Selon la Haute Autorité de Santé, entre 3,5 et 5,6 % des enfants français scolarisés seraient concernés par des troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité. Les causes de ces troubles susceptibles de perturber la scolarité et la vie quotidienne de ces enfants semblent multiples et restent encore mal définies. Une récente étude pointe du doigt le rôle du microbiote intestinal. Explications.
Quelles sont les causes des troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité ?
Les troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) sont diagnostiqués en moyenne entre 9 et 10 ans et se répartissent en trois formes principales :
- Des troubles de l’attention seuls (environ 47 % des cas) ;
- Une hyperactivité et/ou une impulsivité (environ 36 % des cas) ;
- Une association des trois troubles (environ 17 %).
Les causes des TDAH sont multiples et encore mal comprises, associant des facteurs génétiques (prédisposition génétique) et des facteurs environnementaux. Les facteurs environnementaux sont moins bien connus que les facteurs génétiques et interviennent dès la vie in utero ou au cours des premières années de vie de l’enfant. Identifier et comprendre ces facteurs est capital pour prévenir et repérer précocement les TDAH chez le jeune enfant.
Troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) et microbiote intestinal
Les facteurs environnementaux déjà identifiés regroupent entre autres :
- L’exposition à des toxiques, comme le plomb, des pesticides ou certains médicaments,
- Des carences nutritionnelles (fer, acides gras oméga-3, vitamine D),
- Des événements liés à la grossesse ou à l’accouchement, tels que la prématurité, la survenue de complications obstétricales ou encore l’obésité maternelle,
- Des facteurs émotionnels(stress, carence affective, traumatismes),
- Des infections au cours de la petite enfance.
Dans une récente étude, des chercheurs ont étudié le cas d’un autre facteur environnemental, le microbiote intestinal et son déséquilibre (la dysbiose). Ils se sont plus particulièrement intéressés à la composante fongique du microbiote (champignons et levures microscopiques faisant partie du microbiote). Leur objectif était d’évaluer si une dysbiose de la population fongique du microbiote intestinal, capable de modifier la perméabilité intestinale, pouvait jouer un rôle dans la susceptibilité des enfants à développer un TDAH.
À savoir ! La perméabilité intestinale désigne la capacité de la paroi intestinale à laisser passer des substances voire des organismes. Elle constitue une caractéristique importante de la santé intestinale, à l’opposé de la barrière intestinale, qui permet entre autres de bloquer le passage des agents pathogènes. Différentes pathologies peuvent augmenter la perméabilité intestinale, en altérant la barrière intestinale.
Une dysbiose fongique augmenterait la susceptibilité des enfants aux TDAH
Des analyses fécales ont été effectuées chez 35 enfants atteints de TDAH et 35 enfants sans TDAH. Des analyses génomiques ont permis d’analyser la composante fongique du microbiote intestinal des enfants. Parallèlement, un test de perméabilité intestinale a été effectué pour évaluer l’impact de la dysbiose sur la barrière intestinale. Les résultats obtenus montrent que la biodiversité de la composante fongique du microbiote intestinal était significativement différente entre les enfants atteints de TDAH et les enfants sans TDAH.
Les champignons et levures microscopiques présents dans le microbiote intestinal des enfants différaient notamment par la présence de Candida albicans, plus abondant chez les enfants atteints de TDAH. Cette abondance de Candida albicans était reliée à une plus grande perméabilité intestinale. D’après ces nouvelles données, il semblerait que la dysbiose fongique du microbiote intestinal soit associée à une augmentation de la perméabilité intestinale et à une susceptibilité accrue aux TDAH. La composition du microbiote intestinal serait ainsi un nouveau facteur environnemental à prendre en compte dans le développement des TDAH, et donc potentiellement un nouvel angle à étudier en prévention de ces troubles.
Estelle B., Docteur en Pharmacie