Vulvodynie(s)


Rédigé par Estelle B. et publié le 28 avril 2021

vulvodyniesLes vulvodynies correspondent à des douleurs vulvaires chroniques, pour lesquelles aucune cause pathologique n’a été retrouvée. Les vulvodynies se divisent en deux catégories, les vulvodynies spontanées et les vulvodynies provoquées, selon les circonstances de survenue de la douleur. Le diagnostic permet d’éliminer toute cause de douleur vulvaire et toute lésion vulvaire. Les traitements visent à soulager les douleurs des patientes, notamment en agissant sur le système de modulation de la douleur et en prenant en compte la composante émotionnelle des douleurs.

Définitions et symptômes des vulvodynies

Qu’est-ce que c’est ?

Les vulvodynies se définissent par l’association de plusieurs caractéristiques :

  • Des douleurs au niveau de la vulve ;
  • Des douleurs persistantes sur une durée supérieure à trois mois (douleurs chroniques) ;
  • Pas de cause identifiable pour ces douleurs.

schéma de l'appareil génital feminin

Les spécialistes distinguent deux types de vulvodynies :

  • Les vulvodynies spontanées concernent généralement des femmes adultes, avec des douleurs qui s’étendent sur toute la vulve, ou seulement sur une partie de la vulve ;
  • Les vulvodynies provoquées affectent le plus souvent des jeunes femmes, n’ayant pas encore eu d’enfants (femmes nullipares). Les douleurs vulvaires se déclenchent dans différents contextes :
    • Un rapport sexuel ;
    • Un contact local (toilette intime, mise en place d’un tampon ou d’une méthode de contraception).

Il existe des formes mixtes de vulvodynies, avec des douleurs à la fois spontanées et provoquées.

La définition même des vulvodynies mentionne l’absence de causes identifiées aux douleurs ressenties par les patientes au niveau de la région vulvaire. Pour expliquer les douleurs, les spécialistes invoquent une perturbation des systèmes de perception et de modulation du signal douloureux. Le cerveau recevrait un message de douleur, alors même qu’il n’y a pas de mécanisme douloureux en cause. Et le signal douloureux n’est pas modulé par les systèmes habituels de régulation de la douleur, mais amplifié. De tels mécanismes impliqueraient différents aspects :

  • Un traumatisme externe ;
  • Des facteurs comportementaux ;
  • Des troubles neurologiques ;
  • Des troubles hormonaux ;
  • Le système immunitaire ;
  • Le système nerveux autonome.

Parfois, la vulvodynie est isolée (la patiente ne ressent pas d’autres douleurs et ne présente aucune autre affection), mais d’autres fois, la vulvodynie peut être associée à d’autres affections, sans pour autant qu’un lien entre les affections soit identifié :

  • Une mycose vaginale récidivante ;
  • Un lichen ;
  • Des troubles du périnée.

Il n’est pas rare que les femmes soient capables d’identifier un élément initialement déclencheur des douleurs vulvaires. Puis ces douleurs persistent pendant des mois ou des années, parfois avec des périodes d’accalmie (rémission) de quelques semaines.

Quels symptômes ?

symptômes de la vulvodynieLes vulvodynies se manifestent principalement par des douleurs vulvaires persistantes sur plusieurs mois ou années. Les douleurs peuvent concerner toute la vulve, ou seulement des zones précises de la vulve. Les douleurs peuvent également s’étendre à des régions proches de la vulve, telles que :

  • Le clitoris ;
  • Le vagin ;
  • L’anus ;
  • L’urètre ;
  • La vessie.

Les douleurs vulvaires caractéristiques de la vulvodynie sont à type de sensations de brûlures, accompagnées de picotements, d’élancements, de tiraillements ou encore d’une sensation de sécheresse. Les démangeaisons sont le plus souvent absentes.

Parfois, les femmes souffrant de vulvodynies présentent d’autres symptômes que des douleurs vulvaires :

  • Des envies fréquentes d’uriner ;
  • Des douleurs abdominales au niveau du bas de l’abdomen ;
  • Des douleurs articulaires et musculaires diffuses typiques de la fibromyalgie ;
  • Des troubles digestifs et des douleurs abdominales spécifiques du syndrome du côlon irritable.

