Peut-on prévenir le cancer de la prostate par l’alimentation ?

Par |Publié le : 10 novembre 2025|Dernière mise à jour : 30 octobre 2025|4 min de lecture|

Aucun aliment ne peut à lui seul empêcher la survenue d’un cancer de la prostate. Mais une alimentation équilibrée, associée à une activité physique régulière, peut aider à limiter certains facteurs de risque comme le surpoids ou l’inflammation chronique. Pour Alix Goerens, diététicienne-nutritionniste au Centre Léon Bérard (Lyon), une hygiène de vie globale reste le meilleur moyen d’agir concrètement sur la prévention.

« Aujourd’hui, aucune étude ne prouve qu’un aliment précis prévient ou provoque le cancer de la prostate », rappelle d’emblée Alix Goerens. Les grandes instances de référence, comme le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) ou le World Cancer Research Fund (WCRF), distinguent les facteurs de risque avérés des simples hypothèses.
Et dans ce cancer spécifiquement masculin, le surpoids et l’obésité sont clairement identifiés comme facteurs de risque majeurs, particulièrement la graisse abdominale.
« C’est la plus active sur le plan endocrinien : elle libère des hormones et des médiateurs de l’inflammation susceptibles d’influencer les cancers hormonodépendants comme celui de la prostate », explique la diététicienne.
Autrement dit, la prévention commence par le maintien d’un poids stable, obtenu grâce à une alimentation adaptée et une activité physique régulière.

Adopter une alimentation anti-inflammatoire

Si aucun aliment ne protège directement la prostate, certaines habitudes contribuent à réduire le terrain inflammatoire, propice à la formation des cellules cancéreuses.
« Les fruits, légumes, légumineuses, céréales complètes et oléagineux sont riches en fibres : ils nourrissent le microbiote intestinal et limitent l’inflammation », détaille Alix Goerens. À l’inverse, une consommation excessive de viande rouge, de charcuterie, de beurre cuit ou de graisses saturées entretient un état inflammatoire latent.
Les recommandations vont donc dans le sens d’une cuisine maison, variée, colorée et peu transformée, avec des produits de saison et une attention à la qualité plutôt qu’à la quantité. « Les cures ou régimes à base d’un seul ingrédient n’ont pas de sens. Ce qui compte, c’est la qualité globale et la constance des habitudes », insiste-t-elle.

L’activité physique : un partenaire essentiel

La prévention nutritionnelle ne se limite pas à ce que l’on met dans son assiette. « En cancérologie, on parle de nutrition au sens large, qui englobe aussi l’activité physique », souligne Alix Goerens.
Bouger aide à réguler le poids, à stabiliser les hormones et à réduire l’inflammation systémique.
Les chiffres sont parlants : Certaines études montrent qu’une pratique régulière ‘d’un exercice modéré régulier peut réduire de 20 à 40% le risque de développer certains cancers. « Même si ces chiffres concernent surtout le côlon ou le sein, le mécanisme est le même : on agit sur le métabolisme et sur le système hormonal », ajoute la spécialiste.
Une marche rapide quotidienne, du vélo, du jardinage ou de la natation deux à trois fois par semaine suffisent souvent à obtenir un effet bénéfique durable.

Pendant et après les traitements : rester vigilant

Chez les patients atteints d’un cancer de la prostate, la nutrition garde toute son importance pendant le traitement et après.
L’hormonothérapie, souvent prescrite, peut induire une prise de poids ou une hausse de l’appétit. « Ce n’est pas une fatalité, mais il faut en être conscient pour ajuster son alimentation », précise la diététicienne.
Pendant la radiothérapie, certaines précautions sont également nécessaires : « On conseille une bonne hydratation et un transit régulier pour que le rectum reste vide et que le faisceau de rayons ne soit pas dévié. »
Après les traitements, adopter un mode de vie sain et équilibré aide à prévenir les récidives et améliore le confort digestif.
« Les hommes sont parfois moins sensibilisés à ces questions que les femmes. Mais le diagnostic peut agir comme un électrochoc : certains changent du jour au lendemain. »

Retrouver plaisir et équilibre

Prévenir le cancer de la prostate, c’est avant tout retrouver du sens dans son alimentation. « Il ne s’agit pas de supprimer, mais de modifier », explique Alix Goerens.
Elle conseille de remplacer les graisses animales par des huiles de qualité (olive, colza), de varier les sources de protéines (œufs, poissons gras, légumineuses), et de limiter la charcuterie à 150 g par semaine, jambon blanc compris.
« On garde le beurre cru, sur une tartine ou fondu dans les légumes, mais on évite de le faire frire à la poêle. Ce sont des ajustements simples, mais durables », ajoute-t-elle.
Et surtout, pas de privation inutile : « L’alimentation doit rester un plaisir. Manger mieux, c’est déjà prévenir. »

Peggy Cardin-Changizi

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Peggy Cardin
Peggy Cardin
Journaliste spécialisée en santé
Peggy Cardin-Changizi Journaliste spécialisée en santé depuis plus de vingt ans. Elle traite des sujets de prévention, de santé publique et de médecine au quotidien, avec pour objectif de rendre l'information médicale claire, fiable et accessible à tous. Rédige un contenu scientifique fiable avec des sources vérifiées en respect de notre charte HIC.