Les troubles du déficit de l’attention touchent aussi les étudiants …

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Rédigé par Estelle B. et publié le 6 septembre 2018

Les troubles de l’attention sont le plus souvent étudiés chez les jeunes enfants, en raison des troubles de l’apprentissage qu’ils peuvent occasionner. Mais les étudiants peuvent également être concernés par un déficit de l’attention, avec des répercussions différentes mais tout aussi négatives sur leur qualité de vie.

troubles du déficit de l’attention chez les étudiants

Déficit de l’attention chez les étudiants

Selon les estimations, les troubles du déficit de l’attention, avec ou sans hyperactivité (TDAH) affectent environ 5 % des enfants en âge scolaire.

Une récente étude a montré que ces troubles étaient fréquemment associés aux problèmes suivants :

  • Des troubles de l’humeur ;
  • De l’anxiété et de la dépression ;
  • Des difficultés personnelles et sociales ;
  • Des comportements addictifs.

Dans l’inconscient collectif, ces troubles de l’attention concernent essentiellement les jeunes enfants. Pourtant, une récente étude française révèle que les étudiants sont également touchés, avec des conséquences négatives sur leur vie.

Des chercheurs ont collecté des données auprès d’étudiants de différentes filières des campus de Nanterre et de Rouen. A l’occasion d’une visite médicale, ils ont rempli une série de questionnaires permettant de :

  • Evaluer les troubles du déficit de l’attention par une échelle spécifique (l’échelle Wender Utah Rating Scale à 25 items) ;
  • Définir leur profil socio-économique ;
  • Rechercher différents types d’addictions

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Des répercussions sur la réussite des études

Au total, l’étude a porté sur 1 517 étudiants (31,8 % d’hommes), avec un âge moyen de 20,6 ans. La prévalence des TDAH s’élevait à 5,6 %, soit un chiffre proche de celui observé chez les enfants en âge scolaire. Ces troubles étaient plus fréquents chez les hommes que chez les femmes (7 % contre un peu moins de 5 %).

Quelles étaient les conséquences de ces troubles pour les étudiants ? Leur réussite dans les études est tout d’abord affectée. Plus de 40 % d’entre eux avaient déjà redoublé au moins une année universitaire, contre seulement 25,7 % chez les étudiants sans troubles de l’attention. De plus, le nombre de redoublements était supérieur.

Les TDAH impactaient également négativement les étudiants sur d’autres aspects :

  • Des difficultés financières plus fréquentes ;
  • Une motivation et une estime de soi altérées ;
  • Une moindre efficacité ;
  • Un Indice de Masse Corporelle (IMC) globalement plus élevé.

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Davantage de comportements addictifs

Sur le plan des addictions, les résultats de l’étude ont révélé que la consommation de substances addictives, comme l’alcool, le cannabis ou le tabac, était plus fréquente chez les étudiants présentant des TDAH. Cette tendance se vérifiait à la fois pour les consommations régulières et occasionnelles.

Parallèlement, ces étudiants étaient plus sujets aux comportements addictifs, tels que :

  • Le jeu ;
  • Les achats compulsifs ;
  • Les troubles du comportement alimentaire ;
  • L’addiction à internet.

Le taux d’addictions multiples était également plus important.

Cette étude, menée sur deux campus universitaires français, révèle que les étudiants, comme les enfants, peuvent être concernés par les TDAH. Ces troubles sont à l’origine de conséquences négatives, non seulement sur le cursus universitaire des étudiants, mais aussi sur leur santé, notamment en raison du risque d’addictions.

Les auteurs de l’étude insistent sur l’importance de dépister précocement et régulièrement de tels troubles au sein de la population étudiante, pour mettre en place des interventions adaptées auprès des étudiants concernés. Cette prise en charge est indispensable pour minimiser l’impact des TDAH sur la réussite universitaire et sur l’insertion professionnelle des jeunes adultes.

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Estelle B. / Docteur en Pharmacie

– Attention-deficit hyperactivity disorder and addictions (substance and behavioral): Prevalence and characteristics in a multicenter study in France. Romo, L. and al. 2018. J Behav Addict. :1-9. doi: 10.1556/2006.7.2018.58.
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