Touchant aujourd’hui un adulte sur deux, le surpoids et l’obésité représentent des problématiques de santé publique de plus en plus préoccupantes. D’autant que leur incidence ne cesse d’augmenter au sein de la population et que les jeunes sont de plus en plus concernés. Or, force est de constater que les solutions médicamenteuses actuellement disponibles sont rares. Et si le liraglutide pouvait se révéler efficace dans la prise en charge de l’obésité infantile ? C’est l’hypothèse avancée par une récente étude américaine. On fait le point.
Obésité infantile : une prise en charge limitée
Touchant aujourd’hui un adulte sur deux, le surpoids et l’obésité représentent des problématiques de santé publique de plus en plus préoccupantes. D’autant que leur incidence ne cesse d’augmenter au sein de la population et que les enfants et adolescents sont de plus en plus concernés. Le surpoids va souvent de pair avec des maladies comme le diabète ou l’hypertension artérielle. Quant à l’obésité, il s’agit d’une maladie métabolique chronique et multifactorielle associée à de nombreux risques pour la santé.
À savoir ! En 2017, la prévalence de l’obésité chez les jeunes français de 6 à 17 ans était de 5,4 % et celle du surpoids de 20 %.
Or, force est de constater que les solutions médicamenteuses actuellement disponibles contre le surpoids et l’obésité sont limitées. La prise en charge repose en effet essentiellement sur des mesures hygiéno-diététiques relatives aux prises alimentaires ou à l’activité physique ainsi que sur la chirurgie bariatrique pour les formes sévères d’obésité. A l’heure actuelle, un seul médicament est aujourd’hui disponible en France dans la prise en charge de certaines formes d’obésité sévère chez l’adulte : il s’agit du liraglutide.
À savoir ! Le liraglutide est un analogue du GLP-1 (Glucagon Like Protein-1) destiné à lutter contre le diabète de type 2. Les essais cliniques menés sur cette classe de médicament ont révélé qu’ils étaient capables d’améliorer l’équilibre glycémique mais également d’aider à un meilleur contrôle du poids corporel. Après la mise en place d’un traitement à base de liraglutide, la perte de poids est évaluée à 12 semaines. Si elle n’excède pas 5 % du poids des patients, le traitement est arrêté.
Dans ce contexte d’options thérapeutiques limitées pour traiter l’obésité infantile, des chercheurs américains se sont intéressés à l’effet du liraglutide chez des enfants souffrant d’obésité, en complément des mesures hygiéno-diététiques traditionnelles. Selon eux, si l’obésité infantile n’est pas traitée, elle « persiste presque universellement à l’âge adulte. Une intervention précoce est donc essentielle ».
Vers un nouveau traitement pour la perte de poids de l’enfant ?
Pour mener à bien cette étude, intitulée « Scale Kids », les chercheurs ont recruté 82 enfants obèses, âgés de 6 à 11 ans et présentant un IMC de 31 kg/m2 ainsi qu’un poids corporel de 70,2 kg. Après randomisation, les enfants ont été répartis en deux groupes :
- Un groupe « liraglutide » : avec une dose de 3 mg par jour en injection.
- Un groupe « placebo » avec une injection quotidienne de placebo.
En complément de cette injection quotidienne, chaque patient a reçu des conseils hygiéno-diététiques et a été encouragé à pratiquer une heure par jour d’exercice d’intensité modérée à élevée.
Après une période de suivi d’un peu plus d’un an (56 semaines), les chercheurs ont pu observer les résultats suivants :
- Baisse de l’indice de masse corporelle (IMC) d’au moins 5 % chez près de la moitié des enfants traités contre 8,7 % des enfants du groupe placebo.
- Baisse moyenne de 5,8 % de l’IMC pour le groupe liraglutide contre une hausse de 1,6% pour le groupe placebo.
- Augmentation de l’IMC et du poids corporel dans les deux groupes à l’arrêt des injections.
- Variation moyenne du poids corporel de +1,6 % pour le liraglutide et de +10 % pour le placebo (expliquée par la croissance des enfants en cours d’année).
- Amélioration des complications liées à l’obésité (comme la pression artérielle et le contrôle de la glycémie) dans le groupe liraglutide.
Notons qu’il n’y a eu aucun impact sur la puberté et la croissance des enfants des deux groupes. En revanche, des effets secondaires fréquents ont été rapportés dans le groupe liraglutide (89,3 %) et dans le groupe placebo (88,5 %). C’est ainsi que 80,4 % des enfants du groupe liraglutide ont souffert de manifestations gastro-intestinales (contre 53,8 % pour le groupe placebo). Ces effets indésirables gastro-intestinaux sont déjà connus et fréquents pour les agonistes du récepteur GLP-1.
Des recherches à approfondir
Présentés à l’occasion du congrès de l’European Association for the Study of Diabetes (EASD) 2024 et publiés dans The New England Journal of Medicine, les résultats de cette étude attestent de l’efficacité et de la sécurité du liraglutide pour la perte de poids chez l’enfant obèse de 6 à 11 ans.
Les éditorialistes du New England Journal of Medicine soulignent néanmoins que la prudence est requise quant aux effets à long terme de ce traitement chez les enfants prépubères. Ils s’inquiètent également du rebond de l’indice de masse corporelle à l’arrêt du traitement, induisant la potentielle dépendance au traitement médicamenteux.
Selon eux, il est nécessaire d’attendre les résultats de la phase d’extension et d’approfondir ce travail de recherche par la conduite d’études complémentaires. Affaire à suivre !
Déborah L., Dr en Pharmacie
– Liraglutide for Children 6 to <12 Years of Age with Obesity — A Randomized Trial. www.nejm.org. Consulté le 15 septembre 2024.