Pollution sonore : Quel impact sur la santé globale ?
On parle souvent de l’impact de la pollution de l’air sur la santé des populations mais saviez-vous que la pollution sonore n’est pas non plus sans risque ? Touchant près de 70 % des Français, le bruit affecte les capacités auditives mais peut également avoir un impact négatif sur la santé à long terme. On fait le point.
Pollution sonore : un risque pour la santé cardiovasculaire
Une enquête de l’Ifop pour l’Association nationale de l’audition en date de 2022 a révélé que près de 70% des Français déclaraient être gênés par le bruit. Si les nuisances sonores sont gênantes, elles peuvent également affecter l’audition en provoquant des acouphènes ou en favorisant la perte irréversible des capacités auditives.
Or, il faut savoir que la pollution sonore peut également avoir un impact plus global sur la santé. Source de fatigue, d’irritabilité, de troubles du sommeil ou de l’apprentissage, le bruit participe à l’augmentation de la fréquence cardiaque et de la tension artérielle. Si les scientifiques tentent encore à ce jour de décrypter les mécanismes en jeu, de nombreuses études ont d’ores et déjà mis en évidence les effets de la pollution sonore sur la santé cardiovasculaire. L’exposition répétée au bruit favoriserait ainsi l’hypertension artérielle ou la survenue d’infarctus du myocarde et d’angines de poitrine.
Au point que l’Organisation mondiale de la santé a classé la pollution sonore comme second facteur environnemental ayant le plus d’impact sur la santé des Européens après la pollution de l’air ! Le bruit contribuerait ainsi à 48 000 nouveaux cas de maladies cardiaques et 12 000 décès prématurés par an en Europe selon l’Agence européenne pour l’environnement.
Pollution sonore : quel impact sur la survenue d’autres pathologies ?
Mais la santé cardiovasculaire ne semble pas seule à pâtir de l’exposition au bruit. D’autres pathologies semblent liées à la pollution sonore (dépression, démences, certains cancers, diabète de type 2, obésité) mais des études approfondies restent nécessaires pour étayer cette thèse.
Dans ce contexte, des scientifiques français ont mis sur pied un projet intitulé « Brouhaha ». Son objectif ? Analyser l’impact de l’exposition au bruit des transports sur le risque de survenue de maladies cardio-métaboliques. Pour cela, les chercheurs ont lancé diverses études. La première étude vise à déterminer le lien entre l’exposition au bruit des transports (voitures, trains, avions) et le risque de diabète de type 2 et d’hypertension artérielle. Le panel étudié comprend près de 19 000 femmes de la première génération de la cohorte familiale E3N-Générations ayant vécu en Île-de-France ou en Auvergne Rhône-Alpes entre 2000 et 2014. Les premiers résultats seront bientôt disponibles.
La seconde étude porte sur les variations à court terme d’indicateurs de santé en fonction de l’exposition au bruit. L’objectif affiché ? Comprendre la façon dont l’organisme réagit à l’exposition au bruit tout le long de la journée. Pour cela, les scientifiques envisagent de recruter 120 personnes de la seconde génération de la cohorte E3N-Générations et de déterminer en continu leur exposition au bruit pendant sept jours consécutifs. Plusieurs marqueurs physiologiques seront mesurés comme la fréquence cardiaque et la glycémie au moyen de dispositifs connectés et de capteurs.
De la nécessité de prendre en compte l’exposition au bruit pendant les déplacements
L’exposition de la population au bruit est déterminée en fonction du lieu d’habitation. Les experts se basent en effet sur l’exposition moyenne au bruit en façade des logements afin de construire des « cartes de bruit ». Seul bémol, cette évaluation ne tient pas compte des nuisances sonores subies par les personnes au cours de leurs divers déplacements quotidiens.
A travers l’étude « MobiliSense », les scientifiques ont ainsi tenté de connaître l’impact des mobilités individuelles sur l’exposition des citadins au bruit. Pour cela, les chercheurs ont recruté 259 habitants de la métropole du Grand Paris entre 2018 et 2020. L’exposition de participants au bruit a été suivie pendant quatre jours grâce à des sonomètres et des GPS.
Après analyse des résultats, les chercheurs ont pu faire les observations suivantes :
- Les participants ont passé en moyenne 2 heures et 14 minutes par jour dans les transports (soit moins de 10 % de leur temps).
- Les déplacements des participants représentaient 37,2 % de leur exposition quotidienne au bruit.
- Les participants ont été exposés à un niveau sonore supérieur aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé près des deux tiers des jours de suivi.
- Ce sont les transports ferrés souterrains (comme le métro) qui ont le plus exposé les participants à la pollution sonore.
- Exposition importante des cyclistes aux nuisances sonores, davantage que les piétons et les passagers de voitures ou de bus.
Forts de ces constats, les scientifiques soulignent l’importance de limiter l’exposition au bruit des populations dans les zones urbanisées. Ils proposent ainsi la création de zones calmes, l’aménagement des transports collectifs (surtout le métro), la promotion des mobilités douces ou encore la végétalisation des espaces urbains. Autant d’idées pertinentes qui pourraient contribuer à retrouver des niveaux sonores acceptables tout en limitant également la pollution de l’air en ville ! Une perspective qui a de quoi redonner le sourire… jusqu’aux oreilles !
– Assessing the relationship between space-time behaviours and personal noise exposure using isotemporal substitution models in the Grand Paris area. Nature.. www.nature.com. Consulté le 30 juin 2025.
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