Movember 2023 : les enjeux de la santé masculine

En 2003, des Australiens lancent une opération 100 % dédiée à la santé masculine : le mouvement Movember. Tout au long du mois de novembre, la santé masculine et ses enjeux sont mis à l’honneur pour sensibiliser et mobiliser le plus grand nombre. 20 ans après sa création, Movember reste une opération essentielle pour la santé des hommes, à l’image de l’opération Octobre Rose pour les femmes.

Movember, 100 % consacré à la santé des hommes

L’opération Movember a choisi un symbole spécifiquement masculin : la moustache. Les concepteurs australiens de cette opération avaient pour ambition de mobiliser et de sensibiliser sur les pathologies spécifiquement masculines et sur les enjeux particuliers de santé chez les hommes. Ils ont choisi trois grands axes pour le mouvement :

• La santé mentale et la prévention du suicide chez les hommes ;
• Le cancer de la prostate ;
• Le cancer du testicule.

Le cancer de la prostate et le cancer du testicule sont par définition des pathologies exclusivement masculines. Le cancer de la prostate est le premier cancer masculin en France, avec près de 60 000 nouveaux cas en 2018, et la troisième cause de décès par cancer en France, avec plus de 8 000 décès en 2018. Le cancer du testicule est plus rare, mais touche souvent des hommes plus jeunes. C’est d’ailleurs le cancer le plus fréquent chez les hommes de 15 à 45 ans. En 2018, près de 2 800 nouveaux cas ont été diagnostiqués en France.

Trois axes clés pour la santé masculine

Le troisième axe, la santé mentale et la prévention du risque suicidaire, n’est pas spécifiquement masculin, mais les hommes restent plus touchés que les femmes. En effet, ils sont trois fois plus nombreux à se suicider que les femmes et la surmortalité masculine liée au suicide se retrouve dans de nombreux pays à travers le monde. A chaque minute, un homme se suicide dans le monde.

Le mouvement Movember organise des collectes de fonds pour la recherche scientifique pour faire avancer les recherches sur ces trois thèmes de santé masculine, mais il mène aussi des actions en entreprise pour ouvrir le dialogue sur la santé des hommes. Ces actions ont pour objectif de faire passer des messages clés aux hommes, mais aussi aux femmes et aux décideurs et acteurs. Pour le cancer de la prostate, un dépistage précoce est essentiel pour optimiser le pronostic et la réponse au traitement. En France, un dépistage par un dosage du PSA (Prostatic Specific Antigen) est proposé pour les hommes à partir de 50 ans.

Réduire de 25 % la mortalité prématurée des hommes d’ici 2030

Pour le cancer du testicule, il n’y a pas d’action de dépistage organisé. Il est donc essentiel que les hommes connaissent les signes à surveiller (développement d’une masse palpable sur le testicule, sensation de lourdeur dans les testicules, gêne, douleur persistante, gonflement du testicule) et consultent un professionnel de santé au moindre doute. Là encore, un diagnostic précoce améliore le pronostic et donc les chances de guérison (de plus de 90 % actuellement).

Face au risque suicidaire, les actions de prévention sont généralement les mêmes pour les hommes et pour les femmes. Pourtant, le risque suicidaire est beaucoup plus élevé chez les hommes. Une approche spécifique pourrait s’avérer pertinente. Les concepteurs du mouvement Movember s’étaient fixés comme objectif d’atteindre une baisse de 25 % des décès prématurés chez les hommes à l’horizon 2030. En France, la mortalité prématurée recule depuis le début des années 2000, avec une baisse plus forte chez les hommes que chez les femmes.

Estelle B., Docteur en Pharmacie