Ostéoporose vs ostéopénie : comprendre la différence
Souvent confondues, l’ostéoporose et l’ostéopénie désignent deux degrés de fragilité osseuse. À quel moment faut-il s’en inquiéter ? Quand faut-il consulter ? Et surtout, que peut-on faire pour préserver ses os ? Le Dr Étienne Dahan, rhumatologue à Strasbourg, nous aide à y voir clair.

L’ostéoporose se définit par une perte progressive de la densité et de la qualité des os, qui les rend plus fragiles et expose au risque de fracture. Son diagnostic repose sur un examen simple : l’ostéodensitométrie, qui mesure la densité minérale osseuse (DMO). « On obtient un score, appelé T-score. En dessous de –2,5, on parle d’ostéoporose », explique le Dr Étienne Dahan. Ce chiffre tient compte de l’âge, du sexe et de l’origine ethnique du patient.
Mais la solidité osseuse ne se résume pas à un chiffre. « La densitométrie vous dit combien d’os vous avez perdu, mais pas comment il est constitué », précise le spécialiste. Des questionnaires de santé permettent d’évaluer la qualité osseuse à travers le mode de vie, l’alimentation, les antécédents médicaux ou les traitements en cours.
« Certains ont de gros pylônes en polystyrène, d’autres de petits pylônes en titane : la taille ne fait pas tout ! »
L’ostéopénie, un état d’alerte plus qu’une maladie
Avant l’ostéoporose, il existe un stade intermédiaire : l’ostéopénie, lorsque le T-score se situe entre –1 et –2,5. « C’est la même évolution, mais à un stade plus précoce. Ce n’est pas une maladie, simplement le signe que les os vieillissent », souligne le Dr Dahan. Vieillir des os n’a rien de pathologique : c’est un phénomène naturel qui traduit simplement le temps qui passe.
Ce diagnostic, souvent posé autour de la cinquantaine, doit être vu comme une invitation à la prévention. C’est le moment idéal pour corriger certaines habitudes, pratiquer une activité physique régulière, améliorer son alimentation et surveiller d’éventuelles carences.
Quand faire une ostéodensitométrie ?
Le meilleur moment pour réaliser une densitométrie se situe après la ménopause, lorsque la baisse des œstrogènes accélère la perte osseuse. Mais l’examen n’a de sens que s’il existe des facteurs de risque supplémentaires : antécédents familiaux de fracture, traitement prolongé par corticoïdes, pathologies hormonales ou mode de vie défavorable (tabac, alcool, sédentarité). « Si on le fait trop tôt, on ne saura pas quoi en faire ; si on le fait trop tard, on manque la fenêtre d’action », résume le rhumatologue.
Les causes multiples de la fragilité osseuse
La santé osseuse dépend de l’environnement, des hormones et de la génétique.
Les trois grands “toxiques osseux” sont bien connus : tabac, alcool et inactivité physique. À l’inverse, une bonne hygiène de vie — alimentation équilibrée, sommeil, activité physique — protège les os. Chez les jeunes, l’acquisition d’un bon capital osseux est déterminante. « Une alimentation carencée, pauvre en produits laitiers ou trop restrictive, empêche de constituer une masse osseuse suffisante », prévient le Dr Dahan.
Certaines maladies (troubles thyroïdiens, parathyroïdiens, maladies inflammatoires) ou traitements comme les corticoïdes peuvent aussi aggraver la déminéralisation. Chez les jeunes, l’acquisition d’un bon capital osseux est déterminante. « Une alimentation carencée, pauvre en produits laitiers ou trop restrictive, empêche de constituer une masse osseuse suffisante », prévient le Dr Dahan.
Certaines maladies (troubles thyroïdiens, parathyroïdiens, maladies inflammatoires) ou traitements comme les corticoïdes peuvent aussi aggraver la déminéralisation. Et l’héritage familial joue un rôle non négligeable : « On hérite aussi des os de ses parents », rappelle-t-il.
Calcium, vitamine D et traitements ciblés
La première étape du traitement consiste à corriger les facteurs de risque : arrêter de fumer, limiter l’alcool, adopter une activité physique régulière. Viennent ensuite les apports en calcium et en vitamine D, souvent insuffisants dans nos modes de vie actuels. « On peut les obtenir par l’alimentation ou par des compléments, notamment dans les régions moins ensoleillées », explique le médecin.
En cas d’ostéoporose avérée, plusieurs traitements médicamenteux peuvent être proposés :
- les biphosphonates, qui freinent la dégradation osseuse ;
- les SERMs (raloxifène), qui miment les œstrogènes ;
- ou encore les analogues de la PTH (tériparatide), qui stimulent la formation osseuse.
Chez la femme ménopausée, le traitement hormonal substitutif (THS) peut également aider à préserver la densité osseuse, sous réserve d’une indication adaptée et d’un suivi médical régulier. « C’est un excellent traitement post-ménopause, mais il ne doit jamais être prescrit uniquement pour les os », insiste le Dr Dahan.
Bouger pour renforcer ses os
L’activité physique reste un pilier majeur de la prévention. « Le meilleur sport pour l’os, c’est la marche », affirme le rhumatologue. Le simple fait d’appuyer les pieds au sol stimule le squelette : 6 000 pas par jour suffisent à entretenir la solidité osseuse.
Tous les sports dits “en charge” — marche, course, vélo — sont bénéfiques, sans restriction particulière. « On peut très bien être ostéoporotique et faire de la boxe ! » sourit-il.
Contrairement aux idées reçues, la pratique sportive ne fragilise pas les os, elle les entretient. Le plus important est de rester actif et d’éviter les longues périodes sans mouvement.
Une fragilité silencieuse mais évitable
L’ostéoporose concerne une femme sur trois et un homme sur cinq, mais elle évolue souvent sans signe visible. « Il n’y a pas de douleur, sauf en cas de fracture », rappelle le Dr Dahan. C’est ce qui en fait une maladie “silencieuse”.
Quant à l’ostéopénie, elle ne doit pas inquiéter : « C’est comme les rides, un signe du temps qui passe. Mais c’est aussi le moment parfait pour agir. »
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