Un risque moindre de démence grâce au vaccin contre le zona ?

Touchant plus de 55 millions de personnes dans le monde, la démence est lourde de conséquences en termes physiques, psychologiques et sociaux. D’où l’importance de pouvoir repérer cette affection le plus tôt possible afin de proposer une prise en charge adaptée. Et s’il était possible de réduire le risque de démence grâce à la vaccination contre le zona à l’âge adulte ? C’est l’hypothèse suggérée par des chercheurs de Stanford Medicine dont les travaux ont été publiés dans la revue Nature. On fait le point.

La démence : une affection aux conséquences lourdes

La démence touche plus de 55 millions de personnes dans le monde, principalement des personnes âgées. Englobant plusieurs maladies qui affectent la mémoire, la pensée et la capacité à réaliser des tâches quotidiennes, ses conséquences physiques, psychologiques et sociales sont lourdes et s’aggravent avec le temps.

A ce jour, il n’existe aucun traitement de la démence. Un constat d’autant plus inquiétant que l’espérance de vie des populations augmente. D’où l’importance de pouvoir repérer cette affection le plus tôt possible afin de prévenir et d’atténuer au maximum les risques liés à la démence.  

Dans ce contexte, des chercheurs de Stanford Medicine se sont intéressés à une hypothèse déjà suggérée par le passé. Il s’agit du lien potentiel entre les virus neurotropes (tels que ceux de la famille des herpès virus) et le risque accru de développer une démence. Des études antérieures ont en effet montré un lien entre vaccination contre le zona et la réduction des taux de démence. Cependant, en raison du biais important de ces études (comportements de santé différents entre les personnes se faisant vacciner et celles qui ne le font pas), leurs résultats restaient à confirmer.

Quel impact du vaccin contre le zona sur le risque de démence ? 

Dans ce contexte, une équipe de scientifiques de Stanford Medicine a mis sur pied une étude inédite s’appuyant sur le programme de vaccination personnes âgées contre le zona lancé en septembre 2013 au Pays de Galles. La particularité de cette campagne résidait dans le fait qu’elle s’adressait uniquement aux personnes âgées de 79 ans en raison du nombre limité de vaccins disponibles. Les personnes âgées de 80 ans ou plus n’ont donc pas pu bénéficier de cette vaccination. Dans les faits, ces conditions ont permis aux chercheurs de contourner le biais de sélection des précédentes études pour se rapprocher d’un essai contrôlé randomisé.

Pour mener à bien leur étude, les scientifiques ont donc épluché les dossiers médicaux de plus de 282 541 personnes âgées de 71 à 88 ans non affectées par une démence au début du programme de vaccination. Ils se sont particulièrement intéressés aux personnes les plus proches de l’âge cible, c’est-à-dire :

• Les personnes ayant eu 80 ans la semaine précédant le début du programme (trop âgées pour être éligibles)
• Les personnes ayant eu 80 ans la semaine suivant son lancement (encore éligibles).

Après une période de suivi de sept ans en moyenne, les chercheurs ont pu faire les constats suivants :

• Réduction d’environ 37 % de l’incidence du zona par le vaccin (Zostavax, vaccin vivant atténué).
• Réduction du risque de démence de 20 % chez les personnes vaccinées contre le zona en comparaison aux personnes non vaccinées.
• Avec une protection plus prononcée chez les femmes.

Des travaux qui restent à approfondir

Publiés dans la revue Nature, ces résultats renforcent donc le lien déjà suggéré entre vaccin contre le zona et réduction du risque de démence. Néanmoins, les chercheurs admettent qu’ils n’ont pas réussi à identifier les mécanismes impliqués dans la protection contre la démence par le vaccin. Ils s’interrogent également sur l’efficacité dans la protection contre la démence d’une nouvelle version du vaccin contre le zona, qui ne contient que certaines protéines du virus.

Confiants, les scientifiques entrevoient déjà la faisabilité de prévenir le développement de la démence au sein de la population âgée grâce à la vaccination contre le zona. Prochaine étape pour les chercheurs ? Mener un essai contrôlé randomisé contre placebo pour démontrer de façon plus fiable cette relation de cause à effet. Affaire à suivre !