Cryptorchidie (testicule non descendu)


Rédigé par Charline D. et publié le 22 novembre 2017

testicule non descendu

Le terme cryptorchidie est un héritage du grec « kryptos » qui signifie caché et « orkhis », que l’on traduit par testicule. Cette anomalie de l’appareil génital masculin est plus volontiers connu sous le nom de « testicule non descendu » qui correspond comme son nom l’évoque à l’absence du testicule dans la bourse.

Définition

Rappels anatomiques

Chez un homme, les testicules, qui appartiennent au système de reproduction, ont deux fonctions principales : la spermatogénèse (production de spermatozoïdes) et la production d’hormones masculines telles que la testostérone.

L’appareil génital se développe au niveau de l’abdomen du foetus. A partir du deuxième mois de grossesse, certains facteurs hormonaux vont permettre la différenciation de cet appareil d’abord indifférencié, soit en ovaires chez la future petite fille, soit en testicules chez le futur petit garçon.

Chez le garçon, c’est à partir du troisième mois de grossesse et jusqu’au terme de cette dernière que les testicules vont migrer de l’abdomen vers l’aine puis au niveau des bourses. En cas de cryptorchidie, cette migration est incomplète et peut avoir des répercussions sur la production de spermatozoïdes. En effet, pour que les spermatozoïdes soient de bonne qualité, les testicules doivent être à une température de 33 à 34°C d’où leur position dans les bourses à l’extérieur du corps. Donc, si ces derniers ne descendent pas dans les bourses comme prévu, leur température est celle de l’abdomen (et donc du corps), soit 37°C.

Définition

La cryptorchidie est une anomalie fœtale de l’appareil génital masculin résultant d’un défaut de migration de l’un ou des deux testicules de l’abdomen vers les bourses pendant la grossesse.

Cette malformation touche 20 à 30% des garçons prématurés et 2 à 4% des nouveaux -nés à terme.  Depuis les années 60, une hausse des cas de cryptorchidie et d’hypospadias (une autre anomalie génitale où le conduit urinaire s’ouvre à la face inférieure de la verge plutôt qu’à l’extrémité) est observée.

L’anomalie touche majoritairement (80% des cas) un seul testicule.

La cryptorchidie est à différencier de deux autres pathologies :

  • L’ectopie testiculaire, une pathologie peu fréquente caractérisée par une localisation du testicule en dehors des bourses et en dehors du trajet normal de migration (à l’inverse de la cryptorchidie où le testicule reste sur le trajet de migration, donc soit au niveau de l’abdomen ou de l’aine) ;
  • Le testicule oscillant ou ascenseur correspondant à une remontée en haut des bourses ou de l’aine du testicule lors de la contraction du muscle le recouvrant. Cette anomalie ne nécessite aucun traitement (éventuellement le replacement du testicule par palpation). Elle disparaît spontanément à la puberté.

Facteurs de risque

L’origine précise de la cryptorchidie est encore méconnue de nos jours bien que l’hypothèse la plus probable soit une anomalie hormonale durant la grossesse.

On connaît plusieurs facteurs susceptibles d’augmenter le risque de cryptorchidie à la naissance :

  • La prématurité ou un faible poids à la naissance ;
  • La naissance par le siège ;
  • L’existence de malformations génitales chez le père ou les frères ;
  • L’exposition à des perturbateurs endocriniens (pesticides, polluants, parabens, phtalates, etc.)

Symptômes

La cryptorchidie ne comporte aucun symptôme. Cependant, si le testicule ne se remet pas en place et en l’absence de traitement, des complications existent :

  • Une infertilité résultant d’une température inadéquate pour permettre la production de spermatozoïdes. Le risque d’infertilité est évalué à 5% en cas de cryptorchidie unilatérale et 50% lorsqu’elle touche les deux testicules. Un traitement par chirurgie peut réduire le risque de moitié ;
  • Un cancer du testicule, qui reste rare, mais tout de même la première cause de cancer chez les 20 à 35 ans ;
  • Une torsion du testicule ;
  • Un traumatisme du testicule, en cas de pression sur l’aine.

Diagnostic

Le diagnostic repose sur la palpation des bourses du nouveau-né dès la naissance lors de l’examen médical systématique à la maternité. En cas de cryptorchidie, le médecin de famille examine régulièrement le petit jusqu’à ses 6 mois.

A savoir ! Jusqu’à l’âge de 6 mois, voire 1 an, le testicule peut descendre spontanément et la cryptorchidie disparaître.

La palpation s’effectue en position allongée sur le dos avec les jambes légèrement fléchies. L’enfant doit être calme. Après 6 mois, l’examen peut s’effectuer assis en tailleur. L’objectif est de localiser le testicule absent de la bourse et dans un second temps de l’examiner afin de vérifier qu’il n’est pas atrophié.

Lorsque le médecin détecte une absence de testicule dans la bourse, il essaye d’en déterminer la localisation. Il peut être trouvé par palpation lorsqu’il se trouve au-dessus de la bourse ou au niveau de l’aine (60% des cas). En revanche, lorsque le testicule est dans l’abdomen, il n’est pas repérable par palpation et des examens complémentaires sont nécessaires.

Si le médecin a pu palper le testicule, il va alors examiner sa consistance et sa forme afin de s’assurer qu’il n’est pas atrophié. Il recherche en parallèle d’autres anomalies pouvant coexister  comme un hypospadias, un micropénis (pénis de petite taille) ou une hernie inguinale.

Des examens complémentaires peuvent être prescrits en cas de cryptorchidie bilatérale, associée à une autre anomalie ou lorsque le testicule n’est pas palpable :

Traitement

Au-delà de 1 an, une cryptorchidie doit être traitée. Une intervention chirurgicale appelée « orchidopexie » permet de repositionner correctement le testicule. C’est le traitement de référence.

L’orchidopexie doit être réalisée entre les 1 an et 2 ans du petit garçon. L’intervention nécessite une anesthésie générale et se déroule le plus souvent en ambulatoire.

Le médecin réalise deux petites incisions, l’une au niveau de l’aine, l’autre du haut de la bourse. L’objectif de l’opération est de libérer le cordon spermatique permettant le maintien en position haute du testicule. Dans la majorité des cas, soit 90%, l’opération se déroule en un seul temps. Sinon, une seconde intervention est nécessaire.

Lorsque le testicule est localisé dans l’abdomen, une coelioscopie est nécessaire afin de déterminer sa position et son état (s’il est atrophié ou non). Dans ce cas, l’intervention se déroule alors en deux temps. En cours d’opération, le chirurgien vérifie la taille et la consistance du testicule. En cas d’anomalie, il peut décider de le retirer. Une prothèse à visée esthétique peut être proposée à la puberté.

A savoir ! Le traitement ne réduit pas le risque de développer un cancer du testicule après l’adolescence, mais facilite la surveillance médicale.

Les complications liées à l’intervention sont rares : hématome, infection du testicule ou remontée du testicule nécessitant une seconde chirurgie.

Après l’intervention, une surveillance régulière reste de rigueur pour vérifier que le testicule ne remonte pas. Les parents doivent palper régulièrement les bourses du petit garçon, par exemple après la toilette, pour vérifier sa présence dans la bourse et que sa taille corresponde à celle du second testicule. A partir d’un certain âge, le garçon réalise lui-même la surveillance par autopalpation.

A savoir ! Il existe un traitement médical sous forme d’injections intramusculaires à base d’hormone. Ce traitement n’est utilisé que dans certaines indications. Ces résultats sont très variables.

Charline D., Pharmacien

– Cryptorchidie. Ameli. Le 15 novembre 2017.