Nombreux sont les séniors à se plaindre d’un sommeil altéré, à la fois en termes de quantité et de qualité. Comment expliquer un tel phénomène ? Par quels mécanismes le vieillissement vient perturber la qualité du sommeil ? Une récente étude américaine, publiée dans la revue scientifique Science, vient apporter un nouvel éclairage à ces questions.
Sommeil et neurones à hypocrétines
Pour mieux comprendre les mécanismes du sommeil au cours du vieillissement, les chercheurs américains ont utilisé un modèle de souris, en s’intéressant à deux catégories de souris :
- Des souris jeunes (âgées de 3 à 5 mois) ;
- Des souris âgées (âgées de 18 à 22 mois).
Ainsi, les chercheurs ont concentré leurs efforts sur une zone spécifique du cerveau, dans laquelle les neurones sécrètent un neurotransmetteur (messager chimique) particulier, les hypocrétines ou orexines. Ces neurones se retrouvent dans l’hypothalamus latéral, dans l’hypothalamus dorso-médian et dans l’aire péri-fornicale. De précédentes études ont déjà révélé que les hypocrétines seraient associées au sommeil et en particulier à sa qualité. En effet, l’altération des neurones à hypocrétines peut provoquer une narcolepsie et un besoin très important de sommeil.
La qualité du sommeil liée aux hypocrétines
En schématisant, le niveau d’hypocrétines sécrétés par ces neurones est un indicateur de la qualité du sommeil. Plus le niveau est élevé, meilleure est la qualité du sommeil. Et chez les souris de l’étude, les chercheurs ont observé que les souris âgées avaient un niveau d’hypocrétines réduit de 38 % par rapport aux souris jeunes.
Par ailleurs, les chercheurs ont stimulé les neurones à hypocrétines avec une lumière spécifique. Chez les souris plus âgées, les neurones à hypocrétines étaient plus activés par la lumière que chez les souris jeunes, ce qui pourrait expliquer l’augmentation du nombre de réveils chez les souris plus âgées. En conclusion, avec le vieillissement, les neurones à hypocrétines seraient moins nombreux, mais plus facilement activables. La qualité du sommeil serait donc altérée à deux niveaux suite à l’atteinte de ces neurotransmetteurs.
Vers des traitements ciblés des troubles du sommeil des séniors
Ces nouveaux résultats, qui apportent une explication possible à l’altération de la qualité du sommeil avec l’âge, présentent un intérêt pour développer des traitements ciblés des troubles du sommeil chez la personne âgée. Plus de la moitié des personnes de plus de 65 ans se plaignent d’une mauvaise qualité de sommeil. Des traitements ciblant les hypocrétines pourraient améliorer le sommeil des personnes âgées, sans présenter les effets secondaires des médicaments actuellement prescrits dans le traitement des troubles du sommeil.
Autre intérêt de cette nouvelle étude, bien dormir est capital pour rester en bonne santé et prendre soin du sommeil des séniors est un enjeu majeur pour préserver leur santé. Le manque de sommeil a déjà été associé à plusieurs risques graves pour la santé, tels que :
- L’hypertension artérielle ;
- L’arrêt cardiaque ;
- Le diabète de type 2 ;
- La dépression et l’anxiété.
Ces nouvelles données offrent aux médecins une nouvelle approche pour préserver le sommeil des séniors !
Estelle B., Docteur en Pharmacie