L’ostéopénie est le stade de déminéralisation osseuse qui précède l’ostéoporose. Autrement dit, l’ostéopénie est une faiblesse osseuse qui n’est pas suffisamment préoccupante pour parler d’ostéoporose. Cet état concerne 50 % des femmes dans les 10 à 15 ans qui suivent la ménopause. L’ostéopénie diminue la densité des os, les fragilisent et accroît ainsi le risque de fracture. Près de 400 000 fractures ostéoporotiques sont comptabilisées chaque année. L’examen de référence permettant le dépistage de l’ostéopénie est l’ostéodensitométrie osseuse qui consiste à mesurer la densité minérale des os. Il n’y a pas de traitement spécifique pour l’ostéopénie. Diverses mesures permettent néanmoins de prévenir ce trouble ou son aggravation : alimentation équilibrée, activité physique régulière, etc.
Définition et symptômes de l’ostéopénie
Qu’est-ce que c’est ?
Une ostéopénie est une déminéralisation osseuse qui se traduit par une perte de la densité osseuse et une fragilisation de l’os. Elle concerne environ 50% des femmes après la ménopause.
À noter ! L’ostéopénie n’est pas à proprement parlé une maladie. Ce trouble se situe, en effet, à mi-chemin entre la perte physiologique de masse osseuse et l’ostéoporose.
À savoir ! Le tissu osseux est dynamique. Il est constamment en remaniement grâce à la coordination de deux types de cellule : les ostéoclastes qui détruisent l’os abîmé (résorption osseuse), et les ostéoblastes qui reconstruisent un nouvel os (formation osseuse). En cas d’ostéopénie ou d’ostéoporose, il existe un déséquilibre, l’activité des ostéoclastes est plus importante.
Entre 60 et 80% du capital osseux est fixé génétiquement à la naissance. Le pourcentage restant est dépendant de l’hygiène de vie de chaque individu. La masse osseuse augmente beaucoup durant l’enfance et l’adolescence. Après la trentaine, la masse osseuse commence à diminuer.
À noter ! Chez les femmes ménopausées, la perte osseuse est accélérée. Ainsi, à l’âge de 80 ans, un homme a perdu un quart de sa masse osseuse et une femme en a perdu près de 40%.
La diminution de la masse osseuse est physiologique une fois la cinquantaine révolue. Autrement dit, la production osseuse devient inférieure à la résorption osseuse, ce qui fragilise le squelette. Les hormones sexuelles (œstrogènes et androgènes) et la vitamine D interviennent dans le remodelage osseux. Ainsi, toute diminution de l’un ou de l’autre suffit à perturber l’équilibre, et à fragiliser l’os.
Divers facteurs sont connus pour ralentir, ou au contraire accélérer, la résorption osseuse : la déminéralisation osseuse naturelle liée à l’âge, la ménopause, l’hérédité, la carence en calcium, le déficit en vitamine D, un faible poids, une consommation excessive d’alcool ou de tabac, certaines pathologies hormonales (hyperthyroïdie par exemple) ou chroniques (insuffisance rénale, maladie coeliaque, maladie de Crohn, etc.) et le manque d’activité physique.
Quels symptômes ?
L’ostéopénie est asymptomatique. Cependant, si elle n’est pas détectée et prévenue, elle continue d’évoluer et conduit à une ostéoporose pouvant être à l’origine de symptômes.
L’ostéoporose est responsable de fractures. Les localisations sont typiques : vertèbres, poignet et fémur. Une douleur osseuse peut être associée. Les fractures liées à l’ostéoporose surviennent à l’occasion de traumatismes minimes voir spontanément.
Les fractures vertébrales sont majoritairement asymptomatiques. Leur seul signe est une diminution de la taille du patient. Bien que les douleurs ne soient pas toujours présentes lors de la fracture, elles peuvent survenir après lors de la marche ou d’un effort. Elles sont habituellement apaisées par le repos, et peuvent être associées à des déformations.
Les fractures du col du fémur sont très douloureuses et imposent un alitement strict.
