Enurésie de l’enfant (pipi au lit)


Rédigé par Charline D. et publié le 9 octobre 2017

Pipi au lit

L’énurésie, plus connue sous le nom de « pipi  au lit » est considérée comme une incontinence urinaire intermittente, nocturne, chez les plus de 5 ans.

Bien que tabou, ce trouble est pourtant fréquent chez les enfants de plus de 5 ans. On estime que près de 500 000 enfants seraient concernés en France.

Enurésie : définition et symptômes

L’énurésie se traduit par une émission d’urine non contrôlée de la part de l’enfant. La miction est répétée, involontaire, inconsciente et très souvent nocturne. En effet, le petit va complètement vider sa vessie sans s’en rendre compte.

Ce trouble touche les enfants de plus de 5 ans, chez qui normalement le contrôle des sphincters est acquis. Il est donc lié à un mauvais contrôle de la vessie malgré son bon fonctionnement. On parle d’énurésie isolée lorsqu’aucun autre symptôme n’est présent.

A savoir ! L’énurésie n’est pas une maladie. C’est un symptôme qui guérit dans la majorité des cas spontanément.

L’énurésie peut se manifester sous différentes formes avec un point commun : le fait d’uriner sans se maîtriser. On parle d’énurésie « primaire »  lorsque le trouble n’a pas été précédé d’une période de propreté d’au moins 6 mois chez l’enfant. C’est le cas de figure le plus répandu. On parle d’énurésie « secondaire » lorsque l’enfant a connu, au préalable, une période d’au moins 6 mois de propreté. Cette forme débute généralement entre 5 et 7 ans.  Les garçons sont 2 à 3 fois plus touchés que les filles.

L’énurésie primaire représente la majorité des cas de pipi au lit, soit près de 75 voire 85%. Le nombre d’enfants souffrant de ce trouble diminue avec l’âge. Ainsi, en 3 et 4 ans environ 49% des enfants sont concernés par l’énurésie, entre 5 et 7 ans, le pourcentage baisse à 11%, et tombe à 3% à l’adolescence.

Le pipi au lit peut être régulier, irrégulier, intermittent ou même épisodique.

Plusieurs causes sont évoquées pour expliquer l’énurésie primaire :

  1. Un retard dans le processus de développement de la vessie ;
  2. Une production trop importante d’urine dans la nuit (en raison d’une baisse d’hormone antidiurétique) ;
  3. Une vessie plus petite ;
  4. Des facteurs génétiques (dans 30 à 60% des cas il existe un autre membre de la famille souffrant du même problème) ;
  5. Un réveil nocturne difficile ;
  6. Des facteurs périnataux (par exemple la prématurité).

L’énurésie secondaire est généralement liée à un passage dépressif ou régressif de l’enfant (par exemple lors de la naissance d’un autre enfant, le départ d’un proche, l’échec scolaire, etc.). Dans de plus rares cas, elle peut être un symptôme du diabète de type 1.

Diagnostic

Une consultation chez le médecin est nécessaire si :

  1. L’énurésie n’est pas améliorée avec les mesures hygiéno-diététiques pendant plusieurs semaines ;
  2. L’enfant a plus de 6 ans ;
  3. L’enfant fait pipi au lit malgré une période de plus de 6 mois de propreté ;
  4. L’enfant souffre d’une baisse de l’estime de soi ;
  5. L’enfant souffre d’hyperactivité ou de trouble de l’attention en plus de l’énurésie ;
  6. Le problème de pipi au lit de l’enfant perturbe la vie de famille ou la vie sociale du petit.

Le médecin débute son investigation par un certain nombre de questions posées aux parents afin de rechercher la présence d’un trouble de l’attention et de l’hyperactivité, souvent lié à l’énurésie.

Il réalise ensuite un examen clinique de l’enfant dans le but d’éliminer toute autre maladie. Généralement, aucun examen complémentaire n’est nécessaire, sauf si le médecin suspecte un diabète.

