammes de poudre à mélanger avec de l’eau. Pour le premier groupe, il s’agissait d’une poudre contenant l’équivalent d’une tasse de fraises entières (source de 36,8 milligrammes d’anthocyanes). Et pour le second groupe, il s’agissait d’une poudre « témoin » présentant le même aspect et le même goût mais sans aucune teneur en polyphénols.
Puis les participants ont été soumis à des tests mesurant certaines capacités cognitives comme la mémoire à long terme. Au cours de l’étude, les chercheurs ont également suivi l’humeur, l’intensité des symptômes dépressifs ainsi que le niveau de résistance à l’insuline et le taux de cholestérol de chaque participant.
À savoir ! Le niveau de résistance à l’insuline représente un facteur de risque important de démence en fin de vie.
Action anti-inflammatoire des anthocyanes et prévention de la démence
Après analyse des données, les scientifiques ont pu observer que les participants supplémentés en fraise :
- Commettaient moins d’erreurs aux tests cognitifs.
- Présentaient un moindre déclin cognitif (moins de difficulté à reconnaître et à se souvenir d’une information).
- Présentaient une baisse significative des symptômes dépressifs.
- Présentaient une amélioration de leur capacité d’adaptation émotionnelle.
Pour les chercheurs, ces bénéfices sont attribuables à l’action anti-inflammatoire des anthocyanes des fraises. En revanche, aucun effet n’a été constaté sur la santé métabolique des participants. Bien que des recherches plus approfondies soient nécessaires, les auteurs de cette étude estiment que la supplémentation en fraises à un âge moyen pourrait aider à réduire l’inflammation dans le cerveau et ainsi le risque de démence à un âge plus avancé. Prochaine étape pour les scientifiques ? Mener de nouveaux essais cliniques à plus grande échelle et tester différents dosages de supplémentation en fraises !
Déborah L., Dr en Pharmacie
– Early Intervention in Cognitive Aging with Strawberry Supplementation. Nutrients.www.mdpi.com. Consulté le 16 novembre 2023.
– Démence. Organisation mondiale de la santé. www.who.int. Consulté le 16 novembre 2023.