L’évolution des vulvodynies est très variable d’une patiente à l’autre. Certaines femmes voient leurs douleurs disparaître spontanément sans raison apparente. D’autres femmes souffrent pendant des années, sans réel soulagement.

À savoir ! Certaines formes de vulvodynies provoquées peuvent guérir après un changement de partenaire sexuel.

Diagnostic et traitements des vulvodynies

Quel diagnostic ?

Diagnostic de la vulvodynieLes femmes souffrant de douleurs vulvaires chroniques consultent leur médecin ou leur gynécologue pour comprendre l’origine de ces douleurs. Pour confirmer le diagnostic des vulvodynies, le médecin doit écarter toutes les causes possibles de douleurs vulvaires :

  • Des maladies inflammatoires, comme le lichen plan ;
  • Des lésions vulvaires, par exemple certaines cicatrices laissées par les accouchements par voie basse ;
  • Des infections génitales, comme des candidoses vaginales récidivantes ou de l’herpès génital ;
  • Des lésions précancéreuses ou cancéreuses de la vulve ;
  • Une fissure mécanique de l’hymen, qui cicatrise et se reproduit à chaque rapport sexuel.

Pour effectuer le diagnostic, le médecin procède à un interrogatoire de la patiente et à un examen clinique de la vulve, pour évaluer :

  • Ses particularités morphologiques (par exemple des papilles vestibulaires (petites excroissances situées sur la vulve qui seraient une variation normale et rare de la vulve), des grains de Fordyce (petites bosses claires et non douloureuses faisant penser à des boutons d’acné), une éruption cutanée autour des glandes de Bartholin) ;
  • La ou les zones douloureuses;
  • Le caractère spontané ou provoqué des douleurs vulvaires.

Dans l’idéal, cet examen clinique de la vulve doit être effectué pendant les périodes douloureuses. Aucun examen complémentaire n’est requis pour affirmer le diagnostic de vulvodynies, sauf en cas de doute sur une lésion vulvaire possible.

Quels traitements ?

Les vulvodynies nécessitent une prise en charge adaptée, car les douleurs de la patiente ont des répercussions parfois importantes sur sa vie quotidienne, sa vie sexuelle et sa qualité de vie. La prise en charge s’appuie sur plusieurs traitements complémentaires :

  • Une bonne hydratation des muqueuses à tous les stades de la vie, en particulier après la ménopause ou après les rapports sexuels ;
  • Un traitement antalgique;
  • Une rééducation périnéale mise en œuvre par un kinésithérapeute pour corriger d’éventuels troubles musculaires associés aux douleurs vulvaires ;
  • Le traitement adapté de toute affection de la zone génitale (infection, sécheresse, …) ;
  • Une prise en charge de la composante émotionnelle de la douleur par :
    • Des techniques de relaxation (yoga, sophrologie, hypnose médicale) ;
    • Une psychothérapie cognitivo-comportementale ;
    • Un suivi par un sexologue.

Le traitement des douleurs en elles-mêmes doit s’adapter à la typologie des douleurs de la patiente. Les traitements antalgiques peuvent être de différents types :

  • Des traitements locaux, destinés surtout à améliorer le confort vulvaire (crèmes émollientes, agents cicatrisants, lubrifiants, …) ;
  • Des traitements par voie orale : les antalgiques classiques sont généralement inefficaces, car les vulvodynies sont liées à un dérèglement des mécanismes de perception de la douleur. Les traitements antalgiques utilisés sont donc :
    • Certains antidépresseurs efficaces sur les douleurs neuropathiques ;
    • Certains antiépileptiques efficaces sur les douleurs neuropathiques fulgurantes  ;
  • Des approches non médicamenteuses, comme la stimulation électrique nerveuse transvaginale ou la physiothérapie.

À savoir ! La prescription d’anesthésiques locaux, notamment au moment des rapports sexuels, est très controversée et donc peu pratiquée.

Un traitement bien conduit et un accompagnement personnalisé de la patiente peuvent réduire les douleurs et améliorer la qualité de vie au quotidien. Dans certaines formes réfractaires aux traitements habituels, une chirurgie peut être proposée, pour procéder à l’ablation de la muqueuse vestibulaire douloureuse (vestibulectomie).

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Vulvodynie. dermato-info.fr. Consulté le 22 avril 2021.
– Vulvodynies et douleur pelvipérinéales chroniques. urofrance.org. Consulté le 22 avril 2021.