Une œsophagite correspond à l’inflammation de la muqueuse œsophagienne, très souvent secondaire à un reflux gastro-œsophagien. Plus rarement, elle peut être d’origine caustique (ingestion de toxique) ou infectieuse. Elle se manifeste par des brûlures d’estomac associée à une dysphagie et divers autres symptômes caractéristiques. Le diagnostic d’une œsophagite est clinique, et il est confirmé par une fibroscopie. Sans prise en charge, l’œsophagite devient chronique. Les sensations de brûlures sont de plus en plus présentes, parfois associées à des hémorragies et à un processus de cancérisation. Souvent, l’automédication et l’application de mesures hygiéno-diététiques (une alimentation plus légère et fragmentée, l’éviction de certains aliments, etc.) sont suffisantes pour soulager les symptômes de l’œsophagite. Lorsque les lésions sont trop importantes ou que le patient n’est pas suffisamment soulagé par les mesures de première intention, le médecin prescrit un traitement médicamenteux ou propose une chirurgie selon l’origine du trouble.
Définition et symptômes de l’œsophagite
Lorsque l’œsophage s’enflamme
Une œsophagite est une inflammation de la muqueuse qui tapisse l’œsophage. Cette affection digestive est généralement causée par un reflux-gastro-œsophagien ou RGO.
L’œsophage est le conduit membraneux permettant d’acheminer les aliments ingérés par la bouche vers l’estomac. Dans sa partie inférieure, l’œsophage possède un sphincter (appelé cardia) qui est un muscle assurant le rôle de valve afin d’éviter au contenu de l’estomac de remonter le long de l’œsophage et de l’irriter. Lorsque ce muscle est déficient ou que le reflux est trop conséquent, le passage du contenu gastrique acide est à l’origine d’une inflammation de l’œsophage. Si les reflux se répètent trop régulièrement, leur acidité finit par endommager l’œsophage.
A noter qu’on parle d’œsophagite peptidique lorsque celle-ci est liée à un reflux gastro œsophagien. Dans ce cas, le reflux est quasi-permanent et cause de fortes remontées acides. Certains facteurs favorisent sa survenue, notamment le stress, le surpoids, la grossesse ou une hernie hiatale. Environ 20% de la population adulte française est concernée occasionnellement par le reflux gastro-œsophagien, et 10% des Français sont quotidiennement concernés.
D’autres causes, bien que moins fréquentes que le RGO, peuvent également être à l’origine d’une œsophagite : des vomissements répétés, une chirurgie, un traitement par radiothérapie, la prise de médicaments anti-inflammatoires ou de certains antibiotiques, l’ingestion accidentelle ou non de toxiques (eau de javel, soude, ammoniaque) ou encore certaines infections virales (herpès, cytomégalovirus) ou fongiques.
Enfin, il existe un type particulier d’œsophagite qui est une maladie chronique d’origine auto-immune. On parle d’œsophagite à éosinophiles. Les symptômes qu’elle provoque sont similaires à l’œsophagite classique, à savoir reflux, dysphagie et difficulté pour s’alimenter. Elle est, par ailleurs, souvent associée à une autre maladie atopique comme un asthme ou un eczéma.
Reflux, brûlures et dysphagie
Une œsophagite est caractérisée par une gêne ou des douleurs au niveau de l’œsophage. La douleur ressentie est de type brûlure. Elle concerne l’estomac ou la partie basse du thorax. Le patient peut également se plaindre de brûlures rétro-sternales, aussi appelées pyrosis. Ce dernier est accentué par la position couchée ou penchée vers l’avant. Une dysphagie (déglutition difficile) est systématiquement installée et entraîne des difficultés à s’alimenter pour le patient.
D’autres symptômes peuvent être associés en cas d’œsophagite :
- Des troubles digestifs type nausées, vomissements, éructations, hoquet ;
- Une modification de la voix. Elle semble être enrouée ;
- Des infections ORL à répétition (pharyngite) ;
- Une érosion dentaire ;
- Une gêne respiratoire voir un asthme avec de la toux, particulièrement la nuit ;
- Une sensation de corps étrangers coincés dans la gorge.
