Sclérose en plaques et ménopause : des premiers symptômes qui changent
La sclérose en plaques ne se manifeste pas de la même façon chez les femmes et les hommes. Mais qu’en est-il selon l’âge et le statut hormonal ? De récentes recherches montrent que les premiers symptômes de la SEP diffèrent avant et après la ménopause. Comment se manifestent-ils ? Le risque d’aggravation est-il plus élevé ? Les études présentées au congrès ECTRIMS 2025 apportent des éléments de réponse qui pourraient transformer la prise en charge des femmes atteintes de SEP.

Les symptômes initiaux de la SEP diffèrent avant et après la ménopause
Une étude menée sur près de 900 femmes atteintes de sclérose en plaques montre que la zone du système nerveux touchée en premier varie selon le statut hormonal. :
- Chez les femmes non ménopausées, la maladie débute plus souvent par une lésion du nerf optique (environ 22 % des cas). Cela provoque une baisse de la vision ou une douleur oculaire.
- Chez les femmes ménopausées, les atteintes de la moelle épinière sont plus fréquentes (près de 44 %). Elles entrainent des fourmillements, une faiblesse musculaire ou des troubles de l’équilibre. Ces premiers symptômes se rapprochent de ceux observés chez les hommes.
Ces différences s’expliqueraient par l’influence du statut hormonal sur le système immunitaire et nerveux. Les œstrogènes exercent une action anti-inflammatoire et neuroprotectrice. Leur diminution à la ménopause pourrait modifier la façon dont les lésions se forment et se localisent. Cela expliquerai l’évolution du tableau clinique sans pour autant accélérer la progression de la maladie.
– Définition : la sclérose en plaques est une maladie auto-immune chronique du système nerveux central. Le système immunitaire attaque par erreur la gaine de myéline qui protège les fibres nerveuses, perturbant la transmission de l’influx nerveux.
– Causes multifactorielles : facteurs génétiques, environnementaux (infections virales, faible exposition au soleil, tabagisme) et hormonaux contribuent à son apparition.
– Symptômes : troubles visuels, engourdissements, troubles de la marche, fatigue, difficultés cognitives ou motrices. Les manifestations varient d’une personne à l’autre.
– Traitements : s’il n’existe pas encore de traitement curateur, plusieurs molécules permettent de réduire les poussées et de ralentir la progression du handicap. Elles agissent sur le système immunitaire pour limiter l’inflammation.
– Évolution : la forme la plus fréquente est dite rémittente-récurrente, alternant poussées et phases de rémission. Avec le temps, certaines formes peuvent devenir progressives. Cependant, les traitements récents améliorent nettement le pronostic et la qualité de vie.
SEP, ménopause, comorbidités et évolution de la maladie
Les chercheurs ont également constaté que les maladies associées à la SEP varient selon le statut hormonal.
- Les femmes non ménopausées présentent plus souvent des troubles de l’humeur (anxiété, dépression).
- Les femmes ménopausées et les hommes partagent un profil similaire, avec davantage de maladies cardiovasculaires (hypertension, troubles du rythme), métaboliques (diabète, dyslipidémie) ou endocriniennes (hypothyroïdie).
Ces différences pourraient être liées à la disparition de l’effet protecteur des œstrogènes sur le cœur, les vaisseaux et le métabolisme.
Selon une large étude australienne publiée dans le JAMA Neurology en septembre 2025, la ménopause n’est pas associée à une progression plus rapide du handicap ni à une transition plus précoce vers la forme progressive. Les facteurs les plus déterminants restent l’âge biologique, la durée de la maladie et l’efficacité des traitements de fond.
Adapter la prise en charge de la SEP au cours de la vie
Ces résultats renforcent l’idée d’une médecine plus personnalisée, qui tienne compte du statut hormonal et du moment de vie.
Chez les femmes jeunes, l’enjeu est de contrôler l’activité inflammatoire et la prévention des poussées, à l’aide de thérapies immunomodulatrices ciblées.
Chez les femmes ménopausées, la priorité est de préserver la fonction neurologique et de limiter la neurodégénérescence, tout en surveillant le risque cardiovasculaire.
La thérapie hormonale substitutive peut être envisagée dans certains cas, mais son usage doit être évalué individuellement. À ce jour, aucune donnée ne montre un effet direct de ce traitement sur l’évolution de la SEP.
Ces travaux soulignent la nécessité de mieux comprendre les liens entre hormones, inflammation et neuroprotection. Cela pourrait permettre de proposer des stratégies thérapeutiques plus ajustées aux besoins des femmes.
La ménopause ne rend pas la sclérose en plaques plus sévère, mais elle en modifie la présentation clinique et les pathologies associées. Ces observations ouvrent la voie à une prise en charge plus fine. Elles prennent en compte non seulement la maladie, mais aussi les transformations physiologiques qui l’accompagnent. Un suivi pluridisciplinaire coordonné entre neurologues, gynécologues et cardiologues pourrait contribuer à améliorer la qualité de vie des patientes.
– Menopause linked to distinct differences in multiple sclerosis presentation and comorbidities, new study shows. www.eurekalert.org. Consulté le 7 octobre 2025.
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