Climat et santé : quand le réchauffement bouleverse notre organisme

Par |Publié le : 8 décembre 2025|Dernière mise à jour : 7 décembre 2025|5 min de lecture|

Canicules, pollution, allergies, moustiques… Le dérèglement climatique ne menace pas seulement la planète : il s’attaque aussi à notre santé. Fatigue, asthme, anxiété, troubles du sommeil : ses effets se font sentir au quotidien. Mais des leviers existent pour s’en protéger, comme l’explique Benjamin Crettenand, chargé de sensibilisation au Réseau Action Climat – France.

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Avec la hausse des températures, la chaleur s’impose comme l’un des risques les plus tangibles. « Les canicules sont plus fréquentes, plus intenses et plus longues », rappelle Benjamin Crettenand. Ces épisodes pèsent sur le cœur, les reins et le cerveau : maux de tête, déshydratation, nausées, voire coups de chaleur mortels pour les plus fragiles. Les enfants, les personnes âgées et les malades chroniques sont en première ligne, d’autant que l’urbanisation amplifie le phénomène. Lors de la canicule de 2003, la surmortalité à Paris avait atteint +180 % contre +40 % dans les zones rurales. « Les villes concentrent la chaleur et les inégalités sociales, et de nombreux ménages modestes vivent dans des logements mal isolés, véritables pièges thermiques en été comme en hiver ».

Pollution et allergies : un cocktail irritant

Canicule et pollution forment un duo redoutable. « Il ne faut pas confondre climat et pollution, mais les deux s’amplifient », souligne Benjamin Crettenand. Lorsque les températures grimpent, l’ozone et les particules fines augmentent, aggravant l’asthme et les maladies respiratoires. Entre 2005 et 2012, les pathologies respiratoires chez les enfants ont bondi de 12 %. Les femmes enceintes sont également concernées : l’exposition à la pollution de l’air est associée à un risque accru de prématurité ou de malformations fœtales. Dans le même temps, les saisons polliniques s’allongent : les allergies se déclenchent plus tôt, durent plus longtemps et gagnent en intensité, rendant le printemps et l’été de plus en plus difficiles à vivre pour les personnes sensibles.

Des maladies qui voyagent avec la chaleur

Les effets du réchauffement se voient aussi dans la progression du moustique-tigre, vecteur de la dengue et du chikungunya. « En 2004, il n’était présent que dans les Alpes-Maritimes. Aujourd’hui, il a colonisé presque tout le territoire », alerte le représentant du Réseau Action Climat. L’augmentation des températures facilite sa survie et étend son aire de reproduction. À l’échelle mondiale, la combinaison du réchauffement et de la destruction des écosystèmes rendrait les pandémies trois fois plus probables. « Dans le même registre, la qualité de l’eau et des aliments se dégrade favorisant les maladies hydriques et alimentaires ».

Éco-anxiété : quand le climat pèse sur le moral

Inondations, sécheresses, feux de forêt, cyclones dans les Outre-mer : ces événements extrêmes ne laissent pas seulement des dégâts matériels. Ils laissent aussi des traces psychiques. « Les catastrophes climatiques provoquent du stress post-traumatique, mais aussi une éco-anxiété croissante », observe Benjamin Crettenand. Le dérèglement du climat se vit désormais comme une menace intime, mêlant peur de l’avenir, colère face à l’inaction et sentiment d’impuissance. Ces émotions sont bien réelles et commencent à être reconnues par les professionnels de santé mentale.

S’adapter et agir : les solutions existent

Pour Benjamin Crettenand, la bonne nouvelle est que « les mesures bénéfiques au climat le sont aussi pour la santé, et souvent à très court terme ». Réduire la place de la voiture au profit des mobilités actives permet non seulement de limiter les émissions polluantes, mais aussi de pratiquer une activité physique régulière, protectrice contre les maladies cardiovasculaires ou le diabète. Mieux isoler son logement, c’est se protéger à la fois des fortes chaleurs et des hivers rigoureux : selon le ministère de la Transition écologique, la rénovation des passoires thermiques d’ici à 2028 permettrait d’éviter près de dix milliards d’euros de coûts de santé chaque année. Végétaliser les villes, installer des points d’eau, repenser les matériaux urbains : ces aménagements réduisent les îlots de chaleur et améliorent la qualité de vie. De la même manière, adapter les horaires de travail et les conditions d’exercice pour les professions exposées – ouvriers du BTP, agents d’entretien, agriculteurs – devient une nécessité pour préserver leur santé.

Mais l’effort ne peut reposer uniquement sur la responsabilité individuelle. « On ne peut pas demander aux citoyens de tout faire seuls », insiste Benjamin Crettenand. L’action collective est essentielle : développer les transports en commun, soutenir financièrement la rénovation énergétique, encourager une agriculture respectueuse de l’environnement, repenser l’aménagement des territoires. Agir pour le climat, c’est créer un cadre plus sain, plus respirable et plus équitable. Cette approche systémique rappelle que santé et environnement ne font qu’un : prendre soin de la planète, c’est déjà prendre soin de soi.

Un effort collectif pour une santé partagée

Le message du Réseau Action Climat est clair : chaque dixième de degré évité compte. « Plus on agit tôt, plus on limite les conséquences sur la santé », conclut Benjamin Crettenand. Le changement climatique n’est pas un horizon lointain ; c’est un défi immédiat, mais il n’est pas hors de portée. Préserver le climat, c’est préserver notre santé physique, mentale et sociale. C’est aussi redonner du sens à nos gestes quotidiens, en se souvenant qu’un avenir plus respirable dépend de nos choix d’aujourd’hui.

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Peggy Cardin
Peggy Cardin
Journaliste spécialisée en santé
Peggy Cardin-Changizi Journaliste spécialisée en santé depuis plus de vingt ans. Elle traite des sujets de prévention, de santé publique et de médecine au quotidien, avec pour objectif de rendre l'information médicale claire, fiable et accessible à tous. Rédige un contenu scientifique fiable avec des sources vérifiées en respect de notre charte HIC.