Les fractures du poignet représentent souvent les premières fractures liées à l’ostéoporose. Elles sont fréquentes chez les femmes après la ménopause, et nécessitent une immobilisation de l’avant-bras, voire une intervention chirurgicale.
Diagnostic et traitement de l’ostéopénie
Quel est son diagnostic ?
Le dépistage de l’ostéoporose, et idéalement, de l’ostéopénie, est essentiel et représente un réel enjeu de santé publique. Sans prévention ou prise en charge adaptée, environ 40% des Françaises et 15% des Français de plus de 50 ans auront une ou plusieurs fractures dans les prochaines années. Les dépenses liées à la prise en charge des fractures secondaires à l’ostéoporose et à leurs complications sont considérables.
L’ostéodensitométrie est un examen médical qui a pour objectif de dépister la perte de la masse osseuse. C’est l’examen de référence pour l’ostéopénie ou l’ostéoporose. Il est totalement indolore. L’ostéodensitométrie permet la mesure du contenu minéral osseux pour le comparer au capital osseux initial du patient. La mesure est réalisée au niveau de la hanche, de la colonne lombaire, ou du poignet.
La valeur de la densité minérale osseuse mesurée est exprimée en écart-type par rapport au T-score. Le T-score est la valeur de référence représentée par la densité minérale osseuse moyenne d’un groupe de sujets jeunes de même sexe que le patient. La valeur de référence reflète le capital osseux maximum de fin de croissance.
Selon les critères de l’OMS, la densité minérale osseuse d’une femme est considérée comme :
- normale pour un T-score supérieur à -1
- ostéopénique lorsque le T-score est compris entre -2,5 et -1
- ostéoporotique si le T-score est inférieur à -2,5.
Ainsi, devant une diminution de la taille d’un individu ou une fracture après l’âge de 45 ans (en dehors de tout traumatisme important), une consultation médicale devient urgente.
Pour dépister l’ostéopénie ou l’ostéoporose avant la survenue de symptômes, le médecin s’intéresse également aux potentiels facteurs de risque présents chez le patient :
- Antécédents familiaux ou personnels de fractures,
- Ménopause avant l’âge de 45 ans,
- Tabagisme important,
- Faible index de masse corporelle,
- Consommation excessive d’alcool,
- Antécédents de prise de corticoïde pour une durée prolongée,
- Immobilisation prolongée.
Enfin, d’autres examens médicaux peuvent être prescrits en cas de doute : scintigraphie, scanner, IRM, bilan sanguin.
Quel traitement ?
L’ostéopénie ne nécessite pas de traitement particulier. En revanche, pour éviter qu’elle n’évolue en ostéoporose, quelques mesures peuvent être adoptées :
- Une alimentation équilibrée avec un apport suffisant en calcium (légumes verts, eau minérale enrichie, fruits à coques, légumes secs) et en vitamine D (exposition solaire ou supplémentation). La vitamine D est essentielle à la fixation du calcium et du phosphore sur l’os, et donc à sa solidité ;
- Une activité physique régulière (natation, jogging, etc.), au moins 3 fois par semaine ;
- L’arrêt du tabac et de la consommation d’alcool.
En cas d’ostéoporose, des médicaments sont associés aux mesures précédentes. Les plus utilisés sont de la famille des bisphosphonates : L’alendronate, le risédronate et le zolédronate. Ces traitements assurent la réduction du risque de fracture en diminuant l’activité des ostéoclastes (cellules responsables de la résorption osseuse). La prise de biphosphonates limite la perte osseuse.
Avant toute initiation médicamenteuse, le médecin s’assure de l’absence d’une carence en vitamine D ou en calcium. Lorsque c’est le cas, une supplémentation alimentaire ou médicamenteuse est prescrite.
D’autres traitements peuvent être prescrits dans certains cas particuliers, notamment un analogue de la parathormone lorsqu’il existe au moins deux fractures vertébrales ou le dénosumab en seconde intention, en relais des bisphosphonates.
Enfin, le raloxifène peut être envisagé (efficacité prouvée uniquement sur les fractures des vertèbres) pour les fractures vertébrales.
Charline D., Docteur en pharmacie