Enfin, il est proposé à l’enfant de tenir un calendrier des nuits « sèches » et des nuits « mouillées ».

Traitement

Il existe divers moyens pour traiter l’énurésie. Après son examen, le médecin va mettre en place le plus adapté au cas de l’enfant. Dans un premier temps, le traitement repose sur des mesures hygiéno-diététiques. Viennent ensuite les médicaments et éventuellement la psychothérapie.

Quelques mesures peuvent être facilement appliquées en cas d’énurésie :

  1. Supprimer peu à peu les couches en les remplaçant par des alèses étanches ;
  2. Ne jamais gronder l’enfant qui a fait pipi au lit, mais l’encourager à faire mieux la prochaine fois ;
  3. Rassurer l’enfant ;
  4. Faire boire le petit toute la journée, en limitant l’apport après 18h. Il est préférable d’expliquer à l’enfant le lien entre la boisson le soir et le pipi au lit afin qu’il les limitent lui-même ;
  5. Donner de l’eau peu minéralisée (eau du robinet) et supprimer les boissons gazeuses ou sucrées le soir ;
  6. Inciter l’enfant à aller régulièrement aux toilettes dans la journée (5 à 6 fois) et à ce qu’il y aille avant de se coucher ;
  7. Apprendre à l’enfant à se détendre aux toilettes en laissant couler l’urine librement sans « pousser » ;
  8. Expliquer qu’il faut se lever la nuit pour aller aux toilettes ;
  9. Faciliter l’accès aux toilettes ;
  10. Ne pas réveiller l’enfant pour le changer dans la nuit, mais lui déposer ses affaires à côté de lui, au cas où il se réveillerait ;
  11. Faire tenir à l’enfant un calendrier nuits « sèches » et nuits « mouillées ».

Pour les plus de 6 ans, les médicaments sont une option qui peut être proposée par le médecin.

La desmopressine par voie orale est une molécule imitant l’action de l’hormone antidiurétique, c’est-à-dire qu’elle retient l’eau dans le corps et diminue donc son élimination par les urines. Il est conseillé aux parents de veiller à ce que leur enfant ne consomme pas de boissons dans l’heure qui précède et les 8 heures qui suivent la prise. En cas de maux de tête, de nausées ou de douleurs abdominales, il faut prévenir le médecin. Ce traitement nécessite un suivi médical étroit. En effet, lors de l’instauration du traitement, une dose trop élevée peut engendrer une intoxication à l’eau (fatigue inhabituelle, prise de poids rapidement, manque d’appétit, nausées, somnolence, etc.).

Le traitement est généralement prescrit pour 3 mois. Il est ensuite arrêté afin d’apprécier la capacité naturelle de l’enfant à contrôler sa vessie. Si l’énurésie reprend, un nouveau traitement est mis en place.

L’oxybutynine peut être prescrite en cas d’échec à la desmopressine, notamment chez les enfants ayant une plus petite vessie. Ce traitement induit un relâchement des muscles de la vessie permettant d’augmenter la capacité de celle-ci. Des maux de tête, une sécheresse buccale, des diarrhées ou constipations sont des effets indésirables possibles.

En cas de souffrance psychologique de l’enfant liée à l’énurésie ou d’une perte de l’estime de soi, une psychothérapie peut être mise en place.

A savoir ! Un traitement par alarme peut également être mis en place après échec des mesures hygiéno-diététiques. Cette technique repose sur le déclenchement d’une alarme lors de fuite urinaire afin de réveiller l’enfant pour qu’il reprenne le contrôle de sa miction. Ce traitement est généralement moins bien toléré par l’enfant ou les parents. Par ailleurs, il n’est pas remboursé par la sécurité sociale.

Charline D., Pharmacien

– Pipi au lit. Ce qu’il faut retenir. Drynites. – Consulté le 06 octobre 2017.
– Dossier santé : Pipi au lit (énurésie). Ameli santé. Le 22 mars 2017.