Bien qu’une œsophagite guérisse généralement bien avec le traitement et que les complications soient rares, elles restent possibles.
Parmi elles, on peut citer l’ulcère œsophagien pouvant conduire à une hémorragie digestive, et la sténose peptidique (rétrécissement de la lumière du conduit œsophagien) qui peut considérablement gêner l’alimentation. Enfin, une œsophagite chronique peut à terme conduire à des modifications de la muqueuse œsophagienne, et augmenter le risque de développer un cancer de l’œsophage.
Œsophagite, diagnostic et traitement
Le diagnostic d’une œsophagite
La prise en charge d’une œsophagite fait appel à l’expertise d’un médecin gastroentérologue ou ORL lorsqu’elle n’est pas soulagé par des traitements symptomatiques au bout de 2 mois.
Une fibroscopie oeso-gastrique est l’examen de référence dans le diagnostic d’une œsophagite. Cet examen permet notamment d’exclure celui d’un cancer. Il permet de visualiser les lésions de l’œsophagite et dans certains cas d’en déterminer la cause. Des biopsies sont généralement réalisées en même temps. L’œsophage apparaît enflammée et peut comporter plusieurs ulcérations à la fibroscopie.
Typiquement, on distingue 4 stades d’évolution d’une œsophagite selon les lésions observées :
- Stade I, l’œdème de la muqueuse œsophagienne ;
- Stade II, les ulcérations avec plus ou moins de saignements ;
- Stade III, on observe une confluence des ulcérations ;
- Stade IV, la présence d’un ulcère ou d’une sténose.
Les mesures hygiéno-diététiques de première intention
La prise en charge d’une œsophagite lorsqu’elle est causée par des reflux gastro-œsophagiens débute par la mise en place et l’application de mesures hygiéno-diététiques simples.
Les premières mesures concernent l’alimentation. Il est préférable de fragmenter les repas afin d’en diminuer les portions. Tout repas trop copieux doit être éviter, particulièrement celui du soir. Les aliments épicés ou acides ainsi que les boissons alcoolisées, pétillantes ou trop chaudes doivent également être limitées. Pendant le repas, il faut bien prendre le temps de mastiquer afin que les mécanismes de la digestion puissent s’amorcer au plus tôt.
A la fin d’un repas, il faut conserver la position assise ou débout au moins une heure, et éviter les efforts physiques. Pour dormir, il est préférable d’adopter une position légèrement assise à l’aide des oreillers.
L’arrêt du tabac est recommandé.
En cas de surpoids, la pratique d’une activité physique et l’adaptation de l’alimentation sont nécessaires.
Lorsqu’un médicament est en cause ou suspecté dans la survenue d’une œsophagite, il est préférable de le supprimer avec l’accord du médecin prescripteur.
Par ailleurs, pour soulager les symptômes de l’œsophagite divers traitements sont disponibles en vente libre en pharmacie : les alginates et les antiacides. Les premiers sous forme de gel visqueux vont former une sorte de bouchon afin d’empêcher la remontée du liquide gastrique le long de l’œsophage. Les antiacides permettent de neutraliser l’acidité au niveau de l’estomac.
La prise en charge médicale
Lorsque les mesures hygiéno-diététiques et les médicaments disponibles sans ordonnance ne sont pas suffisants ou que les lésions sont trop importantes, le médecin peut prescrire plusieurs types de traitements. Ils ont pour objectif de soulager les symptômes, de favoriser la cicatrisation de l’œsophage et de prévenir les récidives : les anti-H2 et les inhibiteurs de la pompe à protons (ou IPP).
À savoir ! Chez certains patients, le traitement médicamenteux est parfois permanent.
En cas d’échec du traitement médicamenteux, une intervention chirurgicale peut être proposée afin de corriger l’anomalie anatomique à l’origine du trouble. Elle peut, par exemple, avoir pour objectif la correction d’une éventuelle hernie hiatale ou la reconstruction d’un sphincter œsophagien. La création d’un mécanisme anti-reflux entre l’estomac et l’œsophage est pratiquée par laparotomie ou cœlioscopie.
Charline D., Docteur en pharmacie
– Œsophagite à éosinophiles. www.msdmanuals.com. Consulté le 22 février 2023.