Dépression du post-partum (dépression post-natale)


Rédigé par Estelle B. et publié le 25 mars 2024

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Le moment que vous avez tant attendu pendant 9 mois est enfin arrivé. Vous venez d’accoucher et bébé est là. Pourtant, vous avez du mal à vous sentir rempli(e) de joie. Sautes brutales d’humeur, crises de larmes, perte d’appétit, … est-ce les signes d’un simple baby blues ou d’une dépression du post- partum ? Faisons le point sur la dépression post-natale.

Qu’est-ce que la dépression du post-partum ?

La dépression du post-partum est un trouble dépressif caractéristique de la période post-natale, c’est-à-dire dans les semaines et les mois qui suivent l’accouchement. Il existe aussi une dépression prénatale, qui survient pendant la grossesse. La dépression prénatale est d’ailleurs un facteur de risque de dépression du post-partum.

Les spécialistes considèrent trois grands types de symptômes anxio-dépressifs :

  • Le syndrome du troisième jour, ou baby blues, est très fréquent, puisqu’entre 50 et 80 % des femmes connaitraient cet état. Il survient entre le premier et le troisième jour après la naissance et se manifeste par des pleurs, de l’irritabilité, un manque de sommeil, des sautes d’humeur et un sentiment de vulnérabilité. Ces troubles durent généralement quelques jours, au maximum deux semaines et s’estompent d’eux-mêmes. Le baby blues n’est pas une dépression du post-partum, mais il peut souvent être confondu avec elle.
  • La dépression du post-partum toucherait entre 3 et 20 % des femmes et se manifeste à n’importe quel moment au cours des six mois qui suivent l’accouchement. La dépression du post-partum peut également concerner les hommes.
  • La psychose du post-partum est un trouble relativement rare, qui concernerait moins d’une femme sur 1 000. Elle se manifeste par un désarroi extrême, de la fatigue, une agitation, une modification de l’humeur, des sentiments de désespoir et de honte, des hallucinations (auditives, visuelles et olfactives), une allocution rapide ou des manies. Cette psychose constitue une urgence psychiatrique, impliquant une hospitalisation immédiate.

À savoir ! La dépression du post-partum n’est pas réservée aux mères, elle peut également toucher les pères (jusqu’à 10 % selon les estimations). Largement sous-diagnostiquée, la dépression paternelle peut impacter tous les membres de la famille, d’autant plus que le père est moins accompagné par les professionnels de santé que les mères. Le risque est accru lorsque la mère souffre elle-même de dépression post-natale.

Quels sont les signes d’une dépression du post-partum ?

La dépression du post-partum est une dépression modérée, qui dure plusieurs mois voire un an. Les symptômes, proches de ceux de la dépression classique, sont les suivants :

  • Un découragement ;
  • Une tendance constante aux pleurs ;
  • Un sentiment de ne pas être à la hauteur ;
  • Une perte d’intérêt et de motivation pour toute activité ;
  • Une culpabilité ;
  • Une anxiété ;
  • Une irritabilité ;
  • Une fatigue permanente ;
  • Une modification de l’appétit ;
  • Des troubles du sommeil ;
  • Une baisse de la libido ;
  • Des maux de tête ;
  • Un engourdissement ;
  • Des douleurs thoraciques ;
  • Une hyperventilation (augmentation de la vitesse de respiration).

Les symptômes peuvent s’accentuer en fin de journée, en lien avec la fatigue. Ces signes sont importants à connaître, car souvent ce sont les proches ou les professionnels qui repèrent qu’une jeune maman est touchée par la dépression du post-partum. Au moindre doute, il est important d’en parler avec un professionnel de santé, car une prise en charge médicale est nécessaire pour préserver la santé de la mère et de l’enfant.

D’où vient la dépression du post-partum ?

La dépression du post-partum n’est pas un simple baby blues, lié aux changements nombreux qui surviennent après l’accouchement. C’est une véritable dépression, dont les causes exactes demeurent inconnues et dont les mécanismes seraient différents de ceux d’une dépression en dehors de cette période de la vie. Il semble qu’elle résulte d’un ensemble complexe de multiples facteurs. Différentes études ont étudié l’impact de certains facteurs sur la survenue de cette dépression, en particulier :

  • Les changements hormonaux de la grossesse ;
  • Le déroulement de l’accouchement ;
  • Un jeune âge de la mère ;
  • Les attentes de l’entourage ;
  • Le niveau de soutien social de la mère.

À savoir ! D’après les études menées, il n’existerait pas de lien significatif entre l’allaitement et la dépression du post-partum. Qu’elles allaitent ou non, les femmes seraient exposées de la même manière à cette forme de dépression.

Certains facteurs ont pu être identifiés comme des facteurs de risque de dépression du post-partum :

  • Des antécédents de dépression avant la grossesse (25 % de récidives en post-partum) ou pendant la grossesse (50 % des troubles dépressifs survenant pendant la grossesse se poursuivent après la naissance) ;
  • Un nombre important de congés maladie durant la grossesse et de consultations médicales, révélant une grossesse compliquée sur le plan médical et donc associée à du stress ;
  • Des antécédents d’avortements ou de complications obstétricales ;
  • Le syndrome prémenstruel ;
  • Une relation difficile avec le conjoint ;
  • Les milieux socio-économiques défavorisés ;
  • Un faible niveau de soutien social, à la fois en termes émotionnels et informatifs ;
  • La monoparentalité ;
  • La survenue d’événements stressants pendant la grossesse ou après l’accouchement ;
  • Le fait que l’enfant soit prématuré, malade ou atteint d’une malformation.

En revanche, le niveau d’éducation maternelle, le mode d’accouchement et de conception ne semblent pas constituer des facteurs de risque. Certaines études suggèrent un risque plus important de dépression post-natale chez les femmes atteintes de troubles psychiatriques.

A noter ! Beaucoup de parents atteints d’une dépression du post-partum ressentent un sentiment de culpabilité. Pourtant les spécialistes sont formels : cette dépression n’est en aucun cas de la faute de des parents.

Quels sont les risques de la dépression du post-partum ?

Si la dépression du post-partum entraîne des conséquences importantes pour les parents, elle n’est pas sans retombées sur l’enfant qui vient de naître. Ses répercussions pour l’enfant peuvent être plus ou moins graves selon la gravité de la dépression :

  • Un développement altéré du lien affectif entre la mère et l’enfant, puisque la mère peut ressentir des sentiments d’ambivalence, de désintérêt ou de négativité vis-à-vis de son enfant ;
  • Un risque de rejet de l’enfant par sa mère, ce qui peut nuire au développement cognitif et affectif de l’enfant avec des conséquences à long terme (problèmes scolaires, difficultés relationnelles, développement d’une pathologie psychiatrique) ;
  • Un risque rare mais grave d’infanticide ou de suicide maternel.

Compte-tenu de l’importance des conséquences familiales de la dépression post-natale, son diagnostic constitue un enjeu majeur dans les semaines et mois qui suivent l’accouchement. Une mère en souffrance demande rarement de l’aide, car elle a souvent le sentiment d’être une mauvaise mère. L’entourage et les professionnels de santé intervenant auprès de la mère et/ou du bébé (sage-femmes, puéricultrices, médecins, pédiatres, …) doivent être particulièrement vigilants pour détecter les signes de troubles dépressifs.

Comment savoir si je fais une dépression post-natale ?

Le diagnostic de la dépression post-natale est crucial, car prise en charge précocement, cette maladie peut être traitée efficacement, en limitant les conséquences pour tous les membres de la famille. Ce diagnostic repose notamment sur la présence d’au moins cinq symptômes parmi la liste suivante (l’un des deux premiers symptômes doit être présent) :

  • Une humeur dépressive toute la journée, presque tous les jours, ressentie par la patiente ou signalée par l’entourage ;
  • Une diminution marquée de l’intérêt pour toutes ou presque toutes les activités ;
  • Une perte ou un gain de poids significatif en l’absence de régime ;
  • Une insomnie ou une hypersomnie presque tous les jours ;
  • Une agitation ou un ralentissement psychomoteur, constaté par l’entourage ;
  • Une fatigue ou une perte d’énergie presque tous les jours ;
  • Un sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou inappropriée ;
  • Une diminution de l’aptitude à penser, à se concentrer ou à se décider ;
  • Des pensées négatives récurrentes, voire des idées suicidaires.

Le diagnostic peut être posé par le médecin lui-même, ou par un psychiatre en fonction des situations.

Quels sont les traitements de la dépression du post-partum ?

Une prise en charge adaptée de la dépression post-natale est capitale, pour préserver la mère, l’enfant et le reste de la famille des conséquences de ces troubles. Elle repose sur trois axes principaux :

  • Une psychothérapie, parfois utilisée seule ;
  • Les traitements médicamenteux par des antidépresseurs, nécessaires lorsque les troubles dépressifs sont importants. Différentes classes d’antidépresseurs peuvent être prescrits dans ce contexte et certains sont compatibles avec l’allaitement.
  • Le soutien de l’entourage, basé sur le co-parent, mais aussi au travers de groupes de parents ou d’un lieu d’accueil parents-enfants.

L’une des difficultés dans la prise en charge de la dépression post-natales est l’acceptation du trouble dépressif et du traitement par la mère. Pourtant, la prise en charge est déterminante pour réduire la durée de la dépression du post-partum et préserver au mieux la santé de la mère et de l’enfant.

À savoir ! Le risque de récidives de la dépression du post-partum est important, entre 10 et 35 % lors des grossesses suivantes. Ce risque est encore accru en cas de psychose du post-partum.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Dépression post-partum. www.ameli.fr. Consulté le 21 mars 2024.
– LE BABY BLUES ET LA DÉPRESSION POST-PARTUM. www.1000-premiers-jours.fr. Consulté le 21 mars 2024.
– Qu’est-ce que la dépression du post-partum ? www.unicef.org. Consulté le 21 mars 2024.